Databac

CÉSAR

Dans le Nouveau Testament, le nom de César est donné à tous les empereurs romains. Il en fut ainsi dans les nombreux territoires de l'Empire ; le nom de César (Caïus Julius) devint dans la langue allemande Kaiser et dans la langue russe Tsar. Auguste et Tibère étaient les Césars qui régnaient à la naissance de Jésus, puis lors de sa passion.

César (Caesar). Nom d’une famille romaine patricienne de la gens Julia, une dès plus anciennes de Rome, qui faisait remonter ses origines à Iule, fils d’Énée. Le nom «Caesar» a survécu à l’époque moderne dans le russe tsar et l’allemand Kaiser. Le fils adoptif de Jules César, Octave (plus tard l’empereur Auguste), le rajouta à son propre nom, imité en cela par son fils adoptif, l’empereur Tibère, et par ses successeurs. Bien que la branche des Césars de la gens Julia se soit éteinte avec la mort de Néron, les empereurs suivants choisirent de prendre ce nom comme titre, jusqu’à ce qu'Augustus (Auguste) devînt le titre de l’empereur régnant, et Caesar, celui de son successeur désigné ou de son second. Gaius Julius Caesar, général, homme d’État et dictateur romain, né le 12 juillet 100 av. J.-C., assassiné le 15 mars (les ides) 44 av. J.-C..

1. 100-62 av. J.-C. Jules César était le fils de Gaius Caesar, qui mourut avant d’atteindre le consulat, et d’Aurelia. La sœur de son père avait épousé Marius et il épousa Cornelia, fille de Cinna (l’adversaire de Sylla), en 83, si bien qu’il fut d’emblée politiquement lié au parti populaire (voir populares). C’est en 81 qu’il fit sa première campagne militaire, en Asie, mais il se fît connaître à Rome comme accusateur, à deux reprises (sans succès). Il décida ensuite de se retirer à Rhodes pour recevoir l’enseignement du rhéteur grec M. Antonius Gnipho, qui fut aussi le maître de Cicéron. Il fut enlevé par des pirates qu’il fit arrêter et crucifier après sa libération comme il s’était promis de le faire pendant sa captivité. Il revint à Rome en 73 et devint sénateur avant 70, soutenant Pompée lorsque celui-ci, alors consul, abrogea certaines révisions constitutionnelles de Sylla. Durant cette période, et afin de se rendre populaire, il dépensa sans compter des sommes qu’il empruntait à Crassus. En 68 il fut questeur en Espagne Ultérieure. Sa femme Come lia mourut et, lors de son retour à Rome, il épousa une femme de la famille de Pompée, sans aucun doute en prévision d’une alliance avec ce dernier. En 65, il fut élu édile, charge dont le titulaire était censé dépenser des sommes importantes pour les édifices et les distractions publics. Il fit preuve d’une générosité hors du commun et se rendit populaire en relevant les statues et les trophées de Marius. En 63, il fut au premier rang de ceux qui accusèrent avec succès Rabirius, afin de faire progresser la cause du parti populaire (voir cicéron), et s’opposa à l’exécution des complices de Catilina exigée par Cicéron. La même année, il fut élu pontifex maximus, au grand dam de ses rivaux aristocratiques, et préteur pour 62. La fin de sa préture fut marquée par un scandale, la profanation des mystères de la Bona Dea par Clodius qui, déguisé en femme, s’était introduit dans la maison de César. Celui-ci répudia donc sa femme Pompeia, car, comme le rapporte Plutarque, la femme de César « ne pouvait pas même être soupçonnée ».

2. 61-50 av. J.-C. Les qualités dont César fît preuve comme propréteur d’Espagne Ultérieure en 61 établirent sa réputation de général, bien qu’il n’ait eu jusqu’alors que peu d’expérience militaire, et elles lui permirent d’éponger ses dettes. Lors de son retour à Rome, il conclut une alliance officieuse avec Pompée et Crassus (que certains historiens modernes appellent « premier triumvirat ») et fut élu consul pour 59 avec Bibulus, dont il ignora ouvertement les vetos. Ses décisions favorisaient les ambitions personnelles de Pompée et de Crassus et, proconsul en 58, il s’offrit la charge de gouverneur de l’Illyrie (la Dalmatie), de la Gaule Cisalpine (l’Italie du Nord) et de la Gaule Transalpine (le sud de la France).

