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GROUPE

GROUPE. n.m. (ital. gruppo « nœud »). ♦ 1° Ensemble de personnes occasionnellement rassemblées. ♦ 2° Ensemble de personnes réunies dans un but commun (groupe de travail, groupe politique). — En termes militaires, groupe franc : unité légère, chargée de missions périlleuses. ♦ 3° Psychologie, a) Groupe de formation. Personnes réunies pour s'entraîner aux relations humaines. Sous la direction d'un psychologue, elles doivent découvrir les modifications à apporter à leur comportement pour mieux communiquer ou être plus facilement admises dans les milieux auxquels elles doivent s'intégrer, b) Psychothérapie de groupe. Action exercée par certaines personnes formées dans ce but pour rééquilibrer des sujets perturbés, c) Groupe de pression. Ensemble de personnes qui cherchent à faire prévaloir leurs idées ou leurs revendications dans l'opinion publique ou les milieux gouvernementaux. ♦ 4° Mise au point par Évariste Galois, notion couramment employée dans les mathématiques dites « modernes ».

groupe, ensemble humain structuré, dont les éléments s’influencent réciproquement. Il existe un grand nombre de variétés de groupes : famille, équipe de travail, gang, personnel d’une usine, etc. Certains sont spontanés (bandes d’enfants), d’autres institutionnalisés ; leurs membres sont soumis à des règles qui naissent progressivement de la vie du groupe ou qui lui sont préexistantes ; les uns constituent une fin en soi (pour satisfaire des besoins socioaffectifs), les autres un moyen de parvenir à un but (groupes de travail). Tous les groupes s’interpénétrent : par exemple, la grève est une action déclenchée par une organisation syndicale mais celle-ci subit l’influence de ses adhérents, qui sont eux-mêmes sensibles à l’ambiance générale de leur milieu. Le groupe est déterminé par les individus dont il conditionne en retour, en grande partie, le comportement Son influence se manifeste moins comme une pression exercée de l’extérieur que comme une adaptation plus ou moins spontanée de ses membres au milieu social. Les êtres humains ont besoin du groupe, qui satisfait leurs besoins de sécurité et de communication (C. H. Cooley). Ils en acceptent les lois pour ne pas être punis ou en être exclus (conformisme), mais surtout parce qu’ils subissent la suggestion du prestige de la majorité et qu’ils s’identifient au groupe auquel ils sont attachés. L’individu qui a modelé son comportement en fonction de celui du groupe tend à prendre celui-ci comme système de référence (R. Merton, 1957) et à juger les autres d’après ses normes. L’étude des groupes permet de connaître les forces qui s’y exercent et d’organiser de nouveaux rapports sociaux. Ses applications pratiques vont de la modification des structures sociales d’une usine à la psychothérapie collective, telle que la pratiquent des ligues d’anciens malades (Association des alcooliques anonymes, par exemple).

groupe d’aide psychopédagogique (G.A.P.P.), équipe constituée par un psychologue et un ou plusieurs éducateurs, qui veillent à l’adaptation scolaire des élèves en participant à l’observation continue dont ils sont l’objet. Dans l’enseignement public, en France, les G.A.P.P. ont été créés par la circulaire ministérielle du 9 février 1970 qui organise la prévention des inadaptations en milieu scolaire. Ils sont l’un des éléments du dispositif mis en place au niveau de l’enseignement préélémentaire et élémentaire. Chaque G.A.P.P. a la charge d’un ou de plusieurs groupes scolaires. Il intervient sous forme de rééducations pratiquées individuellement ou par petits groupes, dès que les maîtres en font la demande. Les écoliers continuent de fréquenter leur classe normale ou spéciale dans l’école. Le psychologue scolaire et les maîtres spécialisés pour la réadaptation psychopédagogique (R.P.P.) ou psychomotrice (R.P.M.) agissent en concertation étroite avec leurs collègues enseignants ainsi qu’avec le médecin et l’assistante sociale. Le G.A.P.P. est intégré au milieu scolaire. Ce n’est ni une structure concurrente ni une organisation parallèle. Les membres du G.A.P.P. sont, pour les enseignants, des interlocuteurs disponibles, qui participent à la vie de l’école et, chaque fois que cela est possible, aux réunions du conseil des maîtres. Ils sont aussi des interlocuteurs des familles et jouent le rôle délicat de médiateurs entre l’élève, les parents et l’école. Selon les données statistiques du ministère de l’Education nationale, il y avait en 1987, en France métropolitaine, 2 584 G.A.P.P. D’autre part, si l’on considère la variation des effectifs d’élèves scolarisés, on observe une diminution continue du nombre des écoliers admis dans les classes spéciales des écoles primaires (baisse de 5 522 élèves entre 1983 et 1984). On peut mettre à l’actif des G.A.P.P. l’amélioration enregistrée car, sans leur soutien, beaucoup d’écoliers seraient dirigés vers l’enseignement spécial. groupe de diagnostic diagnostic.

