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catharsis

catharsis (littérature)

Du verbe grec kathairein, « purifier ». La catharsis, appliquée surtout au théâtre tragique, désigne la purification que le spectateur retire du spectacle des crimes présentés sur la scène.

Commentaire

Le théâtre tragique n’est pas un simple divertissement. Il doit éduquer les spectateurs et les conduire sur le chemin de la vertu. La représentation des passions funestes qu’il propose permet à chacun de réfléchir sur ses choix d’existence et d’écarter la violence qui l’entraînerait vers une chute inévitable. De même, de nos jours, la représentation de la violence dans les films devrait détourner les spectateurs de la délinquance. Cette théorie, très en vogue au XVIIe siècle, a souvent été attaquée : la représentation d’actes sanglants peut ne servir à rien ou même parfois inciter à la violence.

Citations

Ce que je puis assurer, c’est que je n’ai point fait de tragédie où la vertu soit plus mise au jour que dans celle-ci. Les moindres fautes y sont sévèrement punies. La seule pensée du crime y est regardée avec autant d’horreur que le crime même. Les faiblesses de l'amour y passent pour de véritables faiblesses. Les passions n’y sont présentées aux yeux que pour montrer les désordres dont elles sont cause ; et le vice est dépeint partout avec des couleurs qui en font connaître et haïr la difformité. C'est là proprement le but que tout homme qui travaille pour le théâtre doit se proposer, et c’est ce que les premiers poètes tragiques avaient en vue sur toute chose. Leur théâtre était une école où la vertu n’était pas moins bien enseignée que dans les écoles des philosophes. (Racine, Phèdre, préface, 1677.)

Les poésies dramatiques, en mettant sous nos yeux les égarements où les passions nous conduisent, nous en font connaître les symptômes et la nature plus sensiblement qu’un livre ne saurait le faire. Voilà pourquoi l’on a dit dans tous les temps que la tragédie purgeait les passions. (Abbé Dubos, Réflexions critiques sur la poésie et la peinture, 1re partie, section XLIV.) Au fond, quand un homme est allé admirer de belles actions dans des fables et pleurer des malheurs imaginaires, qu’a-t-on encore à exiger de lui ? N’est-il pas content de lui-même ? Ne s’applaudit-il pas de sa belle âme ? Ne s’est-il pas acquitté de tout ce qu’il doit à la vertu par l'hommage qu’il vient de lui rendre ? Que voudrait-on qu’il fît de plus ? Qu'il la pratiquât lui-même ? Il n'a point de rôle à jouer : il n’est pas comédien. (Jean-Jacques Rousseau, Lettre sur les spectacles.}

CATHARSIS nom fém. - Processus par lequel l’esprit se purge de ses passions en les sublimant dans l’imaginaire. ÉTYM. : mot grec katharsis = « purification », se rattachant lui-même à katharos = « pur » d’où est venu le mot « cathare » (secte religieuse). Le terme catharsis est emprunté à la Poétique d’Aristote, philosophe grec au IVe siècle avant J.-C. Selon Aristote, en éprouvant des sentiments de terreur et de pitié devant les malheurs des personnages tragiques, les spectateurs se « purgent » de leurs propres passions : c’est la catharsis. On retrouve cette notion dans toute théorie de la littérature tournée vers la rationalisation et donc la maîtrise des sentiments. La doctrine classique, en particulier, a fait sienne cette fonction morale et sociale attribuée à la tragédie. C’est une même « purgation » que Freud accomplira par la psychanalyse, méthode scientifique qui, à l’époque moderne, donne pour la première fois une réalité aux vertus jadis prêtées à l’exorcisme. Le psychanalyste permet au névrotique de se « purifier » de ses pulsions dangereuses et malsaines en amenant à la conscience les souvenirs douloureux et coupables « refoulés » dans le subconscient. Quand on connaît les liens qui rattachent la création artistique à ce « refoulement », on comprendra mieux les réticences de certains artistes devant une science qui risque, à leurs yeux, de stériliser leur inspiration. => Distanciation - Tragédie

catharsis
(mot gr. signif. purification), état créé par l'art et qui, comme son nom l'indique, purge l'âme de ses passions. — Ainsi, selon Aristote, le spectateur d'une tragédie expulse de soi les tendances brutales ou criminelles, latentes chez tout homme, en les voyant mimer devant lui. La psychanalyse (technique du défoulement) et, à son tour, la pédagogie moderne rejoignent en partie cette hypothèse aristotélicienne, en particulier pour l'élimination par le jeu, même violent, de l'agressivité excessive chez l'enfant.

CATHARSIS Terme utilisé par Aristote (dans la Poétique) pour définir l’effet (purgation des passions) de la tragédie sur le spectateur : par exemple, le désir de meurtre réel serait satisfait, et donc « purgé » par le spectacle d’un meurtre fictif. Cette thèse a été reprise, avec des variantes, par certains théoriciens modernes du théâtre (notamment Antonin Artaud), ainsi que dans des thérapeutiques psychologiques comme les psychodrames ou les socio-drames. ♦ En psychanalyse, désigne le rappel à la conscience d’un événement refoulé et la disparition des troubles qu’il provoquait.

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