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CÉSAR Caïs Julius

CÉSAR Caïs Julius. Homme d'Etat et général latin. Né le 13 juillet de l'an 101 avant J.-C., mort le 15 mars 44. Il fut la figure dominante des dernières années de la République romaine : grand orateur, écrivain vigoureux, mais surtout général et homme politique de génie, à la fois ambitieux et impulsif, mais aussi généreux, hardi et plein de finesse. Doué d'une culture vaste et raffinée et d'une mémoire exceptionnelle, il connaissait les doctrines des philosophes de la politique, comme l'histoire des grands empires orientaux, et s'intéressait également aux problèmes de linguistique et de grammaire — son oeuvre : De l'analogie, dont il nous est parvenu des fragments, soutenait la thèse de purisme de la langue contre la nouvelle école des « anomalistes ». Il était encore tout jeune lorsque Sylla reconnut en lui « l'étoffe de plusieurs Marins », et il est en effet un peu l'héritier et le continuateur de son oncle, l'ancien chef de parti, comme Pompée le fut de Sylla. Il s'appuya lui aussi sur le peuple et se servit de son prestige militaire pour lutter contre le Sénat dont il fut toujours l'ennemi acharné. Il entra dans la vie politique en 77 en accusant Dolabella de concussion; après un voyage à Rhodes où il suivit les cours du rhéteur Molon, il commença en 67 à gravir le cursus honorum. Il montra ses sympathies démocratiques en donnant son appui à la réforme agraire de Servilius Rullus et en cherchant à sauver au Sénat la tête des partisans de Catilina. Il optait ainsi pour deux mouvements révolutionnaires (en dépit des formes légales revêtues par le premier) qui s'achevèrent tous deux par le triomphe de l'oligarchie patricienne. Mais la victoire fut de courte durée : le retour de Pompée victorieux vit naître les premiers dissentiments entre lui et le parti conservateur, jaloux d'un prestige militaire grandissant, dont Pompée cependant, moins résolu ou peut-être plus respectueux de la légalité qu'un Sylla ou un César, ne voulut ou ne sut pas profiter dans l'immédiat; déçu dans ses aspirations, et voyant ses demandes repoussées par le Sénat, il se rapprocha de César et de Crassus (premier triumvirat). César obtint ainsi le commandement des Gaules, grâce auquel il put se créer une armée à son entière dévotion, base de sa future puissance politique. Pompée renouvela alors ses revendications, et le Sénat, trop faible pour résister aux triumvirs, fut contraint de céder. La mort de Crassus mit fin à un équilibre précaire : Pompée se rapprocha à nouveau du Sénat, et la guerre se déclara entre lui et César à propos des questions formelles, simples prétextes d'une lutte dont l'enjeu était le pouvoir suprême. La fortune sourit à César : la bataille décisive de Pharsale, où l'hésitant Pompée, débordé par la rapidité des mouvements de l'adversaire, fut battu et s'enfuit en Egypte pour y trouver la mort, fit de lui le maître incontesté de Rome. Il songea alors à réaliser son rêve d'un pouvoir personnel absolu, d'une monarchie qui gouvernât avec impartialité et justice des sujets tous égaux devant elle. Porté au pouvoir par la lutte des factions, il chercha a les réconcilier dans un ordre nouveau à l'édification duquel furent invités à collaborer les moins irréductibles de ses adversaires : à cette fin il établit un programme de réformes que les républicains conjurés contre lui étouffèrent dans l'oeuf en le poignardant aux Ides de Mars de l'an 44. Il raconte lui-même ses entreprises dans les Commentaires de la guerre des Gaules, et les Commentaires de la guerre civile. Le premier de ces ouvrages, divisé en sept livres, relate les événements des sept premières campagnes que César mena contré les Gaulois, et fut rédigé en 51 ou 50; sur l'invitation de César, Hirtius en 48 acheva dans un huitième livre le récit de la conquête des Gaules. En écrivant ces commentaires, César visait à un but très déterminé : pendant la guerre des Gaules il avait été l'objet de nombreuses attaques de la part des patriciens et ces accusations, colportées dans les cercles mondains, mises en vers par les poètes satiriques, circulaient au Forum et rendaient dangereuse la situation du vainqueur des Gaules. Ce livre avait donc un caractère apologétique très net qui, bien qu'habilement dissimulé, n'échappa point aux contemporains : Asinus Pollion (Suétone, Cés. 56) accusait hautement leur auteur d'avoir altéré la vérité. S'il est difficile de trancher