Databac

CRITIQUE

Du grec kritikos, «capable de juger, de discerner» (de krinein, «distinguer», « juger »). - Examen rationnel du fondement, de la légitimité ou de la valeur d’une chose. - Chez Kant (philosophie critique), examen du pouvoir de la raison et de la valeur des connaissances que celle-ci délivre. • L'esprit critique est l'attitude intellectuelle qui consiste à ne souscrire à aucune affirmation avant d'en avoir examiné la légitimité. • La critique de la raison pure, dit Kant, est le tribunal que la raison est sommée d'instituer pour juger du bien-fondé de ses propres prétentions à l'égard des connaissances a priori (indépendantes de l'expérience).  

CRITIQUE. n.m., n.f. (gr. krinein « juger »). ♦ 1° Adjectif, a) Un moment décisif dans une situation, une maladie, le moment où le dénouement va se produire, b) Une attitude d’examen, plutôt malveillante, orientée vers la découverte des points faibles et des défauts. c) Une attitude d’examen attentive et lucide mais qui s’efforce d’être objective et d’éviter, à la fois, la confiance naïve et le dénigrement systématique. En ce dernier sens, l’esprit critique est une qualité intellectuelle qui protège contre l’erreur et évite les jugements inconsidérés. L’esprit critique cherche scrupuleusement les raisons de croire et d’affirmer. ♦ 2° Substantif, a) Au masculin, le critique est un homme dont la profession est d’examiner la qualité et la valeur d’une œuvre intellectuelle ou artistique. Ex. : critique de théâtre, b) Au féminin, la critique est un examen portant sur la validité, l’authenticité ou la valeur d’une œuvre réalisée. Elle s’exerce dans le domaine scientifique, par exemple sur les hypothèses ; — en histoire, sur l’authenticité des documents, la fiabilité des témoignages ; — en littérature, sur la qualité des livres. — En philosophie, la critique est un examen de la valeur de la connaissance et des conditions qui la rendent possible. On parle d’attitude ou de période précritique pour désigner un moment de la pensée ou de l’histoire de la pensée qui précède l’examen critique.

CRITIQUE

C’est, au sens ancien, la partie de la logique qui traite du jugement. Aujourd’hui examen d’un fait, d’une œuvre d’art, d’un comportement, en vue de porter un jugement d’appréciation, qui peut être logique, esthétique, moral, etc. Dans un sens plus restreint, le terme implique un jugement défavorable.

♦ L’adjectif présente le même double sens : s’il est conseillé d’exercer son esprit critique (ne serait-ce que pour philosopher. ..) afin de ne rien admettre sans examen, il ne l’est pas de le développer dans le sens d’une sensibilité exclusive aux défauts. Mais il qualifie aussi ce qui constitue une crise ou s’y rapporte (être dans un état critique).

Kant a donné lui-même le nom de philosophie critique à son système de pensée. Il s’agit, radicalement, d’une « expérimentation de la raison pure », d’une « mise à l’épreuve » et d’une « justification ». Pour éviter que la raison se perde dans des hypothèses invérifiables ou arbitraires (rejetées par Kant comme « marchandise prohibée »), il convient, afin de se défaire des dogmatismes contradictoires qui régnent particulièrement en métaphysique, d’en dresser tout d’abord un panorama exhaustif. C’est pourquoi la philosophie critique implique un examen historique des systèmes antérieurs (cf. dans la Critique de la raison pratique le tableau des principes hétéronomiques de la moralité). Mais il faut de surcroît que la raison entreprenne « la plus difficile de toutes ses tâches », qui est « la connaissance de soi-même », et institue « un tribunal qui la garantisse dans ses prétentions légitimes et puisse en retour condamner toutes ses usurpations sans fondements » en décelant ses propres conditions d’exercice.

Ainsi la philosophie critique aboutit bien à une limitation des capacités rationnelles de connaissance (c’est le sens du criticisme), elle concerne « non l’extension des connaissances elles-mêmes, mais leur justification » ; mais, dans la mesure où cet examen de la raison par elle-même doit être « public », c’est-à-dire capable de se confronter à la pensée et aux pratiques d’autrui, il apparaît que la démarche critique est le seul moyen d’éviter tout ce qui ressemble à la dissimulation, au secret ou à l’égoïsme : elle correspond alors très précisément à la faculté de légiférer universellement qu’est par définition la raison.

CRITIQUE

1. Au sens courant, une critique est un jugement défavorable (la critique est le contraire de la louange).

2. En littérature et philosophie, la critique est une étude visant à évaluer une œuvre ou un système — de façon favorable ou défavorable ou même sans jugement tranché — en cherchant à situer son contexte, ses significations exprimées ou sous-entendues, ses modes de raisonnements, etc. (faites un commentaire critique de ce texte, demande-t-on aux candidats bacheliers).

3. Philosophie critique ou criticisme : nom sous lequel on désigne la philosophie d’E. Kant. Kant ne cherche pas à établir un système philosophique de plus mais veut examiner ce que peut la connaissance humaine : comment la raison fonctionne-t-elle ? Quels sont ses principes ? Quelle valeur de certitude peut-elle atteindre ? CRITIQUE (n. f.) 1. — Acte de juger, d’évaluer une chose, une affirmation, une attitude : la critique était autrefois une partie de la logique traitant du jugement. 2. — Jugement défavorable. 3. — Philosophie critique : (stricto) philosophie kantienne (criticisme) ; (lato) toute philosophie qui pose le problème de la valeur de la raison, ou de la connaissance humaine, dans les termes de l’idéalisme transcendantal. 4. — Qui indique une crise.

Liens utiles