Databac

Jacques Godbout

Né en 1934 au Québec, Jacques Godbout a passé la plus grande partie de sa vie en Amérique du Nord. D’un long séjour en Ethiopie, où il enseigna, il a toutefois ramené la matière de son premier roman. Poète précoce, il a été tôt mêlé aux débats d’idées dans lesquels s’engagèrent de nombreux intellectuels québécois dans les années soixante, dès la fin du règne de Duplessis et l’avènement de la « Révolution tranquille ». Dans le tourbillon dont les revues « Liberté » (fondée en 1959) et « Parti pris » (fondé en 1963) étaient le centre, il fut aux côtés de Gaston Miron — l’un des plus grands poètes de ce temps —, de Paul Chamberland, de Pierre Vadeboncœur et de dix autres, l’un de ces intellectuels qui ont scellé le destin de la culture à celui de la politique, l’un de ceux qui ont fait de l’affirmation de l’identité nationale québécoise une priorité absolue de leur œuvre. Depuis qu’il s’est éloigné de la poésie (son dernier recueil date de 1963), il partage sa vie entre la littérature et le cinéma, au point de se dire parfois non sans coquetterie, cinéaste ou journaliste, plutôt qu’écrivain. Collaborateur de l’Office National du Film Canadien, il est l’auteur de nombreux films (notamment Les vrais cousins, 1970 ; Aimez-vous les chiens ?, 1975 ; Arsenal, 1976. L’expression cinématographique joue un rôle de plus en plus déterminant sur la structure de ses textes littéraires : D’amour, PQ et L’Isle au Dragon ont été, dirait-on, conçus sur une table de montage. Il y a chez Jacques Godbout un alliage rare entre la langue rigoureuse d’une intelligence cartésienne et l’étrange sabir propre à la vie quotidienne nord-américaine immédiate et brutale. S’il était né au nord de la Loire, il aurait été un écrivain classique de la plus belle eau. Attaché aux rives du fleuve Saint-Laurent, il s’affirme à la fois comme un écrivain « à la française » obsédé d’exactitude et de formalisme, et comme un écrivain québécois aux audaces inouïes. Un Stendhal qui aurait lu Dos Passos.

Salut Galameau ! constitue sans doute de ce point de vue l’une des formes les plus achevées du roman américain jamais écrit en français. Pour Jacques Gobdout, l’écriture est mouvement vers la passion chaleureuse ou agressive des autres, intervention dans l’Histoire, action. De L’Aquarium, inspiré par un séjour en Ethiopie, à L ’lsle au Dragon né d’une révolte contre la pollution industrielle et multinationale, en passant par D’Amour, PQ, fiction satirico-politico-romanesque du Québec qui s’éveille, on assiste toujours à la même rencontre entre l’écrivain et la vie palpitante de l’immédiat et de Tailleurs. Enracinée dans le terroir national, il s’agit là aussi d’une littérature de plein vent, ouverte et accueillante, assez sûre d’elle pour accepter d’être aux marges des genres établis, tour à tour poésie, journalisme, scénario, invention, subversion. C’est en quoi sans doute, Jacques Godbout est d’abord un écrivain de la modernité. ► Bibliographie

Carton-pâte, 1956, Paris, poèmes, Seghers ; Les pavés secs, Montréal, 1956, poèmes, Beauchemin ; C'est ta chaude toi des hommes, Montréal, 1960, poèmes, Hexagone ; L'Aquarium, 1962, Seuil, roman ; Poésie 64 /Pœtry, Montréal, 1963, anthologie, Jour-Ryerson ; Le couteau sur la table, 1965, Seuil, roman ; Le mouvement du 8 avril, 1966, MLF Montréal, essai ; Salut Galarneau !, Seuil 1967, roman ; D'Amour, PQ, 1972, Seuil HMH ; L'interview, 1974, Leméac Montréal, texte radiophonique avec P. Turgeon ; Le réformiste : textes tranquilles, 1975, Quinze Montréal, essai ; L'isle au Dragon, 1976, Seuil, roman.

Liens utiles