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éducation

éducation. 1. L'écriture alphabétique apparut en Grèce dans la seconde moitié du VIIIe siècle, mais la création d'écoles destinées à enseigner aux enfants les premiers éléments de la lecture, de l'écriture et du calcul n'a sans doute pas été aussi ancienne. D'après la tradition, le poète Spartiate Tyrtée (milieu du viie s. av. J.-C.) semble avoir été le premier maître d'école. À Athènes, c'est Solon qui promulgua, en 594 av. J.-C., les lois réglementant les écoles. 2. À Sparte. Dans le courant du viie siècle av. J.-C., Sparte adopta une forme d'éducation militaire qui soumettait les jeunes gens à un entraînement et à une obéissance de nature militaire. Encasernés loin de leurs familles dès l'âge de sept ans, ils étaient entièrement soumis à l'autorité de l'État. Afin qu'ils deviennent de bons soldats, on donnait la priorité à l'éducation physique, mais on leur enseignait aussi la lecture, l'écriture et la musique. Quant à l'éducation des filles, appelées à devenir les futures mères des soldats Spartiates, elle consistait principalement en exercices de gymnastique. 3. Dans l'Athènes de l'âge classique. Bien que l'instruction pour tous ait été instaurée par Clisthène en 508 av. J.-C., l'institution de l'ostracisme en est le premier signe tangible et l'on tient pour assuré qu'au Ve siècle av. J.-C. le citoyen moyen, mâle, savait lire et écrire (pour la preuve de l'alphabétisation des soldats grecs ioniens v. 600 av. J.-C.). Les anciens historiens mentionnent l'existence d'écoles dès la fin du vie siècle av. J.-C. Les maîtres d'école devaient être payés par les parents, mais les tarifs étaient généralement assez bas car la classe des « instituteurs» n'était pas très estimée. Les enfants étaient en général accompagnés à l'école par un esclave nommé « pédagogue » (paida-gôgos). L'instruction élémentaire commençait à l'âge de sept ans et était confiée aux grammatistes, qui enseignaient la lecture, l'écriture, l'arithmétique (à l'aide d'un abaque, sorte de «boulier») et la littérature. L'enseignement de cette dernière consistait à apprendre et à réciter par cœur des passages extraits des poètes, tout particulièrement d'Homère, choisis principalement pour leur contenu moral (dans la première partie du Ve s. av. J.-C., Athènes était encore en fait une société sans livres, la littérature y étant orale et les livres de simples substituts de récitations). Voilà qui constituait l'éducation minimale des enfants athéniens. Les deux autres principales branches de l'éducation étaient la musique et l'éducation physique. La musique tenait une place fort importante dans la société grecque et on lui accordait une grande valeur éducative. Ainsi, non seulement tout homme cultivé était censé être capable de jouer de la lyre et de chanter, compétences qu'il avait acquises auprès d'un « cithariste » (ki-tharistês, «joueur de lyre»), mais on tenait encore que certains styles musicaux (les «modes») fortifiaient les vertus morales. L'éducation physique, cultivée autant en vue de la vaillance militaire que pour sa valeur intrinsèque, était dispensée par les «pédo-tribes» (paidotribes, «entraîneurs»; voir gymnase et palestre). À en juger d'après les vases peints, les jeunes filles pouvaient quelquefois y prendre part, mais dans une moindre proportion. À partir de la fin du IVe siècle av. J.-C., les jeunes gens de dix- huit ans devaient consacrer deux ans aux exercices physiques et militaires. Pour ce qui concerne les études spécialisées, comme la médecine ou la rhétorique, l'étudiant devait chercher un professionnel disposé à l'instruire. Dans l'Athènes du Ve siècle av. J.