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FOLIE

Pour l'Ancien et le Nouveau Testament, toute désobéissance aux commandements de Dieu, tout écart à la fidélité à l'alliance ou au message du Christ est folie. Cependant, selon l'apôtre Paul, ce qui paraît sage aux yeux des hommes est folie au yeux de Dieu : Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu (1 Corinthiens 3, 19). Selon la tradition, la sagesse se déguise, ce qui explique qu'un fou soit souvent un symbole voilé de la sagesse ou une image pour désigner ceux qui ont charge de la transmettre (prophètes, prêtres, disciples).

Les fols-en-Christ sont-ils sages ?

Oui et non. Ils sont les héritiers des prophètes : hirsutes, mystiques et excessifs. Le mouvement des fols-en-Christ apparaît en Russie au tournant du XVe siècle. Leur sagesse paradoxale se veut à l’école de saint Jean-Baptiste, vêtu de peaux de bêtes. Après tout, les fols-en-Christ ne font qu’obéir à la première épître aux Corinthiens : «Si quelqu'un parmi vous se croit un sage selon le jugement du monde, qu'il se fasse fou pour devenir sage; car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. » Ils s’appellent Procope d'Oustioug, Isidore de Rostov, Nicolas de Novgorod ou Michel de Klops. Fous et marginaux, respectés par les puissants qui craignent les remontrances de ces maîtres spirituels. Le fol-en-Christ se reconnaît de loin. Il est vêtu d’un haillon, quand il ne pratique pas la nudité totale. Il vagabonde sur les marchés et devant les églises. Basile le Bienheureux est l’un des plus connus. Né en 1469 dans les faubourgs de Moscou, il fut apprenti chez un cordonnier avant de se consacrer à une vie errante : dévêtu, couchant à la belle étoile, observant toute l’année le carême ! Il menace le tsar et console les prostituées. Le dominicain André Gouzes, fin connaisseur de l’orthodoxie, évoque cet homme qui se baladait nu avec pour tout ornement une grande barbe : « Il y avait alors des descentes de la police pour humilier les pauvres gens. Ces nervis s'en prenaient en particulier aux prostituées : ils brûlaient leurs maisons et ils les rançonnaient. Le lendemain, Basile le Bienheureux installait des icônes sur les ruines calcinées, allumait des cierges, chantait des hymnes, encensait les prostituées, les canonisait en disant que c étaient elles qui nous précédaient dans le Royaume des deux. » Pas très pharisien et complètement fol-en-Christ.

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