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HUME (David)

HUME (David). Philosophe empiriste écossais (1711-1776), né à Edimbourg. Il étudia le droit, se lança dans le commerce, séjourna en France, à La Flèche, puis en Angleterre. On le retrouve à Paris, entre 1763 et 1765, comme secrétaire d'ambassade et, à ce moment, il est « couvert de fleurs » dans les milieux philosophiques. Il repartit en Angleterre en compagnie de Rousseau mais les deux hommes se brouillèrent. En 1768, Hume fut secrétaire d’État ; puis il rentra en Écosse où il mourut. Pour Hume, la philosophie est une critique : critique de l’entendement, critique de la morale, critique de la littérature et de l’art. C’est surtout par l’analyse du rapport de causalité qu'il est célèbre. Voici sa thèse : nous n'admettons une connexion nécessaire qu’entre des faits successifs dont la liaison a été observée plusieurs fois. Cette liaison crée une habitude de pensée qui devient progressivement une croyance irrésistible. Hume ruine la notion de cause, puisqu'il nous montre l'illusion dont nous sommes victimes avec les idées de nécessité et d'efficacité. Son scepticisme va plus loin. Notre croyance à l'existence du monde extérieur, à l'immortalité de l'âme et à l'identité personnelle ne sont que le fruit de notre imagination. Hume a également critiqué les preuves de l'existence de Dieu, à commencer par celle qui fondait le déisme philosophique du xviiie siècle. Les sentiments religieux sont, pour lui, des phénomènes humains qui ont pour origine les besoins de l'homme et sa peur de la mort. Il a aussi attaqué les fondements du rationalisme moral et préconisé une morale du sentiment. Au point de vue politique, il a récusé à la fois la théorie du droit divin et celle du contrat social. Selon lui, la légitimité d'un gouvernement s'apprécie par l'utilité sociale actuelle. Principales œuvres : Traité de la Nature humaine (1737), Essais moraux et politiques (1741-1742), Essais philosophiques (ultérieurement appelés Enquête) sur l'Entendement humain (1748), Enquête sur les Principes moraux (1751), Histoire naturelle de la religion (1757), Dialogues sur la religion naturelle (1779, composés sans doute en 1749).

Philosophe, économiste et historien écossais né et mort à Édimbourg. Après avoir fait ses études dans cette ville, il vint en France, à La Flèche où il composa son premier grand ouvrage philosophique. Mais l'insuccès de cette œuvre l'incita à vulgariser sa pensée dans des livres plus accessibles. Sa carrière diplomatique le fit voyager à travers l'Europe. De retour en France, il séjourna trois ans à Paris où il fréquenta les milieux littéraires. Revenu en Angleterre accompagné de Rousseau, qui fuyait les persécutions, il lui donna asile, mais il se brouilla très vite avec lui.

♦ Hume conçoit d'abord la philosophie comme une critique : critique des croyances reçues et avant tout critique du rationalisme tel que l'entendait par exemple Descartes. Reprenant la plupart des thèmes de l'empirisme anglais, il fait sien le nominalisme de Berkeley et rejette avec Locke les idées abstraites, si bien que le psychisme se réduit, selon lui, à un jeu de sensations -ou d'idées conçues comme la réplique affaiblie des impressions sensibles - au-delà desquelles il n'y a rien. Tel est le sens de son phénoménisme, qui le conduit au scepticisme métaphysique : Hume dénonce, non pas l'erreur en tant que telle, mais les fictions illégitimes qui, dépassant l'expérience, nous font croire à l'existence d'entités illusoires. C'est le cas de la croyance en un moi substantiel qui resterait toujours identique à lui-même. Notre esprit, obéissant aux lois de l'extériorité, est, en fait, composé d’éléments qui se juxtaposent sans lien interne (la conjonction « et » est la seule acceptable), d’idées qui obéissent - à la manière de l'attraction newtonienne - aux principes de l’association des idées. Selon les principes de l'associationnisme, le moi se compose d'une collection d'idées qui se succèdent et qui se trouvent liées en vertu de leur ressemblance, de leur contiguïté ou parce que l'une semble être la cause de l'autre. Notons cependant que notre auteur avoue ne pas pouvoir expliquer la nature du lien associatif. Autre entité illusoire : la causalité rationaliste qui outrepasse les données de l'expérience quand elle affirme reposer sur une prétendue relation nécessaire entre les phénomènes. Le rapport causal ne fait intervenir aucun lien essentiel entre la cause et l'effet qui sont hétérogènes; il se réduit à une succession constante observable entre un phénomène antécédent et un phénomène conséquent qui s'associent dans notre esprit. L'habitude, elle-même confortée par la répétition, fortifie cette association. La critique de Hume porte également sur l'origine rationnelle de la morale et de la religion : la première provient du sentiment et la seconde, qui ne peut s'appuyer sur les preuves classiques - insuffisantes - de l'existence de Dieu, relève aussi du sentiment et est affaire de croyance. L'empirisme associationniste de Hume, dont l’influence fut considérable sur la pensée française au xviiie siècle, inspire la philosophie anglaise jusqu'à Stuart Mill. On sait enfin que sa critique philosophique a réveillé Kant de son « sommeil dogmatique ».