-C., les «études supérieures» n'étaient pas organisées et cela explique pour une part le succès des sophistes. En effet, dans la seconde moitié du Ve siècle, ces maîtres itinérants allaient de ville en ville et faisaient payer fort cher leurs leçons sur des sujets très variés incluant les nouvelles matières géographiques et scientifiques abordées dans les derniers développements de la connaissance d'alors. L'un d'eux, le poly-mathe Hippias, regroupait dans son programme éducatif l'arithmétique, la géométrie, la musique (sujet mathématique du point de vue de ses développements théoriques) et l'astronomie. Platon reprit cette combinaison, dès lors appelée à connaître une longue et riche histoire jusqu'à ce que Boèce lui donnât le nom de quadrivium près de mille ans plus tard. Cependant la plupart des sophistes se concentraient sur la littérature et plus particulièrement sur le langage, afin de rendre leurs élèves maîtres de la parole en public. Ils honorèrent ainsi la mission qu'ils s'étaient donnés : apprendre aux hommes comment réussir dans la vie politique, en les armant des techniques les plus nécessaires aux politiciens d'un État pleinement démocratique où le pouvoir résidait à l'assemblée. L'enseignement de la rhétorique fut toujours le domaine de l'éducation grecque où les techniques pédagogiques furent le plus hautement développées. Les écoles d'enseignement supérieur n'apparurent à Athènes qu'au ive siècle, avec notamment l'école de rhétorique et de philosophie fondée par Isocrate à la fin des années 390, l'Académie de Platon, probablement fondée en 385, et le Lycée d'Aristote, installé aux portes d'Athènes en 335. Isocrate reconnut que la philosophie aussi bien que la rhétorique devaient s'ajouter aux autres sujets enseignés par les sophistes, mais il jugeait que la rhétorique était d'une importance suprême et ce fut son programme d'études qui devint finalement la norme dans tout le monde antique. Platon, du moins dans sa jeunesse, s'opposa vivement à la rhétorique et à la littérature pour des raisons d'ordre moral, et, bien qu'il ait plus tard accepté l'enseignement de la rhétorique dans l'Académie, son cursus resta principalement scientifique, mathématique et philosophique. La plus grande part de l'enseignement philosophique s'y faisait à l'aide de la méthode favorite de Platon, la dialectique, l'étude des sciences exactes constituant une propédeu-tique à cette dialectique. D'après un commentateur tardif, Platon avait fait graver au fronton de son Académie l'inscription ageômetrêtos mêdeis ei-sitô, «nul n'entre ici s'il n'est géomètre». Platon prétendait forger de vrais hommes d'Etat, des hommes entraînés, grâce à la dialectique, à avoir un esprit philosophique leur permettant d'être de justes législateurs ou de sages conseillers des hommes au pouvoir. Par contraste, le Lycée d'Aristote ressemblait plus à un institut de recherche. 4. L'éducation hellénistique. Le modèle partiellement établi par Athènes s'institutionnalisa pendant la période hellénistique. L'éducation élémentaire resta inchangée, mais un schéma d'éducation secondaire apparut alors. La plupart des cités comptaient au moins un gymnase, lié à une bibliothèque pu blique où l'on enseignait communément la littérature, la philosophie, la musique ainsi que la gymnastique. Le gymnase était dirigé par un magistrat élu seulement pour un an, le « gymna-siarque». Le cursus y comprenait la littérature, les mathématiques et les sciences, façonnant ainsi l'idéal ancien de « culture générale », enkykleios pai-deia (d'où provient le terme «encyclopédie»), système hérité d'Hippias par l'intermédiaire d'Isocrate et qui aboutit aux sept arts libéraux du Moyen Âge. Il n'était pas impossible de recevoir quelque enseignement spécialisé au-delà de dix-huit ans, mais les jeunes gens qui en avaient les moyens, pour faire des études sérieuses, préféraient se rendre dans les grands centres intellectuels — Alexandrie bien sûr, puis Athènes, Pergame et Rhodes pour la philosophie et la rhétorique ; Cos, Pergame et Éphèse pour la médecine. Ce modèle d'éducation ne variera guère jusqu'à l'époque médiévale. Voir aussi sophistique, seconde. 5. L'éducation romaine. Au début de la République, l'éducation des garçons était laissée à leurs pères, qui leur tenaient lieu de maître et d'entraîneur. Dans les familles nobles, les pères dispensaient également l'éducation politique. Le père apprenait donc à son fils à lire, à écrire et à manier les armes, mais il lui enseignait aussi solidement les convenances, la morale et le respect des lois. Le fils accompagnait son père dans toutes les cérémonies religieuses, les manifestations sociales, et même, si son père en était membre, au Sénat. Parvenu à l'âge de seize ans, le jeune homme de famille noble était attaché à quelque figure prééminente afin d'acquérir une expérience politique et, dès dix-sept ans, il suivait les campagnes militaires. Ce genre d'éducation persista chez quelques familles à l'époque impériale. Cependant, très tôt, l'éducation prit aussi un caractère institutionnel. Tite-Live témoigne de l'existence d'écoles élémentaires à une date ancienne et, aux IIIe et IIe siècles av. J.