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DÉMOCRATIE

Du grec dèmokratia, « gouvernement du peuple » (de dèmos, « peuple » et kratos, « puissance », « souveraineté »).

Régime politique dans lequel le peuple, c’est-à-dire l’ensemble des citoyens (sans distinction de naissance, de fortune ou de capacité), détient la souveraineté.

• La démocratie est directe quand les citoyens participent directement au vote des lois et au choix de leurs chefs (ce qui était le cas à Athènes aux VIe et Ve siècles avant J.-C.) ; elle est représentative lorsque le peuple exerce sa souveraineté par l'intermédiaire de représentants élus (solution imposée par le nombre élevé de citoyens dans nos démocraties actuelles).

• Pour Spinoza, la démocratie est le régime politique le plus naturel et le plus libre, puisqu’il vise le salut de tout le peuple, et non l'utilité de celui qui commande.

DÉMOCRATIE, n.f. (gr. démos « peuple » et kratos « pouvoir »). Régime politique dans lequel la masse du peuple est censée détenir le pouvoir. S’est trouvée réalisée en partie à Athènes, où quelques centaines d’habitants, au Ve siècle avant Jésus-Christ, détenaient et exerçaient le pouvoir (démocratie directe). — La plupart du temps, on appelle « démocratie » un régime reposant sur un système électoral par lequel sont désignés les gouvernants (démocratie parlementaire). — On a appelé « démocraties populaires » les régimes dans lesquels le parti communiste exerçait la dictature. « A prendre le terme dans la rigueur de l’acception, il n’a jamais existé de véritable démocratie, et il n’en existera jamais (...). S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes » (Rousseau, Du contrat social, III, 4). En fait, dans certains groupes restreints, dont le principe est la vertu et la sainteté, la démocratie a été réalisée (monastères, par exemple). Le péché originel explique l’impossibilité signalée par Rousseau. Un auteur contemporain (Lamouche) pense que c’est la démagogie qui se cache derrière l’illusion appelée démocratie.

DÉMOCRATIE

Régime politique dans lequel la souveraineté est exercée par le peuple, c’est-à-dire par l’ensemble des citoyens, au moyen du suffrage universel. Selon Rousseau, la démocratie - qui réalise l’union de la morale et de la politique - est un état de droit exprimant la volonté générale des citoyens qui sont à la fois législateurs et sujets des lois.

♦ Opposée à la tyrannie et à l’oligarchie, la démocratie désigne d’abord certains régimes de l'Antiquité qui ne sont d’ailleurs que partiellement démocratiques (démocratie athénienne). A l’époque moderne, on distingue la démocratie directe, dans laquelle le pouvoir est exercé sans intermédiaire par le peuple ; la démocratie parlementaire ou représentative, dans laquelle le peuple délègue ses pouvoirs à un corps élu (parlement). L’appellation de démocratie populaire a été donnée aux États qui appliquent des principes « socialistes » plus ou moins légitimement « déduits » de la philosophie de Marx.

♦ D’une manière générale, la démocratie telle qu’on l’envisage en Occident doit - par la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire - garantir les droits fondamentaux de la personne humaine. Elle implique aussi la permanence de l’interrogation et du débat public sur son statut et son fonctionnement ; c’est précisément cet aspect qui pose la question de ses capacités de résistance à l’entreprise totalitaire : dès lors que le fonctionnement démocratique sous-entend le multipartisme et le droit d’expression des partis légitimement constitués, le problème surgit nécessairement de l’attitude à adopter concernant des partis qui n’en adoptent le jeu que pour accéder au pouvoir afin d’ensuite instaurer un régime tout autre.