groupe (psychothérapie de), méthode de traitement collectif des troubles physiques ou mentaux dus à un conflit intrapsychique. L’idée de regrouper des patients pour discuter ensemble de leurs problèmes remonte au début des années 30 (J. L. Moreno, 1932). Elle se fonde essentiellement sur deux observations : lorsque plusieurs personnes sont réunies, elles s’influencent réciproquement ; il est plus facile de voir et de comprendre les problèmes d’autrui que les siens. Il existe de multiples formes de psychothérapies collectives, dont les principales sont la discussion libre (les participants expriment spontanément ce qu’ils ressentent et pensent) et le psychodrame. Pour certains auteurs, tels que P. Joshi (1975), la psychothérapie de groupe répondrait à la forme nouvelle que prend la maladie mentale, plus agie que vécue, plus sociale et moins individuelle. Son intention majeure serait une meilleure prise de conscience, par l'individu, du contexte social qui l’entoure (J. C. Sager et H. S. Kaplan, 1972).

groupe, ensemble de personnes dans un même lieu. — Un groupe social est un ensemble, organisé par des lois ou des institutions, et il se distingue en cela de la foule, qui est inorganisée. D'autre part, un groupe social ne se réduit pas à la somme des consciences individuelles, comme le pensait Tarde (qui ramenait la « sociologie » des groupes à une « interpsychologie ») : un individu n'aura pas les mêmes réactions en groupe que tout seul; c'est le groupe qui le transforme et en fait un autre individu. La sociologie étudie le groupe comme un fait particulier et spécifique. On distingue toutefois l'analyse « statique », qui porte sur les institutions d'un groupe, et l'analyse « dynamique », qui étudie leur fonctionnement et la manière dont les individus vivent et pratiquent (et, le plus souvent, « tournent ») ces institutions (le sociologue se fait alors ethnologue).

GROUPE. Le Groupe est la forme d’organisation naturelle de l’être humain, car l’individu est un produit de relations et ne peut vivre qu’en relation. Certains analystes, tel S. H. Foulkes, en déduisent même que la psychothérapie individuelle n’est qu’une thérapie de groupe qui s’ignore. D’ailleurs, même pour Freud, « ... tous les rapports qui ont jusqu’à présent fait l’objet de recherches psychanalytiques peuvent à juste titre être considérés comme des phénomènes sociaux... » (Psychologie collective et analyse du Moi.) Freud postulait aussi un « instinct grégaire » qui apparaîtrait à la suite des relations entre parents et enfants et en réaction aux sentiments de jalousie qu’éprouve l’enfant. Cet instinct n’est pas admis par l’anthropologie. De plus, Freud croyait que l’humanité primitive était constituée par une horde où la volonté individuelle n’existait pas. L’individu ne se serait vraiment différencié de cette horde que tardivement et aurait toujours tendance à se fondre dans le groupe. < Nous devons en conclure, écrit-il, que la psychologie collective est la plus ancienne psychologie humaine. > Le fait que la perspective interpersonnelle soit nécessaire pour comprendre les processus psychiques a naturellement conduit à la psychothérapie de groupe. Son développement très important au cours des deux dernières décennies a produit une grande variété de groupes. (Voir : Alcooliques anonymes, Groupe analytique, Groupe bioénergétique, Groupe gestalt, Groupe de nu, Groupe de la nuit, Groupe de rencontre, Jeu de rôle, Marathon, Psychodrame, Synanon, Thérapie familiale.) Les processus qui apparaissent dans un petit groupe réuni artificiellement sont étudiés par la dynamique de groupe. (Voir en particulier : Acting out, Bouc émissaire, Conformité, Consensus, Hypothèse de base, Leader, Restitution, Rôle, Sous-groupe, Tâche.)

