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BORDEWIJK Ferdinand

BORDEWIJK Ferdinand. Romancier hollandais. Né à Amsterdam le 10 octobre 1884, mort à La Haye le 29 avril 1965. Il fit des études de droit et fut avocat successivement à Rotterdam et à Schiedam. Un début en poésie, Champignons [1916], reste sans succès. Par la suite, il se consacre exclusivement au roman et à la nouvelle. Ses Récits fantastiques (1919, 1923, 1924) sont, dans le domaine encore assez traditionnels et rappellent Hoffman et Poe. Une certaine psychologisation des éléments fantastiques annonce cependant les expériences ultérieures de Bordewijk dans la voie du récit psychomachique, notamment dans Le Sarment [1937]. Il apparaît ici comme un précurseur du réalisme magique tel qu'il se développera en Flandres après 1940. A côté d'un intérêt parfois morbide pour le misérabilisme, les bas quartiers et certains types de monstres humains, il met ici au point une technique originale, rassemblant en une unique formule des éléments issus de l'expressionnisme et du surréalisme. La peinture des personnages fait penser aux toiles de Ensor, Permeke et Willink, tandis que la mimésis réaliste s'assortit de la projection, au sein du récit et sans discontinuité, d'éléments insolites qui ne sont autres que la matérialisation, aux niveaux épique, dramatique et descriptif, d'un contenu purement psychique. C'est ainsi qu'il faudra lire la plupart des nouvelles à tendance fantastique comme La Cigogne [1949] ou Récits d'au-delà [1950]. Mais les années 30 ont vu naître chez Bordewijk d'autres tentatives de renouvellement formel. Son « roman » antiutopiste Blocs (1931) est un chef-d'œuvre de maîtrise technique où l'auteur s'efforce de transposer à tous les niveaux de la narration des principes empruntés au cubisme et au constructivisme. Après le procès du collectivisme, ce sont la technologie et l'éducation disciplinaire qui sont l'objet de deux courts romans : Bêtes qui ronflent [1932] et Bint (1934). Dès 1931, Bordewijk perfectionne un style qui lui restera propre : des phases ultra-courtes, une expression lapidaire, des images dures font penser à la fois à la poésie expressionniste et au « synthétisme » prôné en Russie par Zamiatine et ailleurs par les ressortissants de la « Neue Sachlichkeit ». En 1936 et 1938, il publie deux romans de plus d'ampleur, Le Palais rouge et Caractère, dans lesquels il réalise une synthèse du roman traditionnel et de ses précédentes incursions dans le domaine de l'avant-garde. Les œuvres suivantes s'inscrivent dans le prolongement de ces quelques données fondamentales. Signalons les romans Apollyon (1940), Les Chênes de Dodonne (1946), Aurore boréale [Noorderlicht, 1948], Les Fonts baptismaux [De doopvont, 1952], Rameau en fleur [Bloesemtak, 1955], Message de loin [Tijding van ver, 1961] et Les Goblertons (1965).

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