-C., sous l'influence de la Grèce, l'éducation pouvait être dispensée dans des écoles conçues d'après le modèle grec, ou par le biais d'un tuteur. Les maîtres étaient souvent des esclaves ou des affranchis, fréquemment grecs. Le litte-rator, «celui qui enseigne les lettres» ou ludi magister, «maître d'école», apprenait à lire, écrire et compter aussi bien aux garçons qu'aux filles de sept à onze ans, les filles étant nettement plus scolarisées qu'en Grèce. À l'instar des Grecs, l'emploi d'un pédagogue se généralisa celui-ci enseignant parfois le grec à son élève. L'éducation secondaire, de douze à quinze ans, relevait du grammaticus, qui enseignait la littérature grecque et latine afin de développer la culture générale et de préparer à l'enseignement de la rhétorique. Vers la fin du Ier siècle av. J.-C., on estima que les œuvres de Virgile et d'autres poètes contemporains étaient des sujets d'étude adaptés. L'éducation supérieure pour les élèves de plus de seize ans est attestée à Rome dès le IIe siècle av. J.-C. Seule la rhétorique grecque y était alors enseignée. L'étude de la rhétorique romaine débuta tôt au Ier siècle av. J.-C. avec la fondation de l'école rhétorique romaine. Il existait ainsi deux systèmes parallèles d'enseignement de la rhétorique, l'un grec, l'autre romain, l'éducation y étant principalement littéraire bien que l'on prétendît également enseigner les principes moraux. Les Romains conservateurs, tel Caton le Censeur, désapprouvèrent l'introduction, sous l'influence grecque, de matières à leurs yeux moins morales comme la musique ou la danse. Les Romains accordèrent également moins d'attention que les Grecs à l'éducation physique, excepté celle destinée à l'entraînement des futurs soldats. Quand la pratique oratoire politique déclina sous l'Empire avec la perte de liberté politique, les écoles de rhétorique, toujours s'inspirant des Grecs, préparèrent leurs élèves à la carrière d'avocat ou d'administrateur dans les services publics. On a critiqué le caractère fictif et étranger à la vie quotidienne des thèmes que les jeunes gens devaient développer dans leurs déclamations publiques, mais ils stimulaient l'ingéniosité, la souplesse d'esprit et l'aisance de l'expression, qualités de valeur pour un avocat. Quintillien considérait la valeur pratique et morale de la culture générale, ce qu'il appelle encyclios paedia d'après le terme grec, comme une préparation aux études spécialisées. Les élèves qui voulaient poursuivre leurs études au-delà partaient habituellement pour Athènes ou Rhodes. Jules César, Cicéron, Octave et Horace étudièrent tous à l'étranger. Sous la République, les expulsions régulières de maîtres ou, à l'inverse, les mesures destinées à les attirer à Rome, manifestent l'attachement de l'État à un certain type d'éducation. Les empereurs et autres bienfaiteurs fondèrent quelquefois des chaires et des écoles publiques municipales, mais jamais l'État romain n'institua de magistrats spéciaux comparables aux gymnasiar-ques hellénistiques afin de contrôler les écoles. 6. Tant l'éducation grecque que romaine — la tradition grecque ayant été empruntée et poursuivie par les Romains — se fondaient largement sur les humanités véhiculées par les deux langues de la littérature traditionnelle, avec toutefois cette visée, constante du début à la fin, de former des orateurs informés, cultivés, compétents et efficaces. Le quadrivium d'Hippias précédé par le trivium de la grammaire, de la rhétorique et de la dialectique, dérivé des sophistes et d'Isocrate, forma le cursus des études au Moyen Âge que Martianus Capella nomma les sept arts libéraux.

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