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Courtoise (littérature)

Courtoise (littérature) Littérature du moyen âge (surtout aux XIe et XIIe siècles), caractérisée par la revalorisation de la femme et le raffinement des mœurs notamment dans le domaine des relations amoureuses. La littérature courtoise se développa d’abord dans les cours des seigneurs (« courtois » est formé sur « cour ») et conserva toujours de ce fait un caractère aristocratique. Le genre dominant dans le Midi de la France est la « chanson » (poème lyrique) due aux « troubadours ». Dans le Nord, les « trouvères » composent et déclament des « romans » (récits en vers).


COURTOISE (littérature) - Littérature inspirée par le culte de la femme, le raffinement des mœurs et la préciosité amoureuse qui régnait dans les cours seigneuriales du Moyen Age (XIe et XIIe siècles). ÉTYM. : la littérature courtoise était la littérature des cours seigneuriales. Le mot cour s’est d’abord orthographié court, orthographe qui s’est conservée dans notre court de tennis. La littérature courtoise a exprimé les valeurs chevaleresques de la féodalité. Elle est indissociable de l’amour courtois, extrême idéalisation de la passion qui a inspiré au Midi la poésie des « troubadours » et au Nord celle des « trouvères ».
—> Moyen Age — Troubadour — Trouvère

Courtoise (littérature). Littérature médiévale qui s’adresse au public aristocratique des cours (court en ancien français). Elle reflète l’idéal social du second âge féodal qui commence au XIIe siècle, époque où la chevalerie se transforme en une classe héréditaire qui tend à codifier ses règles de conduite. Les dames, donnant le ton, introduisent dans les mœurs un raffinement. Ainsi apparaît la fin amor ou amour courtois. Cet art d’aimer est né au XIIe siècle à la cour d’Aliénor d’Aquitaine, puis de celles de ses deux filles, Marie de Champagne et Aëlis de Blois, où l’on débat fréquemment des comportements amoureux, et où l’on va même jusqu’à les codifier dans des Traités, comme le feront plus tard les Précieuses. Hérité du platonisme, l’amour courtois, fondé sur l’estime, résulte d’un choix et non d’une fatalité. Le chevalier, tenu par la règle du secret (illustrée par Marie de France dans un de ses Lais, Lanval), doit adopter une attitude de soumission absolue à l’égard de sa «dame». Le terme est hérité du latin domina : maîtresse. Transposition amoureuse du pacte vassalique, cette conduite est calquée sur celle du vassal vis-à-vis du seigneur. La dame, mariée, est sexuellement interdite. L’amour courtois, fondé sur l’adultère, puisque la dame est toujours une femme mariée, semble dédaigner la sexualité. Il hésite pourtant constamment devant une alternative, réhabiliter l’amour charnel ou y renoncer en sublimant l’amour humain en amour divin. Cette deuxième solution caractérisant l’éthique cathare, certains historiens ont avancé l’hypothèse d’une influence de la pensée cathare sur les troubadours. Dans le cas où une relation chamelle s’instaure entre l’amant et sa dame, celle-ci impose à l’homme l'asag, épreuve de continence dans laquelle le jeu érotique ne doit pas aller jusqu’à la réalisation de l’acte sexuel.
La poésie courtoise prend naissance au début du xiie siècle, dans le Midi de la France, avec Guillaume IX d’Aquitaine (1071-1127), le premier troubadour. On désigne ainsi, au Moyen Age, le poète courtois de langue d’Oc par opposition au trouvère, qui écrit en langue d’Oïl. Guillaume d’Aquitaine nous a laissé des «chansons» d’amour, poèmes composés avec une musique spécifique. L’activité des troubadours est très féconde jusqu’à la fin du XIIIe siècle avec, par exemple, Marcabrun, Bernard de Ventadour, Bertrand de Born, Fouquet de Marseille, etc. Du point de vue rhétorique, le style des troubadours qui préfèrent le trobar clus (style clos, c’est-à-dire obscur) au trobar plan (style clair) se caractérise par un certain hermétisme. Quant à leur musique, elle s’apparente au chant liturgique. Jongleurs et ménestrels exécutent les œuvres écrites par les poètes-musiciens. Certains troubadours ont leur interprète attitré qu’ils citent dans leurs œuvres. Le rapport qui unit le jongleur et le troubadour est comparable à celui qu’entretiennent aujourd’hui le metteur en scène et l’auteur dramatique.
La poésie courtoise essaime dans le nord de la France, où, dans le dernier tiers du XIIe siècle, naît la littérature narrative courtoise, versifiée (en octosyllabes), avec des romanciers comme Chrétien de Troyes (ex : Le Chevalier à la charrette), Thomas d’Angleterre (ex : Le Roman de Tristan) et une novelliste comme Marie de France (ex : Les Lais). Un siècle après, ces romanciers ont de pâles continuateurs qui adoptent la prose et, reprenant leurs intrigues, ajoutent de nombreux épisodes. Ce sont nos premiers romans-fleuves.
Après avoir gagné le nord de la France, le lyrisme des troubadours se répand au XIIIe siècle dans toute l’Europe où il exerce une influence considérable, particulièrement en Italie où il donne naissance au courant du Dolce Stil Nuovo, ce « doux style nouveau » qui caractérise la poésie de Dante et de Pétrarque, et en Allemagne, où il est à l’origine du mouvement poétique des Minnesingers (poètes musiciens qui chantent l’amour).

A la fin du Moyen Age, la littérature courtoise meurt en France car, figée dans des topoi formels et thématiques, elle a sombré dans l’académisme. La « Dame sans merci » (sans pitié) et « l’Amant martyre » sont des figures totalement désincarnées au XVe siècle, chez un poète comme Alain Chartier notamment. Toutefois, les idéaux de l’amour courtois, loin d’être remis en question à la Renaissance, demeurent vivaces dans la littérature jusqu’au xviie siècle, chez Corneille par exemple.


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