aujourd'hui sur le degré d'exactitude des faits rapportés par César, il semble qu'il les ait présentés tout au moins sous le jour qui lui était le plus favorable, et qu'il a passé sous silence ce qui aurait pu le desservir. La version officielle accréditée par César est que la campagne des Gaules (par laquelle il avait indiscutablement dépassé les limites de son mandat de gouverneur de la Narbonnaise) avait été provoquée par l'attitude menaçante des Gaulois, et de même, d'après lui, la guerre civile aurait été voulue par le Sénat. Tous les anciens se sont accordes à louer la limpidité et la précision d'un style rapide qui va droit à l'essentiel, comme il sied à l'homme d'action; aujourd'hui, tout en lui reconnaissant ces qualités, les critiques modernes ont été frappés par des négligences, des redites, une certaine monotonie dans le récit, des obscurités allant parfois jusqu'à l'incohérence, qui cadrent mal à la fois avec les qualités d'écrivain dont César témoigne d'autre part, et avec le jugement des contemporains. On en fut amené à conclure que le texte qui nous a été transmis a subi des altérations, provenant d'interpolations et de l'absence de certains passages. Malgré tout, l'oeuvre reste une source précieuse de renseignements sur cette période décisive de l'histoire romaine, et nous donne un aperçu des talents d'écrivain et d'homme politique du grand dictateur.

? « J'aperçois dans tous ses projets et dans toutes ses actions des intentions tyranniques... Mais quand je regarde ses cheveux si artistiquement dérangés, quand je le vois se gratter la tête du bout du doigt, je ne puis croire qu'un tel homme puisse concevoir le dessein de renverser la république. » Cicéron. ? « Il avait, dit-on, la taille haute, le teint blanc, les membres bien faits, le visage un peu trop plein, les yeux noirs et vifs, une santé robuste quoique dans les derniers temps il fût sujet à des syncopes soudaines et même à des terreurs qui interrompaient son sommeil. Il eut aussi deux fois des attaques d'épilepsie en plein travail. Trop minutieux dans le soin de sa personne, il ne se bornait pas à se faire tondre et raser de près, mais allait jusqu'à se faire épiler, à ce que certains lui reprochèrent, et ne se consolait pas d 'être chauve, ayant constaté plus d'une fois que cette disgrâce provoquait les plaisanteries de ses détracteurs. Aussi avait-il coutume de ramener en avant ses cheveux trop rares et, parmi tous les honneurs que lui décernèrent le sénat et le peuple, celui qu'il reçut et dont il profita le plus volontiers fut le droit de porter en toute occasion une couronne de laurier. » Suétone. ? « Son ambition et son amour inné des grandes actions ne lui permettaient pas de jouir en paix des nombreux succès acquis par ses travaux; ces succès ne faisant que l'enflammer et l'enhardir en vue de l'avenir, lui inspiraient des projets toujours plus vastes et le désir d 'une gloire nouvelle, celle qu'il possédait ne lui suffisant jamais. » Plutarque. ? « Certes, je lis cet aucteur avec un peu plus de révérence et de respect, qu'on ne lict les humains ouvrages ; tantost le considérant luy mesme par ses actions et le miracle de sa grandeur; tantost la pureté et inimitable polissure de son langage, qui a surpassé non seulement tous les historiens, comme dict Cicero, mais à l'adventure Cicero mesme avecques tant de sincérité en ses jugements, parlant de ses ennemis, que, sauf les faulses couleurs de quoy il veult couvrir sa mauvaise cause et l'ordure de sa pestilente ambition, je pense qu 'en cela seulon y puisse trouver à redire qu 'ü a esté trop espargnant à parler de soi; car tant de grandes choses ne peuvent avoir esté exécutées par luy, qu'il n'y soit allé beaucoup plus du sien qu'il n'y en met. » Montaigne. ? « Il est très certain que les mémoires de ce conquérant sont écrits d'une manière très négligée. » Bayle. ? « ...il ne prit point de titres usés; mais il fit de son nom un titre supérieur à celui des rois. » P.-L. Courier. ? « De ce morcellement, il résultait que les Gaulois n'avaient aucune armée de ligne entretenue, exercée, et dès lors aucun art ni aucune science militaire. Aussi, si la gloire de César n'était fondée que sur la conquête des Gaules, elle serait problématique... L'on ne peut que détester la conduite que tint César contre le sénat de Vannes... Cette conduite n'était pas juste; elle était encore moins politique. » Remarques de Napoléon Ier sur les Commentaires de la guerre des Gaules.




