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Georges Conchon

Né en 1925 en Auvergne, secrétaire des débats au Sénat, Georges Conchon a obtenu le prix Fénéon en 1956 (les Honneurs de la guerre), celui des Libraires en 1960 (la Corrida de la victoire), le Concourt en 1964 (l’Etat sauvage). Scénariste, il a collaboré avec Visconti et Roufflo. Georges Conchon est de ces auteurs pour qui un roman est d’abord une histoire. Son propos est de plaire et de toucher. Aussi sait-il construire une scène, présenter un personnage, ou, à l’occasion, jouer de l’ironie. Mais se voulant en prise directe avec son temps, il ne cherche pas seulement à séduire le lecteur, il entend le concerner. Ses sujets ce sont la guerre (les Honneurs de la guerre), le colonialismes et les séquelles, les querelles et les scandales qui déchirent notre société (les Grandes Lessives, le Sucre). Chaque fois à travers une intrigue dramatique souvent nuancée de burlesque, il porte le fer dans la plaie : il dénonce le militarisme, c’est-à-dire la forfanterie ou la stupidité des états-majors qui conduisent à des sacrifices inutiles, il montre dans l’Etat sauvage les difficultés des jeunes états africains, ou dans le Sucre démonte joyeusement les mécanismes de la Bourse, la manière stupide dont les financiers se tendent mutuellement des pièges dont sont finalement victimes consommateurs et contribuables. S’il lui arrive de s’écarter sur les chemins du cœur, Conchon sait que l’amour ne vit pas d’eau fraîche : dans l’Amour en face la liaison d’un architecte canadien et d’une promotrice auvergnate est aussi la rencontre, le dialogue — parfois délicat — entre deux cultures. Seulement, qu’on ne s’y trompe pas. Pour aller au réel, Conchon emprunte ses armes moins au roman classique qu’à la narration cinématographique. Le regard commande l’efficacité, la rapidité — conjuguant l’ellipse et le trait plein d’humour — du récit.

► Bibliographie

Romans : les Grandes Lessives, 1953 ; les Chemins écartés, 1954 ; les Honneurs de la guerre, 1955 ; Tous comptes faits, 1957 ; la Corrida de la victoire, 1959 ; l'Esbroufe, prix des Volcans, 1961 ; l'Etat sauvage, 1964 ; l'Apprenti gaucher, 1967 ; l'Amour en face, 1972 ; leSucre, 1977 ces livres chez Albin Michel. Essais: l'Auvergne, le Canada, Arthaud, 1967 ; Nous la gauche, devant Louis-Napoléon, Flammarion,




Romancier, né à Saint-Avit, Auvergne. Bien connu des réalisateurs de cinéma, lesquels ont toujours recherché (Visconti lui-même...) ce genre de romancier : celui qui « voit » ce dont il nous parle, plus qu’il n’en disserte, celui qui nous « montre » plutôt que celui qui nous « démontre » quelque chose. Celui-là, de plus, avance sans cesse, va tout droit - et sa flèche aussi - au « carton » qu’il a visé : Les Honneurs de la guerre (prix Fénéon 1955), L’État sauvage (prix Concourt 1964) où sont retracées les heures difficiles des jeunes États africains. Mais ce qui nous ravit chez ce conteur (d’« histoires » pas drôles du tout), c’est qu’il n’a pas peur d’être drôle pour sa part : Les Grandes Lessives (1953), L’Esbroufe (1961). Il débusque le faux-semblant de nos prétendus humanistes et de nos soi-disant « modérés ». Il voit le côté irrationnel de l’homme « raisonnable », par excellence : celui qui ne croit qu’aux « réalités » (le monde de l’argent, dans Le Sucre, 1977). Moraliste? Oui, mais nullement moral : sa « dénonciation », il n’y croit pas. Il a un objectif, non pas un but, une foi.

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