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BUDÊ Guillaume

BUDÊ Guillaume. Humaniste français. Né le 26 janvier 1467 à Paris, mort dans cette même ville le 20 août 1540. D'une famille noble, ses premières études furent négligées; il commença d'apprendre le droit sans beaucoup de goût et fit quelques folies de jeunesse. Soudain, à vingt-quatre ans, il reprend entièrement son instruction, dans toutes les branches du savoir, avec une passion telle qu'il est victime de lésions nerveuses dont il souffrira toute sa vie. Il commence à traduire en latin plusieurs traités de Plutarque, puis, en 1508, publie ses Annotations aux Pandectes, qui allaient renouveler les études juridiques. Én 1514, paraissent ses Libri V de Asse et partibus ejus, traité des monnaies et mesures anciennes aux différentes époques, dont, sur la demande du roi, il écrivit un abrégé en français : Sommaire ou Epitomé du Livre de Asse (1522). Nommé par Louis XII secrétaire du Roi, il est ensuite envoyé comme ambassadeur à Rome (1515), mais, s'opposant au pape Léon X, il demande à être rappelé. Il va désormais accompagner continuellement François Ier, en particulier à l'entrevue du Camp du Drap d'Or, en 1520. Grâce à la protection royale, et malgré l'échec de longues négociations avec Érasme, il parvient à fonder en 1530 le Collège des Trois Langues, qui devait devenir le Collège de France. Il était également depuis 1522 maître des requêtes, charge qui le mêla à plusieurs procès, tel celui de l'hérétique Louis de Berquin, brûlé en 1529, au cours duquel il montra toute sa modération. Ami des hommes les plus savants de son temps, d'Érasme (avec lequel il se brouille à la suite de l'affaire du Collège de France), de Thomas Moins, d'Étienne Dolet, de Rabelais, il entretenait avec eux plusieurs correspondances, de préférence en grec et en latin, car, malgré les efforts déployés par le roi en faveur du français, Budé écrivit toujours assez maladroitement la langue nationale. Fondateur de la Bibliothèque de Fontainebleau transportée plus tard à Paris et devenue la Bibliothèque Nationale, il continuait à publier sur les questions les plus diverses : des dissertations philosophiques comme celle intitulée De contemptu rerum fortuitarum [Du mépris des choses fortuites, 1520], un traité De l'institution du prince (1527), des encouragements à la jeunesse érudite, un plaidoyer en faveur des savants (1530), de savants Commentaires sur la langue grecque (1529), et un recueil fragmentaire de lettres écrites dans le grec le plus pur. Sa curiosité était inlassable, allait aussi bien à la littérature qu'à la numismatique, à l'économie politique, à la vénerie, à la législation, à la pédagogie, aux mathématiques, à la philosophie. Premier helléniste français, c'est lui qui imposa l'étude du grec, et non sans luttes. Il fut à la fois une figure exemplaire de la Renaissance et un homme de tradition; si par exemple il substituait au trivium et quadrivium médiéval un plan d'études plus rationnel, c'était la thèse essentielle de tout l'humanisme médiéval qu'il reprenait lorsqu'il montrait que la philosophie, loin d'être un danger pour la foi, était une préparation à l'Evangile. ? « Le prodige de la France... » Érasme. ? « Si Rabelais a plus de verve, de fantaisie, de largeur de vue et, pour tout dire en un mot, de génie, Budé, fils de Paris, apporte son tempérament propre : la mesure, le goût, la hauteur de pensée. Il est, avec tout ce que cela comporte de don à autrui et d'originalité, un initiateur. » R. Barroux.

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