César, Caius Iulius Caesar (101/100-44 av. J.-C.) ; général et homme d’Etat romain. Né à Rome dans une gens patricienne qui prétendait se rattacher à Iule, fils d’Énée, petit-fils de Vénus, et qui était alliée à Marius (la tante de C., Iulia, était la veuve de ce dernier), C. épouse en 84 Cornelia, fille de Cinna : de cette union, naîtra (85) une fille, Julie. Il est donc lié très tôt aux populares. Pendant la dictature de Sylla, C. part dans la province d’Asie où il sert dans l’armée et gagne la couronne civique. Puis il passe en Cilicie et lutte contre les pirates. En 78, à la mort de Sylla, il rentre à Rome, se fait accusateur, sans succès, de syllaniens célèbres mais prouve son talent oratoire. Fin 76, en rejoignant Rhodes pour perfectionner sa culture et écouter les leçons du célèbre rhéteur Apollonios, fils de Molon, il est capturé par des pirates qu’il châtie lui-même. De retour à Rome en 73, il est coopté dans le collège des pontifes et élu tribun militaire. Il participe à la réaction contre Sylla, soutient Pompée et Crassus (consuls en 70) qui restaurent la totalité des droits des tribuns de la plèbe et brave le Sénat en faisant défiler des effigies de Marius lors des funérailles de sa tante Iulia dont il prononce l’éloge funèbre (69). Quatre traits caractérisent déjà le jeune homme : la culture, l’ambition, l’appui aux populares, la confiance absolue en son destin et en son rang. En 68, questeur en Espagne ultérieure, il soutient les revendications des Transpadans qui réclament le droit de cité complet. L’année suivante, il siège au Sénat où il défend, presque seul, l’octroi de pouvoirs extraordinaires à Pompée pour lutter contre les pirates. Il épouse alors, Cornelia étant morte, Pompeia, fille de Pompée, un mariage politique. La même année, il participe, avec prudence, à un complot mené par Crassus, entreprise qui avorta. En 65, édile curule, il donne des Jeux fastueux et un combat de gladiateurs de 320 paires de combattants, vraisemblablement financés par Crassus : la popularité de C. est de plus en plus grande. Toujours avec Crassus, il soutient la candidature de Catilina au consulat (64) dont il essaie de sauver les complices (63) de la peine de mort tout en condamnant l’attitude de leur chef. Cette dernière année, il est élu grand pontife, fonction habituellement occupée par des magistrats chevronnés, ce qui n’est pas son cas. Mais dans une cité où politique et religion sont inséparables, la position de C. est déjà exceptionnelle : à la fois chef de la religion et leader des populares. En 62, alors qu’il est préteur éclate le scandale de Clodius, pendant les mystères de la Bonne Déesse : C. répudie Pompeia (« La femme de C. ne doit pas même être soupçonnée »). Propréteur en Espagne ultérieure (61), attentif aux provinciaux, il se révèle un remarquable administrateur et montre de grandes qualités militaires : ses soldats le saluent du titre d'imperator. Retour rapide à Rome où il conduit avec Crassus et Pompée (été 60) un accord privé, personnel et secret pour contrôler le pouvoir : Crassus a l’argent, Pompée le prestige militaire, C. le soutien des populares et l’aura sacerdotale. Ce « premier triumvirat », renouvelé et mis en forme en 56, à Lucques, aboutit à l’élection de C. comme consul pour 59. Pendant son consulat, il se montre d’une si puissante activité qu’il éclipse son collègue et ennemi, Bibulus. Strict sur le respect formel des tra ditions, C. réussit à faire voter une série de lois qui favorisent les autres triumvirs (ratification des actes de Pompée, lotissement de ses vétérans ; profits et remboursement indirect pour Crassus) et les populares (loi agraire ; loi limitant les avantages des gouverneurs dans les provinces ; publication des Acta des séances du Sénat et des assemblées). Pour lui-même, il obtient, après son consulat, le gouvernement pour cinq ans de l'Illyricum et de la Gaule Cisalpine (avec 4 légions). C. projetait, semble-t-il, des conquêtes du côté du Danube. Les circonstances et les migrations des Helvètes en décideront autrement. Enfin, pour consolider ses arrières pendant cette absence, il place ses hommes à Rome (Clodius), et renforce