GROUPE ANALYTIQUE. Groupe thérapeutique élaboré à partir des théories psychanalytiques par S. H. Foulkes, en Grande-Bretagne. L’animateur doit être un psychanalyste. Les échanges verbaux du groupe sont traités comme des < associations de groupe », et les interactions entre les participants sont étudiées et interprétées. On essaie aussi de dégager le contenu latent, « inconscient », des discussions. Un groupe analytique comprend idéalement 7 ou 8 membres, et Foulkes estime qu’il fonctionne mieux < fermé » qu’ « ouvert ». Il dure au moins neuf mois et les séances peuvent avoir lieu au rythme d’une fois par semaine, une heure et demie chaque fois. Anthony, Foulkes, et d’autres analystes considèrent que ce genre de groupe est particulièrement indiqué à la suite d’une psychanalyse individuelle. (Voir : Psychothérapie de groupe.)

GROUPES BALINT. Médecin anglais d’origine hongroise, fondateur de groupes d’études psychologiques. En réunissant des médecins généralistes, des psychiatres et des psychanalystes, Balint s’est efforcé de sensibiliser les médecins à leurs propres problèmes psychiques, d’une part, et de leur ouvrir la voie d’une approche psychologique du malade, d’autre part. Elève de l’école psychanalytique, il a insisté très tôt sur l’importance de la relation objectale (l’autre), et de ce fait a soutenu une position très proche de celle d’Adler, essayant de jeter un pont entre la conception hautement égocentrique de Freud et le monde objectai (social) de la réalité.

GROUPE BIOENERGETIQUE. Alexandre Lowen, disciple de W. Reich, en est à l’origine. William Schutz se situe dans la même tendance. L’intervention est fondée sur le corps. La forme et l’expression du corps sont interprétées ; l’expression corporelle est dirigée par des exercices mettant en jeu la respiration et les processus énergétiques ; le contact direct entre le patient et le thérapeute est autorisé. Le but est d’harmoniser chez le patient l’intensité émotionnelle et les tensions musculaires. En réduisant les tensions, on peut libérer les sentiments refoulés.

GROUPES DE LA NUIT (Technique des). Technique d’imagerie mentale de groupe expérimentée dès 1962 par R. Fretigny et A. Virel, dans laquelle on introduit successivement quatre ou cinq sujets dans une pièce totalement obscure où se trouve déjà le psychothérapeute. Ils sont installés en situation de relaxation et choisissent un nom d’emprunt. Ils n’ont donc aucun moyen de se voir ni de se connaître. Chacun à son tour décrit une séquence de son imagerie mentale, que le suivant poursuit en l’orientant et la développant à son gré. Pour finir, les sujets analysent les détours du scénario imaginaire. En trois ou quatre séances se soude alors une équipe anonyme d’analyse réciproque et on assiste parfois à des catharsis spectaculaires.

GROUPE DE NU. La thérapie de nu, individuelle ou de groupe, repose sur l’idée que les vêtements forment une défense qui sauvegarde l’individualité de chacun en le renfermant dans une sorte de cellule personnelle qui limite le contact avec autrui. Le nu permettrait d’ouvrir symboliquement cette cellule. Dans les groupes de nu, l’accent est mis sur les techniques non verbales.

GROUPES D’INFORMATION SENSIBILISEE. Les groupes d’information sensibilisée n’ont rien de commun avec les groupes de sensibilisation ou Training-Groups. Comme leur nom l’indique, leur but est de procurer une information sensibilisée, non académique et non livresque. Par exemple, plutôt que de donner sous forme d’un exposé une information sur les groupes Balint ou sur les groupes de relaxation, les assistants sont réunis en groupes larges d’abord et reçoivent des comptes rendus de cas. Une discussion s’ouvre ensuite. Puis, dans un deuxième temps, ces groupes larges sont répartis en petits groupes et fonctionnent comme s’ils participaient à un groupe Balint ou à un groupe de relaxation. Enfin, les petits groupes sont réunis à nouveau en groupes larges pour élaborer cette expérience vécue < à chaud ». Il importe que les moniteurs s’occupant de tels groupes d’information sensibilisée soient bien formés, car ils doivent permettre une pénétration sensible de l’information, tout en évitant toute décompensation qui pourrait survenir à la suite de l’application d’une technique, pendant un court laps de temps et sans lendemain.