Il passa les neuf années suivantes à conquérir le reste de la Gaule, campagne qu'il décrit brillamment dans sa Guerre des Gaules. Pendant les premières années, il n’y eut pas de conflits avec Pompée, qui épousa en 59 Julia, fille que César avait eue de sa première femme Cornelia. César, quant à lui, se maria une troisième fois, avec Calpumia, fille de L. Calpumius Piso, qui fut consul en 59. En 56, César jugea que la conquête des Gaules était terminée et, durant les années 55 et 54, il envoya des corps expéditionnaires en Germanie et en Grande-Bretagne. Le pacte avec Crassus et Pompée avait été renouvelé à Lucques en 56 ; Crassus et Pompée devinrent consuls en 55 et reconduisirent César dans ses fonctions pour cinq ans. Mais en 53 Crassus trouva la mort en combattant les Parthes; César et Pompée restèrent seuls à la tête de l’Etat. La femme de Pompée, Julia, qui avait créé un lien entre les deux hommes, était morte en couches l’année précédente. En 53, des révoltes sporadiques éclatèrent en Gaule, et en 52, sous l’impulsion de Vercingétorix, elles se transformèrent en soulèvement général que César réprima après les combats les plus difficiles de sa carrière. La pacification de la Gaule fut achevée en 50. Pendant ce temps, à Rome, à cause des troubles civils, Pompée avait été désigné comme consul unique pour 52, et parmi les mesures qu’il prit figurait une loi autorisant César à se présenter au consulat malgré son absence. Son mandat de proconsul expirant en 49, César avait donc besoin du consulat de 48 s’il ne voulait pas redevenir simple citoyen, susceptible d’être poursuivi en justice par ses ennemis politiques. Le Sénat voulait le rappeler avant qu’il eût une chance de devenir consul alors qu’il disposait encore de son armée, et le consul C. Marcellus suggéra qu’il quittât son commandement le 13 novembre. Pompée hésitait, ne sachant s’il devait soutenir César, mais en définitive il prit le parti de ses adversaires.

3. 49-44 av. J.-C. Le 7 janvier 49, le Sénat ordonne à César, arrivé au Rubicon (frontière entre la Gaule cisalpine et l’Italie), de renvoyer ses soldats. Mais le 10, César franchit le Rubicon avec son armée; c’est le début de la guerre civile. Le Sénat confie à Pompée la conduite de la guerre pour la République, mais César se révèle meilleur stratège et Pompée se réfugie en Grèce; en trois mois. César est maître de l’Italie et jouit pour une bonne part du soutien populaire. Il a la prudence d’être magnanime avec les vaincus, contrairement aux chefs romains qui l’avaient précédé et qui avaient eu recours aux proscriptions. Au lieu de se lancer à la poursuite de Pompée en Grèce, il se rend en Espagne; après une brève et brillante campagne, il force l’armée de Pompée à capituler à Ilerda (Lerida). En 48, il part en Grèce, poursuit Pompée en Epire, mais la puissante armée de ce dernier lui inflige un revers à Dyrrhachium; toutefois, il bat Pompée à Pharsale et le poursuit en Égypte, où, lorsqu’il arrive, Pompée a déjà été assassiné. Après Ilerda, César avait été nommé dictateur afin d’organiser les élections au consulat (où il fut élu) et faire voter la législation nécessaire, mais il avait ensuite abandonné la dictature. Lorsque Rome apprend sa victoire à Pharsale, il est à nouveau nommé dictateur, pour un an. Pendant l’hiver 48, il se consacre à une guerre difficile, la guerre alexandrine, pour établir Cléopâtre VII, devenue sa maîtresse, sur le trône d’Égypte ; il laisse donc le temps aux forces pompéiennes de se regrouper. Peu de temps après, Cléopâtre mit au monde un fils (Césarion), qu’elle prétendait avoir eu de César. Avant de revenir à Rome, César traverse la Syrie et le Pont pour combattre Pharnace, roi du Pont et fils du célèbre Mithridate. Il remporte la victoire en 47 à Zéla, où il prononce son fameux veni, vidi, vici, «je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu». À Rome, il est élu à la dictature pour la troisième fois, mais avant la fin de l’année il part en Afrique, où il défait les partisans de Pompée (c.-à-d. les républicains) à Thapsus en 46 (le suicide de Caton d’Utique à cette date inspira les républicains des époques ultérieures). Lors de son retour à Rome, César est nommé dictateur pour dix autres années, et c’est au cours de quatre triomphes magnifiques qu’il célèbre ses victoires sur les ennemis étrangers (mais non les victoires sur d’autres Romains). Les armes laissent alors la place aux lois et César entreprend des réformes nécessaires, dont la plus durable fut la réforme du calendrier pour laquelle il se fit aider par le mathématicien alexandrin Sosigène (voir calendriers 4). Le calendrier julien resta en vigueur jusqu’au xvie siècle où il fut réformé. Au milieu de toutes ces activités, César fut appelé en Espagne où une révolte républicaine avait éclaté, fomentée par les deux fils de Pompée et par Labienus, un ancien lieutenant de César. Ils sont battus à Munda en 45 après des combats acharnés. La popularité de César est immense parmi le peuple et l’armée, et le Sénat lui accorde des pouvoirs presque monarchiques, ainsi que les emblèmes extraordinaires de la royauté; mais bien qu’il ait tenté de se concilier les puissants sénateurs en se montrant magnanime avec ses ennemis, sa volonté évidente de mettre définitivement fin au gouvernement républicain et de conserver le pouvoir suprême dans sa famille amène certains personnages, au nombre desquels Cassius et Brutus, à se conjurer contre lui, et il est poignardé à mort au Sénat en 44 av. J.-C. (Dans l'Enfer, Dante place les deux assassins en compagnie de Judas dans le neuvième cercle.)