ses alliances (il épouse la fille de Piso tandis que Pompée se marie avec Julie). Il peut donc partir pour ses provinces. En vue « d’accroître sa renommée et sa puissance ». La Guerre des Gaules, écrite par C. et complétée par un de ses officiers (Hirtius), constitue le seul texte qui relate les huit campagnes menées par C. entre 58 et 51 : en 58, à l’appel des Eduens, alliés de Rome, C. arrête des Helvètes qui avaient décidé de gagner le pays des Santons (région de Saintes) et repousse Arioviste (un Germain transrhénan) qui comptait s’établir sur la rive gauche du Rhin ; en 57, les Belges qui craignent que les Romains ne s’établissent en Gaule se soulèvent : C. renforce son armée et fond sur la Belgique où il bat les Suessions, puis les Nerviens ; sitôt le triumvirat reconduit à Lucques (56), C. gagne le pays des Vénètes (sud de notre Bretagne actuelle), remporte sur l’océan une bataille navale (cette même année, C. publie un traité de grammaire) ; comme deux peuplades germaniques ont passé le Rhin, l’année 55 voit C. les exterminer, franchir le fleuve sur un pont de bois puis traverser la mer du Nord et débarquer en Bretagne (l’actuelle Angleterre) ; en 54, nouvelle et longue expédition en Bretagne (Angleterre), puis dans le nord-est de la Gaule où s’agitent des peuples gaulois (sa fille Julie meurt cette année) ; en 53, de nouveau une levée de légions en Italie, une campagne contre les Nerviens, puis en Germanie (c’est alors que C. fixe le Rhin comme frontière entre la Gaule et ce dernier pays) tandis que Crassus se fait tuer en Syrie et Clodius à Rome ; en 52 éclate l’insurrection générale que mène Vercingétorix et qui s’achève en Alésia ; en 51, des expéditions menées dans presque toute la Gaule font cesser toute résistance et assurent la paix. Le bilan est lourd : au moins six ou sept centaines de milliers de morts, autant de prisonniers, sinon davantage, du côté des vaincus ; une quarantaine de milliers du côté des vainqueurs. Mais C. gagne une armée de dix légions d’une fidélité sans faille et d’une capacité technique sans égale. De plus, il est devenu fabuleusement riche. A Rome, la situation s’est dégradée. C. y conserve des partisans, en particulier parmi les tribuns de la plèbe. Ses adversaires, dont Caton, essaient d’obtenir du Sénat la destitution de son commandement afin qu’il se rende à Rome en simple particulier et que l’on puisse alors instruire son procès. Au début de janvier 49, les consuls et le Sénat, soutenus désormais par Pompée, votent l’état d’urgence. C., qui jusqu’alors avait toujours voulu éviter le retour de la guerre civile, pénètre en Italie (12 janv. 49) en franchissant le Rubicon (une rivière, frontière entre la Cisalpine et l’Italie), marche sur Rome que Pompée et la majorité des sénateurs évacuent pour se réfugier en Grèce, assure ses positions à Rome et en Italie, conforte ses arrières en prenant Marseille et en contrôlant l’Espagne par une campagne éclair, est nommé dictateur, distribue du blé à la plèbe de Rome et donne aux Cisalpins libres la citoyenneté romaine, créant ainsi une Italie romaine des Alpes au détroit de Sicile. En 48, consul pour la deuxième fois, il passe en Épire, échappe de peu à Dyrrachium à un désastre avant de battre Pompée à Pharsale (août), en Thessalie. Pompée s’enfuit, se réfugie en Égypte où il est assassiné. On apporte sa tête à C. qui le poursuivait. Prise d’Alexandrie, installation de la jeune et séduisante Cléopâtre VII : C. fait de l’Egypte un protectorat romain. Puis il dirige une expédition aussi brève que brillante en Asie Mineure contre Pharnace (Veni, vidi, vici), rejoint Rome, repart en Afrique, écrase à Thapsus (46) les pompéiens (suicide de Caton), retourne à Rome, y célèbre un quadruple triomphe sur la Gaule, l’Égypte, le Pont et l’Afrique, et accourt en Espagne où il écrase difficilement (mars 45) les derniers pompéiens à Munda (échappe le fils de Pompée, Sextus). A Rome, il célèbre un triomphe sur l’Espagne. Il accumule maintenant les pouvoirs et les honneurs. Si la dictature ne lui a été conférée que pour dix ans en 46, elle lui est accordée à vie en février 44 en plus d’une immunité tribunicienne. En