FICHTE (Johann Gottlieb)

FICHTE (Johann Gottlieb). Post-kantien, (1762-1814) rejette l’idée kantienne de chose-en-soi qui serait absolument étrangère au Moi. A constitué un « idéalisme subjectif », partant de l’opposition moi-non-moi : doctrine complexe, volontairement abstruse ; s’oriente vers la fin de sa vie vers une sorte de christianisme philosophique.

Fichte

(Johann Gottlieb, 1762-1814.) Fils d’un modeste artisan, il étudia à léna, puis devint précepteur à Zurich. De retour à léna comme professeur, il fut accusé d'athéisme et obligé de quitter la ville. Il enseigna ensuite à Erlangen, mais dut se retirer devant l'invasion française. C'est comme professeur à l'Académie de Berlin qu'il y prononça ses fameux Discours à la nation allemande, où il incite ses compatriotes à se libérer de la domination étrangère. En 1810, il devient recteur de la même Académie, mais son influence est déjà contestée par celles de Schelling et Hegel.

♦ Ardent admirateur de la Révolution française, Fichte développe une philosophie qui exalte la liberté, dont Kant lui a également enseigné la valeur fondatrice. Mais la liberté du moi, qu'il pose comme un absolu au début de sa démarche, s'oppose à la résistance du non-moi, à la force cachée qui procède du monde extérieur. Le moi doit donc agir et lutter pour manifester sa liberté, et il ne peut s'affirmer que par l'effort qu’il accomplit en essayant de vaincre les obstacles provenant de la nature. L’être humain ne peut toutefois s’accomplir que dans la société : « l'homme n'est un homme que parmi les hommes ». D'où la nécessité d'organiser l'État, tout en préservant la liberté de chacun. La protection des libertés sera - paradoxalement - assurée par un certain nombre de mesures autoritaires : il s'agit de contraindre les libertés individuelles, de tendance anarchique, pour instaurer une égalité qui rende possible la liberté rationnelle. C'est ainsi que l'« État commercial fermé », d'inspiration socialiste, reposera sur l'autarcie économique et la suppression de toute relation commerciale avec l’étranger. Les individus seront orientés par l'administration dans les diverses branches d’activité selon les besoins sociaux du moment. Un système d'examens et de primes servira de base à la répartition des travailleurs, l'État veillant à faire respecter un équilibre entre les différentes catégories socioprofessionnelles. Le rôle de l'État, qui reste distinct de la société, est de faire respecter la juste propriété de chacun, mais aussi d’éduquer les hommes pour les préparer au déploiement de la vraie liberté.

♦ Puisque la France napoléonienne a trahi l’œuvre révolutionnaire, c'est désormais à l’Allemagne qu’il appartient de se constituer en nation (Discours à la nation allemande) - mais ce ne saurait être pour dominer une autre nation, car le concept de domination s'applique à la nature, et non à l'humanité. De ce point de vue, et même si certains aspects de sa doctrine - qui reste cependant attachée à la liberté telle qu’ont pu la révéler les révolutionnaires - ont semblé compatibles avec le nazisme, on voit que l’État tel que le pense Fichte ne saurait être conquérant.

Œuvres principales : Théorie de la science (1794) ; Doctrine des mœurs (1798) ; L’État commercial fermé (1800) ; Discours à la nation allemande (1807-1808).