DÉMOCRATIE

Le XXe siècle a hérité d’un modèle démocratique libéral, tirant son origine des révolutions américaine et française et dont les traits essentiels s’étaient progressivement affirmés au cours du siècle précédent. Ce modèle repose sur deux idées essentielles. D’une part, le principe démocratique, qui suppose que la source de tout pouvoir, le fondement de toute autorité résident dans la collectivité des citoyens : il n’y a de pouvoir légitime qu’émanant du peuple ; et il n’y a de contrainte acceptable que s’appuyant sur le consentement. D’autre part, le gouvernement représentatif, qui implique que le peuple n’a pas la responsabilité directe de la gestion des affaires publiques : ce sont des gouvernants, élus par lui, qui sont chargés d’agir et de décider en son nom ; la démocratie devient ainsi, à la différence de la démocratie antique, une démocratie « gouvernée », dans laquelle le pouvoir effectif est exercé par des « représentants ».

D’une démocratie politique à une « démocratie sociale ».

Ce modèle démocratique libéral va évoluer au cours du xxe siècle, du fait de la généralisation du suffrage et de l’éligibilité, qui a donné à chaque citoyen la possibilité, non seulement de participer, en tant qu’électeur, à l’élection des gouvernants, mais encore d’accéder, en tant qu’élu, à l’exercice des responsabilités politiques. À l’origine réservé à un nombre restreint de citoyens, le droit de suffrage avait été progressivement étendu au cours du xixe siècle (consécration en France en 1848 du suffrage universel masculin) ; il deviendra réellement universel au siècle suivant, par extension à la population féminine (Royaume-Uni en 1918, Allemagne en 1919, États-Unis en 1920, France en 1944 et Suisse en 1971 seulement) et par la suppression des procédés par lesquels certaines catégories de la population se trouvaient privées du droit de vote (24e amendement à la Constitution des États-Unis adopté en 1963). L’émergence consécutive de partis de masse, véritables « entreprises politiques » destinées à encadrer le suffrage, par la présentation de candidats et de programmes, et à attirer le maximum d’électeurs, par la mobilisation de moyens matériels et humains, s’inscrit dans le processus de démocratisation, en créant le cadre d’une compétition politique plus authentique.

Corrélativement, comme le soulignait le juriste français Georges Burdeau (1956), on constatera un double basculement, d’une démocratie « gouvernée » à une démocratie « gouvernante » et d’une démocratie « politique » à une démocratie « sociale ». La logique du gouvernement représentatif, qui aboutit à placer la réalité du pouvoir entre les mains des seuls gouvernants, sera infléchie par la réactivation des fondements de la légitimité démocratique : les gouvernants sont tenus de soumettre en permanence leurs faits et gestes au jugement critique de l’« opinion publique » et les citoyens entendent exercer une influence sur l’élaboration des choix collectifs. Par ailleurs, la logique démocratique poussera irrésistiblement à la réalisation d’une « société démocratique », fondée sur l’égalité des droits et des chances : l’État est conçu dans cette perspective comme un agent de redistribution, dont l’action doit permettre de réduire les inégalités sociales ; et cette vision contribuera puissamment à l’avènement de l’État-providence.

Les modèles « alternatifs », paravents de l’autoritarisme.

Ce modèle libéral a été confronté au cours du xxe siècle à des modèles alternatifs, se réclamant de conceptions différentes de la démocratie. Dénonçant la « démocratie bourgeoise » comme le paravent et la caution de la domination de classe, les marxistes entendront créer les conditions de réalisation d’une démocratie « réelle » ; et l’avènement de régimes socialistes se traduira par l’apparition d’un modèle nouveau de démocratie dite « populaire ». Cependant, ce modèle n’apparaît en réalité que comme l’enveloppe politique du totalitarisme : le principe démocratique est biaisé par l’existence d’un parti unique qui dispose d’une emprise totale sur le système politique ; l’« État du peuple tout entier » n’est qu’un instrument au service d’une oligarchie dirigeante. Il en va de même du modèle d’État total, de type fasciste ou national-socialiste, dans lequel un chef est censé concentrer en sa personne la toute-puissance collective de la nation. Quant au modèle de la démocratie « authentique », exalté par certains dirigeants des pays en développement (PED), notamment africains, après la décolonisation, il n’apparaît lui aussi que comme un instrument de légitimation de l’autoritarisme : l’« unanimisme », imputé à la persistance de certaines traditions culturelles, entraîne le refus du pluralisme et débouche sur le culte du chef.