♦ C'est dans les trois livres de son Traité de la nature humaine (1739-1740) que Hume a d'abord exposé sa pensée de la façon la plus développée - et tout particulièrement dans le premier : « L’entendement. » Sa première section commence par montrer que les perceptions de l'esprit se divisent en deux catégories : les impressions et les idées - dont les secondes sont des images plus ou moins vives des premières. Le contenu mental n'a ainsi pas d’autre origine que les impressions - qui ne renvoient à aucune réalité en soi objective, et l'activité de l’esprit consiste uniquement à combiner, associer, généraliser ces données de l'expérience ; les idées abstraites se forment quant à elles par liaison entre des idées particulières et un nom général. De la sorte, l'idée (classiquement métaphysique) de substance recouvre simplement un ensemble d’idées particulières que rassemble l'imagination. La deuxième section passe de la même façon au feu de la critique les idées d’« espace » et de « temps », pour affirmer qu’elles ne recouvrent que des expériences locales ou ponctuelles sans jamais renvoyer à un temps ou un espace pur ou absolu (dans cette optique, la géométrie reste une science empirique). Le quatrième concept majeur qui tombe sous la critique empiriste est celui du moi, démontré par Hume comme n’ayant d’existence solide que pendant l’exercice même de sa pensée. La troisième section du Livre I ramène la causalité à n’être rien d’autre que le résultat d’une habitude : c’est parce que nous voyons ordinairement un phénomène succéder à un autre que nous croyons pouvoir en déduire qu’une relation de causalité les unit ; en fait, les sciences expérimentales ne sont ainsi fondées que sur des caractères psychologiques, mais sont dénuées de toute référence ontologique. Les deux autres Livres du Traité (« Les Passions », « La Morale ») abordent les mouvements de sympathie et de « bienveillance » qui permettent à l'individu de comprendre autrui, mais aussi de fonder, en dehors de toute allusion à la raison, une morale : nous recherchons ce qui, étant bon pour nous, l’est aussi pour les autres, et nous fuyons le contraire. Ces analyses seront reprises en 1751 dans les Recherches sur les principes de la morale, où leur vulgarisation s’accompagne d’une plus grande facilité d’accès. Le Traité dans son ensemble est en effet suffisamment aride et rebutant dans ses démonstrations pour que Hume lui-même ait entrepris d’en rendre plus accessible la première partie dans son Enquête sur l'entendement humain (1748) ; mais cette dernière ne fait qu’effleurer la critique des concepts fondamentaux (substance, temps, espace, moi) - de ce point de vue, le Traité est irremplaçable et c’est bien le scepticisme qu’il fonde pleinement, ainsi que la méfiance à l’égard des excès de l'imagination ou des usages pervers de la logique, qui permettront ensuite la critique de la religion naturelle.

Autres œuvres : Dialogues sur la religion naturelle (1779) ; Essai sur le suicide et l’immortalité de l’âme (1779).

 

HUME (David), philosophe et historien écossais (Edimbourg 1711 - id. 1776). Il commença comme commerçant, voyagea en France, fut sous-secrétaire d'Etat et finit comme bibliothécaire de la corporation des avocats d'Edimbourg. Son Traité de la nature humaine (1739), ses Essais sur l'entendement humain (1748) développent une philosophie empiriste, qui déduit tous les principes de la raison humaine à partir de l'expérience et de la sensation. Il ramène les lois de la nature à des habitudes de l'homme, ce qui devait profondément troubler Kant. Ses Essais moraux et politiques (1741-1742) inspireront les théories économiques d'A. Smith et celles des économistes libéraux : il est le premier à avoir formulé la théorie classique de la répartition de l'or entre les nations. On lui doit, en outre, une Enquête sur les principes de la morale (1751), une Histoire naturelle de la religion et une Histoire d'Angleterre (1754-1761).




HUME, David (Édimbourg, 1711-id., 1776). Philosophe et historien britannique. Il défendit dans son Traité de la nature humaine (1739) l'empirisme contre la toute-puissance de la raison, credo des métaphysiciens du xviie siècle. Pour Hume, la connaissance provient de l'expérience, c'est-à-dire des impressions sensibles que nous ressentons lors de nos contacts avec les choses et les êtres, le travail de l'esprit consistant à associer des impressions. Hume tenta d'appliquer à l'étude de la nature humaine les principes naissants de la « science expérimentale » appliqués par Newton à l'étude des phénomènes naturels. Hume fut abondamment commenté par Emmanuel Kant au XVIIIe siècle.

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