Databac

TRAGÉDIE (étymologie)

TRAGÉDIE vient du grec tragôidia par l'intermédiaire du latin tragoedia. Tragôidia signifie en grec « chant du bouc » (ôidè = « chant » est un mot qui a donné ode en français ; tragos signifie « bouc »). Le nom vient de ce que la tragédie grecque donnait un rôle important au choeur, composé de personnes jouant le rôle des satyres à pied de bouc, compagnons ordinaires de Dionysos (Bacchus). Il faut savoir que la tragédie est d'abord une cérémonie sacrée en l'honneur de Dionysos et se souvenir que le choeur antique s'y livrait au chant et à la danse. Mots de la famille : tragique (latin tragicus, sur le grec tragikos), tragédien.

tragédie. Il n’entre pas dans le cadre de ce dictionnaire de discuter de l’origine de la tragédie. Nous nous contenterons de signaler l’opinion d’Aristote, qui exprime une conception assez générale, selon laquelle la tragédie serait née du dithyrambe. Et, en effet, celui-ci est une sorte de tragédie non dialoguée. À l'origine, la tragédie était consacrée à la geste de Dionysos, et c’est Épigènes de Sicyône qui élargit ce cadre dionysiaque en empruntant à tous les mythes grecs la matière dramatique. C’est encore à Sicyône que se fit le pas qui, du dithyrambe, conduisit à la tragédie. En effet, dans le premier, le coryphée restait dans les rangs du chœur, et se contentait de le diriger; c’est à Sicyône, dans le chœur lyrique, que le coryphée se plaça face au chœur, lequel chantait les morceaux lyriques, tandis que lui-même devenait un récitant : ainsi naquit une forme du dialogue. Au milieu du vie s. av. J.-C., cette invention passa en Attique et Thespis, du dème d’Icaria, par l’introduction d’un acteur et par l’amplification du drame en nouant des péripéties, put passer pour le véritable créateur de la tragédie. La grande originalité d’Athènes, due à Pisistrate, fut d’instituer des concours tragiques lors des Dionysies urbaines. Le premier eut lieu en 534 av. J.-C., et ce fut Thespis qui remporta le premier prix. Ce n'est cependant qu’avec Eschyle, qui introduisit un second acteur, que la tragédie fut perfectionnée au point de mériter son nom tel que nous l’entendons aujourd’hui, et ce n’est qu’avec Sophocle, qui introduisit un troisième acteur, qu’elle parvint à la perfection de son propos. Le nombre d’acteurs ne limitait d’ailleurs pas le nombre de personnages, car chacun jouait plusieurs rôles. C’est seulement en 433 av. J.-C. que la tragédie fut introduite aux Lénéennes. Dans ces concours, où un règlement fixait le nombre des auteurs, celui des pièces ainsi que leur nature, les poètes étaient tenus de présenter des tétralogies, c'est-à-dire trois tragédies suivies d’un drame satyrique. Au début ces tétralogies étaient liées, c’est-à-dire devaient traiter d’un sujet commun; mais très rapidement, on admit la tétralogie libre, dans laquelle les quatre pièces étaient indépendantes. Chaque année on présentait de nouvelles tétralogies mais, à partir de 380 av. J.-C., on y joignit une pièce ancienne. Les pièces anciennes étaient d’ailleurs reprises souvent dans les campagnes (dans les Dionysies champêtres) et dans les autres cités où les représentations tragiques ne prenaient pas l’aspect de concours religieux, comme c’était le cas dans l’Athènes classique. Des troupes d’acteurs ambulants allaient de cités en campagnes jouer les tragédies à succès; déjà Thespis parcourait la campagne attique pour représenter ses propres tragédies et, à l’époque hellénistique, les acteurs donneront à travers le monde grec les œuvres des grands tragiques athéniens.

Liens utiles