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DESTIN

Du latin destinare, « fixer », « assujettir ».

Puissance mystérieuse qui réglerait de façon irrévocable la vie des hommes et le cours des événements.

• Les stoïciens identifient le destin au logos divin qui administre et ordonne tout le cosmos. Pour eux, tout ce qui arrive devait arriver, et l'homme sage est celui qui parvient à accepter pleinement son destin.

DESTIN, n.m. (en gr. Moïra, heïmarménê ; en lat. fatum). Désignait, par exemple chez Homère, une force obscure, toute-puissante, fatale, qui imposait sa contrainte même à Zeus, le maître de l’Olympe. — Dans la langue philosophique désigne l’idée d’une puissance qui aurait fixé les événements à venir ; en ce sens Kant a énoncé, parmi les postulats de la pensée empirique, la proposition : « In mundo non datur fatum (Dans le monde, il n’y a pas de destin) » ; de même pour la négation du hasard et du vide. La croyance au destin est unanimement critiquée par les philosophes ; elle implique que l’avenir serait « écrit », et que, quoi que nous fassions, il se produira (ex. : la fable de La Fontaine « l’Horoscope »). Les stoïciens disaient : « Ducunt volentem fata, nolentem trahunt (le destin traîne de force celui qui lui résiste, il conduit celui qui l’accepte) » (Sénèque, Ep. 107).

DESTIN (n. m.) 1. — Puissance mystérieuse qui fixerait de façon inéluctable le cours des événements. 2. — Au sens concret, le cours des événements fixés par le destin : en part., ceux qui constituent la vie d’un individu.

destin. En grec moira ou aisa, «lot», en latin fatum, «ce qui est dit», c’est dans la religion grecque et romaine le lot ou le sort de chacun, ce qui détermine les événements de sa vie, mais qui se rapporte le plus souvent à la mort car elle est le lot de tous. Chez Homère, Moira ou Aisa est une déesse qui accorde à chacun sa part, cependant les héros en parlent souvent comme si elle partageait cette tâche avec les autres dieux. À d’autres moments, le destin et les dieux semblent être indépendants les uns des autres : un dieu renonce à sa volonté devant un destin contraire, ou bien Zeus envisage de renverser le destin en évitant la mort d’un héros ; mais ce conflit apparent est plus un procédé dramatique qu’un dilemme religieux (voir zeus). Il ne fait pas de doute que pour les poètes Hésiode, Pindare et Eschyle, le destin et Zeus gouvernent ensemble le monde, bien qu’Apollon, dieu de la prophétie, passe parfois pour être capable d’influer sur le destin. Chez Homère, le destin d’un homme se tisse autour de lui comme un fil, d’où l’idée des Parques, des Moires, Pileuses divines, au nombre de trois chez Hésiode. Les Grecs attribuaient parfois le sort heureux ou malheureux d’un homme à son daimôn personnel, mot qui a dans ce contexte un sens très proche de « destin », bien qu’il s’agisse plutôt d’un agent personnifié à qui l’homme peut attribuer par exemple son destin malheureux. Au ive siècle av. J.-C., le mot moira fut jugé poétique et remplacé par heimarmenê. On vit apparaître en même temps une conception différente du destin : beaucoup de gens, sous l’influence nouvelle de l’astrologie et du déterminisme scientifique, pensèrent que le monde en général et les individus étaient gouvernés par un destin inéluctable, qui pourrait être désigné par le mot nécessité (gr. anankê). Certains cherchèrent à échapper à un destin étouffant en trouvant refuge dans les religions à mystères, qui opposaient dieu et l’esprit au destin, désormais identifié à la matière, et promettaient à leurs fidèles une vie heureuse après la mort.

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