Databac

CAUSE

CAUSE, n.f. (lat. causa « cause », « motif », « cas »). ♦ 1° Le mot a, à l’origine, un sens juridique : c’est la situation ou le cas qui sont au cœur d’un procès. ♦ 2° Au sens philosophique, et, ultérieurement, scientifique, le mot « cause » désigne tout ce qui contribue à la constitution d’un être, ou ce qui produit l’effet, ou ce qui doit être nécessairement donné pour que l’effet apparaisse. Ces différentes définitions font apparaître toute une évolution de la notion de cause. Aristote distinguait de multiples causes (Métaphysique) correspondant à diverses questions que pose l’intelligence. Cause formelle : Qu’est ceci ? — Une statue. La cause formelle est ce que la chose est, sa quiddité. Cause matérielle : De quoi est-elle faite ? — De marbre. Cause efficiente : Qui l’a faite ? — Polyclète. Cause finale : Pourquoi l’a-t-il faite ? — Pour gagner un talent d’or. On peut ajouter la cause exemplaire : Que représente-t-elle ? — Apollon. La pensée moderne a essentiellement retenu la cause efficiente, ce qui produit l’effet. Peu à peu, elle a même renoncé à l’idée d’efficience, invérifiable, pour penser en termes d'expérience, en fonction du temps : la cause est l'antécédent constant et nécessaire. Si l'on appelle cause l'antécédent constant, à la façon des empiristes, on néglige un point essentiel, même au point de vue expérimental, c'est la nécessité de la présence de l'antécédent pour que le conséquent apparaisse. C'est sur cette nécessité que repose la certitude de la prévision scientifique. Auguste Comte, (Cours de philosophie positive, 28e leçon) a opposé cause et loi. L'idée de cause lui paraît entachée d'anthropomorphisme. L'esprit positif veut s'en tenir à ce que l'observation des phénomènes permet d'affirmer. Il exclut la notion d'efficience pour ne retenir que la formule d'apparition des phénomènes. Pour la métaphysique, la cause est principe intelligible d'explication. Trois points importants sont à retenir : a) La distinction entre cause première et cause seconde. La cause seconde est causée ; elle peut agir, mais elle ne s'explique pas par elle-même. La cause première est l'origine de l'enchaînement causal. Elle s'explique par elle-même, b) Dieu, créateur ou cause de toutes choses, est l'Etre nécessaire, sans cause, et non cause de soi. On parle de son « aséité », ce qui signifie qu'il a en lui-même, dans son être la raison de son existence, c) La cause finale est ce en vue de quoi une chose est faite, ce à quoi elle est destinée. C'est un élément essentiel d'intelligibilité. Mais, comme tout ce qui est de l'ordre des intentions et des projets, les causes finales sont expérimentalement invérifiables, d'où leur discrédit dans les milieux scientifiques.


CAUSE (n. f.) 1. — La cause est initialement ce qui répond à la question pourquoi ? (d’où diverses classifications selon le type de réponses ; la plus célèbre est celle d’ARiSTOTE : dans le cas d’une statue, sa cause efficiente est le statuaire, sa cause matérielle le bronze, sa cause formelle ce qu’elle représente, sa cause finale le but pour lequel on l’a sculptée). 2. — Le développement de la mécanique moderne (Galilée, Descartes) apporte de nouvelles déterminations : la causalité est un certain rapport entre deux phénomènes de même type, dont l’un est cause, l’autre effet ; les cartésiens, comprenant la cause comme le fait d’où résulte nécessairement un autre fait, l’identifient à la raison des choses, c.-à-d. au principe de leur intelligibilité (causa seu ratio ; cf. Spinoza, Ethique, I, II). 3. — Cause occasionnelle : pour Malebranche, Dieu est cause efficace ; les connexions entre les choses (la causalité au sens propre) ne sont que les occasions de son action. 4. — Causalité (principe de —) : principe qui affirme que tout phénomène déterminé a une cause déterminée ; on peut l’interpréter soit comme une loi interne aux choses, soit comme une loi nécessaire à notre pensée pour se représenter le réel (cf. Kant). 5. — Causalité structurale : effet de la structure au sens 5 sur chacun de ses éléments.

cause, force qui produit un effet. — La recherche des causes est naturelle à l'esprit humain, qui pense que « rien n'arrive sans raison ». La preuve « physico-théologique » consiste à remonter de cause en cause et à déduire l'existence d'une cause première qui serait Dieu. C'était l'argument d'Aristote. La notion de cause reste une notion « animiste » : on cherche une « intention », une raison totale. La science moderne (depuis Descartes) ne cherche plus les causes, c'est-à-dire les antécédents d'un phénomène, mais' les lois, c'est-à-dire les rapports constants entre les phénomènes. On distingue, en toute rigueur, la cause « efficiente », qui est ce par quoi un événement arrive, et la cause « finale », qui est ce en vue de quoi un événement se produit. Par exemple, une pierre tombe parce qu'il y a du vent (le "vent" est cause efficiente); elle tombe sur la tête de Paul pour le punir (la « punition » est cause finale).