GROUPE GESTALT. Les groupes de thérapie Gestalt ont été créés à l’Esalen Institute (Californie) par Frederick Péris, élève de Wilhelm Reich et de Kurt Goldstein. Le groupe se centre successivement sur chacun des participants. Le thérapeute essaie de découvrir les « situations inachevées > qui font problème et d’amener le participant à les « clore >. (Voir aussi : Gestalt [Thérapie], Groupe bioénergétique.)

GROUPE DE RENCONTRE. Type de groupe inventé par Cari Rogers pour faciliter le développement personnel et améliorer la communication et les relations interpersonnelles par des expériences vécues. Le groupe de rencontre réunit trois courants : le Training Group de Kurt Lewin, la psychologie Gestalt, et la thérapie < centrée sur le client > de Carl Rogers. Il en existe plusieurs variétés, parmi lesquelles on trouve le groupe de sensitivité et le groupe de créativité. Ils n’ont pas de visée directement thérapeutique. Pour Carl Rogers, l’effet thérapeutique provient de l’ouverture des participants, du fait qu’ils se considèrent avant tout comme des personnes et que les étiquettes psychiatriques (< personnalité paranoïde » ou choses de ce genre) n’y ont pas cours. Il s’agit d’arriver à des expériences vécues aussi intenses et authentiques que possible. Les groupes de rencontre se font avec n’importe qui, sans grande sélection préalable. Aussi connaissent-ils aux Etats-Unis une vogue sans précédent. (Voir aussi : Groupe, Psychothérapie de groupe.)

SOUS-GROUPE. Division d’un groupe. Selon Bion, un groupe est spontanément divisé en deux. D’une part, le sous-groupe qui se met sous la protection du ou des leaders institutionnels et résiste ainsi au changement, et, d’autre part, le sous-groupe qui se révolte et qui par ses demandes exagérées résiste aussi au changement. Les sous-groupes et couples qui se forment par affinités sont en général fluctuants. Ceux qui se forment par identification ou complémentarité de symptôme (donc d’une façon moins consciente) sont plus durables. Les sous-groupes ne sont pas un obstacle en soi au développement du groupe, mais peuvent le devenir selon leur nature.

GROUPE 1. — (Math.) On dit qu’un ensemble possède une structure de groupe s’il existe une loi T de composition interne partout définie, qui soit associative, admette un élément neutre par rapport auquel tout élément de l’ensemble possède un symétrique ; on dit aussi que E est un groupe pour T. Théorie des groupes : partie des mathématiques, importante par ses applications, étudiant les propriétés des groupes. 2. — (Socio. et psycho.) a) Tout ensemble de personnes réunies par des fonctions, des instincts ou des représentations communes. b) Groupe de pression : association (syndicat de travailleurs, de patrons, de producteurs) ayant pour but d’influencer l’action gouvernementale et l’opinion publique au mieux de ses intérêts, c) Groupe primaire : groupe généralement restreint caractérisé par des relations intimes d’association et de coopération (C.H. Cooley) ; « un groupe primaire est formé d’un certain nombre d’individus, qui ont un idéal commun en la personne de leur chef, et qui, en vertu de cet idéal, s’identifient les uns aux autres » (Freud), d) Dynamique de groupe : en remarquant que le groupe est un tout qui ne se réduit pas à l’ensemble de ses parties, que la personnalité de chacun est relative à sa position dans le groupe, qu’on pouvait agir sur le groupe en agissant sur l’un de ses membres ou sur l’un de ses membres en modifiant le groupe, les psychologues et les psychanalystes ont fait du groupe l’objet d’une approche particulière ; les T group (basic strills training group ou groupes de diagnostic) visent, au cours de séances inorganisées, à sensibiliser les participants aux processus psychologiques spécifiques aux groupes ; la psychothérapie de groupe désigne diverses techniques de cures collectives utilisant les relations instituées au sein d’un groupe ; cf. psychodrame.




GROUPE ♦ Une des notions les plus fondamentales en mathématiques. Mise au point par Évariste Galois (1811-1832), elle sous-tend l’essentiel des mathématiques classiques. Un groupe est constitué par un ensemble d’objets et d’opérations sur ces objets qui répondent à deux conditions : plusieurs de ces opérations peuvent être combinées en une seule et ce qu’on fait par une opération peut être défait par une autre. ♦ En psychologie sociale, le terme a un sens variable selon les théories. Il désigne de façon générale tout ensemble de personnes défini par leur coprésence (actuelle, passée ou future) et leurs relations d’interdépendance. Les groupes sociaux s’échelonnent ainsi du groupe restreint - à partir de trois personnes -aux foules.

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