4. César utilisa principalement son énergie et ses étonnantes capacités pour le plus grand profit de Rome ; il rétablit l’ordre et commença à relever l’économie, il fut généreux dans l’attribution de la citoyenneté aux provinciaux, et il abolit la ferme des impôts en Asie et peut-être dans d’autres provinces ; il porta le nombre des sénateurs à 900, recrutant même certains d’entre eux en dehors de l’Italie. Il avait bien d’autres projets, une codification de la loi, par exemple, et préparait une expédition contre les Parthes au moment de sa mort.

5. Ses Commentaires (c.-à-d. «notes») sur la guerre des Gaules et les trois livres (inachevés) sur la guerre civile sont les seuls de ses écrits qui nous soient parvenus intacts. Ce titre fut choisi à dessein pour indiquer qu’il ne s’agissait pas d’un livre sur l’histoire en train de se faire mais d’un simple procès-verbal des événements, rédigé à la troisième personne, et donc un récit véridique et objectif. César voulait en réalité donner l’impression qu’il n’était qu’un simple soldat, menant des guerres nécessaires aux intérêts de Rome, afin de réfuter les accusations de ses adversaires politiques qui prétendaient qu’il se battait pour son intérêt personnel. Quoi qu’il en soit, la Guerre des Gaules est un ouvrage unique, malgré ses intentions politiques, en tant que récit contemporain sur une guerre étrangère écrit par un général romain dans un latin clair et dénué d’artifices. Chacun des livres semble avoir été écrit à la fin de l’année dont il traite et peut-être envoyé un par un à Rome. L’ouvrage fut sans doute publié dans son ensemble en 51 av. J.-C. La Guerre civile est un ouvrage plus explicitement politique, où César affirme que ses ennemis lui ont imposé la guerre, mais il est parfois relevé par quelques touches plus humaines et des éclairs d’humour sardonique. Les Bellum Africanum, Bellum Alexandrinum, et Bellum Hispaniense furent écrits par des membres de son état-major.

6. César écrivit d’autres ouvrages qui n’ont pas été conservés : un recueil de maximes et de plaisanteries qu’Auguste fit supprimer, le jugeant trop frivole ; un ouvrage de grammaire sur les déclinaisons et les conjugaisons, rédigé pendant qu’il traversait les Alpes et dédié à Cicéron; l'Anti-Caton, une réponse acerbe au panégyrique de Caton par Cicéron, et quelques poèmes dont on a conservé une épigramme à Térence. César fut un grand orateur, le plus éloquent des Romains, selon Cicéron. Plutarque et Suétone nous ont chacun laissé une vie de César. Plusieurs bustes considérés comme authentiques nous montrent un visage austère et glabre, les cheveux coiffés plus tard en arrière pour dissimuler une calvitie, tel que Suétone l’a décrit. César était grand, pâle, avec des yeux noirs perçants, et il soignait sa personne. On disait qu’il avait été mis au monde par césarienne, mais on rapporte la même chose du premier membre de la gens Julia qui prit le nom de César, afin d’expliquer ce nom en le faisant dériver de caesus, « coupé ». Sur «César» comme titre donné sous l’Empire romain.

Liens utiles