Dans tous les cas, ces modèles alternatifs se sont effondrés, comme en ont témoigné, dans la dernière décennie du siècle, l’implosion des systèmes socialistes et la crise des pays en développement : la sortie du totalitarisme ou de l’autoritarisme s’est effectuée par l’instauration du pluralisme politique, la tenue d’élections libres, le partage des pouvoirs, la garantie des droits ; le modèle démocratique libéral semble être ainsi en voie de triompher, en apparaissant comme le seul légitime. Cependant, ce dernier modèle connaît lui-même un processus de redéfinition.

Vers une démocratie « participative ».

Alors même que la démocratie représentative a connu une spectaculaire diffusion à l’Est et au Sud, elle est entrée en crise à l’Ouest, crise comportant de multiples facettes étroitement liées : crise de la représentation, exprimée par le discrédit affectant une « classe politique », stigmatisée dans de multiples « scandales » ou « affaires » ; crise de la participation, marquée par la montée de l’abstentionnisme et le reflux du militantisme ; crise du lien social et politique, illustrée par le repli sur la sphère privée, la perte des références collectives, l’approfondissement des clivages sociaux. À la faveur de cette crise se profilent certains infléchissements de la conception classique de la démocratie représentative. La démocratie ne se réduit plus aux seuls processus électifs : elle suppose encore le respect du pluralisme, la participation plus directe des citoyens au jeu politique et la garantie des droits et libertés ; la démocratie tend à devenir ainsi, non seulement une « démocratie juridique », corsetée par les impératifs de l’État de droit, mais encore une « démocratie continue », visant à donner aux citoyens une emprise plus directe sur les choix collectifs.

Le gouvernement représentatif ne paraît plus, dans les sociétés contemporaines, suffisant pour répondre à l’exigence démocratique ; il aboutit en effet à cantonner les droits politiques de citoyenneté à la simple désignation de représentants. La crise de la représentation montre que cette conception est désormais caduque : l’idéal démocratique suppose que les citoyens disposent d’une emprise sur les choix collectifs ; la citoyenneté tend ainsi à devenir une citoyenneté active, incompatible avec toute idée de dépossession. Le développement, dans tous les pays et à tous les niveaux (national et local), de la technique référendaire s’inscrit dans cette perspective : aménagée sous des formes très diverses, l’expression populaire directe est perçue comme indispensable pour remédier à la crise de la représentation. La démocratie représentative est ainsi complétée par des éléments de démocratie semi-directe, destinés à en corriger les abus et à combler la distance qui s’est creusée entre gouvernants et gouvernés. Mais cette pratique référendaire relève elle-même d’une problématique plus générale visant à assurer une présence effective des citoyens dans les processus politiques. La démocratie relèverait ainsi de plus en plus, selon le philosophe et sociologue allemand Jürgen Habermas (1929-), d’un modèle de « politique délibérative », fondée sur la communication, la discussion, la négociation. À travers cette démocratie participative et continue tendrait à se construire un nouveau lien civique, résultant d’une plus forte implication des citoyens dans les choix collectifs.

démocratie (du grec dêmos, peuple, et kratein, commander, c'est-à-dire : le gouvernement par le peuple), régime où le suffrage universel est librement exercé sans aucune contrainte morale ou physique. — Sa structure politique et administrative se caractérise par un équilibre des pouvoirs entre l'exécutif et le législatif. Le problème constitutionnel des démocraties modernes, notamment en France, est de combiner cet équilibre des pouvoirs avec la possibilité d'une action continue et efficace, sans obstruction artificielle d'un pouvoir par l'autre : la Constitution rénovée de la Ve République établit cet équilibre dans la mesure où le législatif ne « nomme » pas l'exécutif, ni inversement, mais où l'Assemblée et le président de la République sont directement élus par la nation ; et en cas de conflit entre les deux pouvoirs, c'est encore la nation qui tranche (« dissolution » de l'Assemblée renvoyant les députés devant les électeurs, qui ratifient leur action ou la condamnent). Les notions de « démocratie » et de « gouvernement fort » ne sont absolument pas contradictoires : un gouvernement ne peut aujourd'hui, dans les pays libres, être un gouvernement fort que s'il possède une assise démocratique profonde (précisément par le recours au référendum). La notion de démocratie a de nos jours tant d'attraits que tous les gouvernements s'en réclament, depuis le dirigisme le plus strict des « démocraties populaires » jusqu'à l'anarchie organisée du régime des partis en France.

