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Denys l'Ancien (v. 430-367 av. J.-C.) ; tyran de Syracuse / DENYS LE JEUNE

Denys l'Ancien (v. 430-367 av. J.-C.) ; tyran de Syracuse. Parce qu'il inspira à Platon, qu'il reçut à sa cour, le modèle du tyran grec dans la République, D. est le plus célèbre des tyrans de l'Antiquité. La victoire de Syracuse sur Athènes en 413 n'avait pas permis de résoudre les tensions traditionnelles de la cité : aux aristocrates menés par Hermocra-tès - D. est un de ses partisans - s'opposent les démocrates de Dioclès. La reprise de l'offensive carthaginoise après soixante-dix ans de calme allait modifier la situation : les généraux puniques s'emparent de Sélinonte, Himère, Agrigente et Géla (409-405). N'ayant pu débloquer Agrigente, les stratèges de Syracuse sont accusés par D., puis destitués et remplacés. D. fait partie des nouveaux magistrats. En 403 le peuple lui donne les pleins pouvoirs avec le titre de stratègos autokratôr. Il allait régner près de quarante ans. Malgré des tentatives répétées de soulèvement de la part des riches, des « cavaliers », il établit une sorte de tyrannie constitutionnelle en s'appuyant sur sa garde personnelle et une armée de mercenaires bien payés. L'originalité de sa tyrannie est de maintenir les institutions démocratiques, même s'il gouverne en souverain absolu, assisté d'un conseil d'amis. Il s'appuie donc sur le dèmos (« peuple ») et pour consolider son soutien populaire, il libère des esclaves dont il fait des « nouveaux citoyens ». Après un traité de paix (404) qui reconnaît à Carthage la possession de la Sicile occidentale, il renforce la défense de Syracuse par l'édification de fortifications imposantes, en augmente la capacité militaire par la construction d'une flotte importante (300 navires), par la création de manufactures d'Etat spécialisées dans l'armement, et par la constitution d'un parc de machines de guerre (premières catapultes). Au cours de sa première guerre punique (398-397), D. fait une percée jusqu'à Motyé, sur la pointe occidentale de la Sicile, détruit ce comptoir punique mais il est repoussé jusqu'à Syracuse, qui est assiégée, et est sauvé par les épidémies ravageant le camp carthaginois. Sa victoire (392), au cours de sa deuxième guerre punique, restreint le pouvoir de Carthage à l'extrémité ouest de la Sicile, et fait de lui le maître de toutes les cités grecques et sicules de l'île. Aidé par les Lucaniens, il enlève Rhégion (386), étend ainsi sa domination sur le sud de l'Italie et vraisemblablement sur une partie de la mer Adriatique par la fondation de colonies en Apulie et Vénétie et par des relations marchandes avec les villes de la côte de l'Épire. Allié de Sparte contre Athènes et Thèbes, craint et respecté par l'ensemble du monde grec, D. fait de Syracuse la métropole la plus puissante de la Méditerranée. Sa troisième guerre punique (383-378), malheureuse, le contraint à reculer ses frontières jusqu'au fleuve Halycos, à l'ouest d'Agrigente et à mettre un terme à ses entreprises italiennes. Une fois encore, il tente, en vain, de modifier ce statut en 368, par le siège de Lilybée. Lorsqu'il meurt en 367 (à la suite, prétend-on, d'orgies fêtant la distinction suprême accordée à l'une de ses tragédies, au concours dramatique des Dio-nysies, à Athènes), le pouvoir passe à son fils, Denys II le Jeune. La ville de Syracuse connaît alors un destin tragique au cours de la lutte pour le pouvoir entre ce successeur peu doué pour les affaires politiques et son oncle Dion. Cet ancien collaborateur de D. avait, lui, la trempe d'un homme d'Etat, inspiré par les théories de Platon, ainsi qu'en témoignent les lettres de Platon (la 7e surtout) et la biographie de Dion écrite par Plutarque. L'image de D. a été déformée par la propagande menée contre les tyrans par les historiens et orateurs (Timée, Lysias) contemporains. Dénué de tout scrupule, D. resta personnellement intègre. Il ne sauvegarda le monde grec occidental face à la menace punique qu'en privant de leur autonomie les cités grecques de Sicile. Les déplacements de population qu'il organisa en Sicile ont déclenché un processus d'intégration des Grecs et des Barbares. Il sera parachevé sous la domination de Rome. À certains égards (rôle de la cour), D. annonce l'État hellénistique. Bibliographie : Cl. Mossé, La Tyrannie dans la Grèce antique, 1969. DENYS L'ANCIEN (Syracuse, v. 431-367 av. J.-C.). Tyran de Syracuse (405-367 av. J.-C.), il fit de cette cité de Sicile le centre d'un empire maritime contrôlant une grande partie de la Méditerranée occidentale. Appuyé par le peuple à qui il distribua les terres des riches, il lutta victorieusement contre Carthage, domina une grande partie de la Sicile et s'allia avec presque toutes les villes grecques d'Italie du Sud. Denys l'Ancien est resté célèbre pour sa cour brillante où il recevait artistes et écrivains. Voir Damoclès. DENYS LE JEUNE (ive siècle av. J.-C.). Tyran de Syracuse (v. 397-344 av. J.-C.), fils et successeur de Denys l'Ancien. Grand mécène, il tenta d'appliquer à Syracuse les théories politiques du philosophe grec Platon pour organiser un Etat idéal. Chassé de Syracuse en 356 av. J.-C. par son oncle Dion, il revint au pouvoir en 346 av. J.-C. mais les Syracusains appelèrent au secours leur métropole Corinthe où il dut se retirer et où il mourut.

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