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CENSURE

Du latin censura, « charge de censeur » (magistrat romain responsable du recensement). En psychanalyse, fonction psychique qui interdit aux désirs inconscients l’accès de la conscience et les fait apparaître sous une forme travestie. • Dans le cadre de sa « seconde topique » (1923), Freud identifie la censure au surmoi, c’est-à-dire à l'instance qui a pour fonction de surveiller, de juger et éventuellement de réprimer (ou de « censurer ») nos pulsions.

CENSURE, n.f. (lat. censura : c'est la charge de censeur qui a pour fonction d'examiner et de critiquer). ♦ 1° Le sens usuel implique un contrôle exercé sur les publications ou les mœurs d'une société donnée. La censure peut être considérée comme un devoir des États. Elle est généralement très mal acceptée par l'opinion, qui voit en elle une entrave à la liberté personnelle. Les « philosophes » du XVIIIe siècle ont été, au nom de la liberté de penser, des adversaires résolus de toute censure. ♦ 2° Au sens psychanalytique, la censure est un contrôle exercé par la personnalité structurée, à l'égard de certains désirs ou de certaines dispositions qu'elle constate en elle, qu'elle réprouve et qu'elle refoule. Ce refoulement ne suffit pas à détruire dispositions et désirs qui se manifestent alors dans des déguisements, des transformations symboliques, des actes manqués ou autres comportements perturbés.
CENSURE
1. Au sens politique et social, la censure est le fait pour une autorité de contrôler, de limiter et même d’empêcher la liberté d’expression (en temps de guerre les journaux paraissent avec des lignes ou des passages supprimés par la censure militaire).
2. Pour la psychanalyse, la censure est la fonction qui interdit aux désirs inconscients de se manifester parce qu’ils viendraient troubler ou combattre la personnalité consciente. Dans ses premiers textes, S. Freud fait de la censure une activité autonome alors que dans ses derniers textes elle est exercée soit par le Surmoi , soit par le Moi . C’est la censure qui, par exemple, rend nos rêves obscurs : elle déforme, déguise ou symbolise les désirs, notamment sexuels.
CENSURE (n. f.) Dans la première topique freudienne (inconscient, préconscient, conscient), instance qui tend à interdire aux désirs inconscients, et aux représentations qui en dérivent, l’accès au préconscient ou au conscient.
CENSURE nom fém. — Contrôle exercé par le pouvoir sur les productions intellectuelles et artistiques. ÉTYM. : en latin, le censor était déjà « celui qui blâme ». De là est venu le sens administratif « celui dont le blâme peut empêcher la publication ». Mais, en latin, le mot a d’abord comporté l’idée de recensement des individus et des fortunes. L’idée de blâme n’est apparue qu’ensuite. Il n’existe pas de pays dépourvu de censure. Le contrôle s’exerce simplement avec plus ou moins de rigueur et selon des procédures plus ou moins franches. Au Moyen Age, la censure fut assurée en France par l’Université de Paris, c’est-à-dire par la Sorbonne. À partir du XVIe siècle, la papauté établit une liste des livres prohibés, liste appelée « Index », d’où l’expression « mettre à l’index » pour dire « prohiber ». À l’époque des tsars, les passages refusés par la censure étaient recouverts d’encre noire. Cette technique fut appelée le « caviardage » par allusion à la couleur noire du caviar. En Union soviétique, les écrivains essayaient d’échapper à la censure par le biais des « samizdats », textes tapés à la machine et circulant sous le manteau. Pour éviter cette pratique, Ceaucescu (Roumanie) exigeait que les machines à écrire fussent déclarées aux autorités au même titre que peuvent l’être des armes dans d’autres pays. L’autocensure est la censure qu’exerce lui-même le journaliste ou le rédacteur en chef pour éviter des ennuis. De même que l’idéologie la plus pernicieuse est celle qui se cache, de même la censure la plus efficace est peut-être celle qui se dissimule sous une apparence de liberté. Ainsi un ouvrage n’est pas interdit, mais il est seulement « interdit à l’affichage » ; cette sanction de caractère économique est une censure qui n’ose pas dire son nom.


Opération psychique qui empêche les désirs et les formations inconscientes de parvenir à la conscience sous leur forme originaire. Dans la première topique, la censure règle l’accès des représentations de l’inconscient au préconscient et, dans une moindre mesure, du préconscient au conscient. « Le but de l’élaboration du rêve est d’obtenir une expression qui échappe à la censure. » « L’oubli des rêves ne s’explique que par l’action de la censure. Le sentiment d’avoir beaucoup rêvé pendant une nuit et de n’en avoir retenu que peu de chose peut bien signifier dans de nombreux cas que le travail du rêve a bien fonctionné pendant toute la nuit, mais n’a laissé passer en fin de compte qu’un très court rêve. On l’oublie souvent en dépit de toute la peine que l’on se donne pour le retenir.» (Freud*, L'Interprétation des rêves.)

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