réalité, il est le maître de l’État. A maintes reprises, il a refusé la dignité royale qu’on lui offrait, mais il a accepté des honneurs divins dans les provinces et sa statue est placée à côté de celles des sept rois de Rome sur le Capitole. La création de colonies (Corinthe, Carthage), l’octroi du droit de cité, le remaniement du Sénat porté à 900 membres, l’augmentation du nombre de magistrats qu’il peut en partie désigner, la réforme du calendrier, l’ouverture de grands chantiers à Rome (les Saepta, la Villa Publica, la basilique Iulia, le forum de César avec le temple de Venus Genetrix) constituent quelques-unes des réformes qu’il mit en train. Il se proposait de mener une campagne contre les Parthes lorsque le 15 mars 44 (le jour des Ides), il est assassiné dans la curie de Pompée au cours d’une séance du Sénat, par un groupe hétérogène de conjurés conduits par Brutus et Cassius. La mort du dictateur ouvre une nouvelle période de guerre civile. Aristocrate qui méprise la morale, les lois, l’économie mais qui sait les utiliser lorsqu’elles lui sont utiles, épicurien pragmatique, militaire et écrivain de génie, d’une activité extraordinaire soutenue par une lucidité pénétrante, C. domine la fin de la République. En un temps extrêmement court (deux ans), il pose les principes d’un nouveau régime : Suétone ne s’y est pas trompé qui commence les Vies des douze Césars par celle de C.


CÉSAR, Jules (Rome, 100- id., 44 av. J.-C.) Général et homme politique romain, illustre vainqueur de la Gaule. Grâce à l'appui de la plèbe et d'une armée de 39 légions qui lui fut toute dévouée, il établit à Rome une dictature en utilisant à son profit les institutions républicaines. Issu d'une grande famille patricienne (la gens Iulia) et neveu de Marins, il fut propréteur en Espagne, forma avec Crassus et Pompée le premier triumvirat (60 av. J.-C.) puis fut élu consul en 59 av. J.-C. Pour trouver de l'argent et égaler la gloire militaire de Pompée, il obtint pour cinq ans le proconsulat de la Gaule cisalpine de la Narbonnaise (58 av. J.-C.) et entreprit la conquête de la Gaule (58-51 av. J.-C.). Mais la mort de Crassus (en Orient en 53 av. J.-C.) l'opposa à Pompée, devenu en 52 av. J.-C. consul unique. Lorsque celui-ci, appuyé par le Sénat, lui ordonna de licencier son armée, César refusa. Sûr de ses soldats, il franchit le fleuve Rubicon (frontière de l'Italie romaine et de la Gaule cisalpine) et marcha sur Rome, provoquant une guerre civile qui dura quatre ans (49-45 av. J.-C.). Vainqueur des troupes de Pompée à Pharsale en Grèce (48 av. J.-C.) puis de ses derniers partisans en Afrique et en Espagne, César devint en 45 av. J.-C. le seul maître de Rome et disposa bientôt d'immenses pouvoirs. Chef de la religion romaine (Grand Pontife), imperator, consul pour dix ans en 45 av. J.-C., puis cumulant consulat et dictature - devenue perpétuelle en 44 av. J.-C. -, quasi divinisé de son vivant, César entreprit des réformes d'une ampleur extraordinaire. Il s'efforça d'améliorer le sort de la plèbe en lui faisant distribuer du blé et des terres, en multipliant les grands travaux et en fondant des colonies. Il tenta de limiter le luxe, réforma le calendrier (le calendrier julien) et l'administration des provinces afin de mieux les protéger des abus des gouverneurs, surveilla les publicains et accorda la citoyenneté aux citadins de la Gaule narbonnaise et à certaines cités ro-manisées d'Espagne. Il mit sous tutelle les institutions républicaines, multipliant les magistratures, recomposant le Sénat à sa convenance et l'affaiblissant politiquement, contrôlant étroitement les comices dans leur rôle électoral. César mourut assassiné par Brutus (44 av. J.-C.) pour avoir paru aspirer à la royauté, par le cumul des magistratures et le culte autour de sa personne. Loin de sauver la République, sa mort entraîna de nouvelles guerres civiles qui conduiront à l'établissement du régime impérial. Excellent orateur et grand écrivain, César a laissé les célèbres Commentaires de la guerre des Gaules (51 av. J.-C.) et De la guerre civile (45 av. J.-C.). Voir Dictateur.

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