DÉMOCRATIE (n. f.) 1. — (Lato) Gouvernement du peuple. 2. — (Stricto) Régime politique où le peuple, ensemble des citoyens, est souverain de droit. 3. — Pour Rousseau, état de droit, indépendant de la forme de gouvernement, dans lequel la volonté générale des citoyens (loi exempte de passions et d’intérêts) est absolument souveraine. Le citoyen y est à la fois législateur et sujet des lois. 4. — (Par ext.) Se dit des systèmes politiques où tous les citoyens, selon des droits égaux, participent de près ou de loin aux décisions politiques, notamment par élection des gouvernants.




DÉMOCRATIE

Jusqu’au XVIIe siècle : gouvernement du plus grand nombre, par opposition au gouvernement d’un seul (monarchie) ou de quelques-uns (aristocratie), sans autre précision sur le régime adopté (on parle de la démocratie athénienne établie dès le VIe siècle avant J.-C.). 2. Gouvernement du peuple par le peuple. Ce qui signifie que le peuple (= l’ensemble des citoyens) détient la souveraineté (= le pouvoir suprême) et que sont reconnus des droits égaux à tous les citoyens. La démocratie est directe si le peuple participe en assemblée aux décisions, mais elle est indirecte quand il délègue à des représentants (députés) l’exercice de son pouvoir souverain. La démocratie est le gouvernement par le peuple et pour le peuple», disait A. Lincoln, président des U.S.A. de 1860 à 1865.)



DÉMOCRATIE ATHÉNIENNE

. Dans l'Antiquité, Athènes fut le modèle de la cité démocratique (de dêmokratia, gouvernement du peuple). Progressivement mise en place à partir du VIIe siècle av. J.-C. par les réformes de Dracon, Solon et Clisthène, la démocratie athénienne connut son plus bel épanouissement au Ve siècle av. J.-C., à l'époque de Périclès, et devait durer jusqu'à la conquête macédonienne. Les citoyens, tous égaux devant la loi, formaient l'ecclésia ou assemblée du peuple et exerçaient eux-mêmes le pouvoir sans l'intermédiaire de représentants : ce fut une démocratie directe. Ils pouvaient, sans distinction de naissance ou de richesse, par tirage au sort ou élection, devenir membres du conseil (la Boulé), du tribunal (l'Héliée) ou magistrats. L'exil pour dix ans ou ostracisme protégea enfin tout retour à la tyrannie. Juridiquement, la cité athénienne se définissait comme regroupant les Athéniens et non l'ensemble des habitants de l'Attique. Ainsi, seule une minorité exerça des droits politiques : ce furent les citoyens (vers 440 av. J.-C., 40 à 45 000 sur les 300 000 habitants de l'Attique), hommes libres âgés de 18 ans, nés de père athénien et, depuis 451 av. J.-C., de père et de mère athéniens. En furent exclus les femmes, les étrangers résidents ou métèques et les esclaves qui par leur travail permettaient aux citoyens de se consacrer aux affaires de la cité. Encore le système ne fonctionnait-il que grâce à un fort absentéisme : l'Ecclésia n'attirait ordinairement que 2 000 à 3 000 citoyens, un quorum de 6 000 personnes étant requis pour les décisions graves, comme l'ostracisme. La démocratie athénienne coûta aussi très cher. L'indemnité de présence (misthos) donnée aux membres de la Boulé, de l'Héliée puis plus tard à ceux de l'ecclésia qui permettait la participation de tous au gouvernement fut, au moins au départ, payée grâce au tribut versé par les « alliés » de la ligue de Délos. Au IVe siècle av. J.-C., lorsque disparut l'empire athénien, les citoyens appauvris s'intéressèrent moins à la vie politique et la démocratie déclina.

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