CLÉMENT MAROT
Sa vie (1496-1543)
Clément Marot, fils d'un poète aimé de Louis XII puis de François Ier, naquit à Cahors en 1496. Après des débuts poétiques dans la tradition médiévale des Rhétoriqueurs, Marot devient valet de chambre de Marguerite d'Alençon, sœur de François Ier et future reine de Navarre, puis il succède en 1526 à son père comme valet de chambre du roi. Son crédit ne l'empêche pas d'être emprisonné au Châtelet en février 1526, sous l'inculpation d'avoir mangé du lard en Carême, et en octobre 1527 à la Conciergerie, pour avoir tenté de délivrer un prisonnier emmené par la police. Dès son premier emprisonnement, il avait écrit pour se venger une violente satire contre le Châtelet, l'Enfer, qu'il n'osera publier qu'en 1539. De 1527 à 1534, Marot compose de nombreuses pièces de circonstance dont les plus intéressantes sont les Épîtres inspirées par sa propre existence : il y manifeste son esprit et sa verve pittoresque. Mais à nouveau accusé en 1532 d'avoir « mangé le lard » en Carême, il doit se réfugier en Navarre à la suite de« l'affaire des Placards » (1534), des affiches contre la messe ayant été placardées jusque sur la porte de la chambre du roi à Amboise. Après un exil à Ferrare et à Venise, il revient en France de 1537 à 1542, mais une réédition de l'Enfer l'oblige à se réfugier à Genève où il traduit des Psaumes sous la direction de Calvin (août 1543); Chassé de Genève pour inconduite, il tente en vain de rentrer en grâce et il meurt en Italie, à Turin, en 1544, l'année de la publication de ses œuvres complètes à Lyon.
AU ROI, « POUR AVOIR ÉTÉ DÉROBÉ»
Premier janvier 1532 : à la fin de cette épître, MAROT adresse ses vœux à François Ier: « Dieu tout-puissant te doint pour t'étrenner Les quatre coins du monde gouverner ». Il saisit l’occasion d'attirer d'abord l'attention du roi sur sa propre détresse. Essayera-t-il d'apitoyer le monarque par un douloureux récit? Le subtil quémandeur connaît mieux son affaire ! Il dissimule adroitement son angoisse sous une apparente bonhomie, plaisante sur sa propre misère et introduit sa demande d'argent avec une verve irrésistible: c'est l’essence même du badinage marotique.