baroque

baroque Ce mot vient du portugais barroco, qui désigne « une perle qui n’est pas ronde ». On qualifie de baroque tout ce qui est bizarre, inattendu, excentrique. Le mouvement baroque, qui s’étend de 1580 à 1660, voire 1700, constitue une réaction contre les règles de la doctrine classique et revendique le droit à la liberté totale de l’écrivain, à une esthétique moins formelle et plus surprenante.

Commentaire

Né dans une période d’instabilité politique et sociale, l’artiste baroque s’interroge et repousse aussi bien l’ordre religieux et social que l’ordre littéraire de son temps. Aux normes que tentent d’imposer Malherbe puis les classiques et que Mathurin Régnier cloue au pilori dans sa scandaleuse Satire IX, il oppose — au risque d'être parfois taxé de mauvais goût — une esthétique du changement et du mouvement, de la métamorphose et de l’illusion, de l’eau et du miroir, et développe les thèmes contradictoires de la vie et de la mort, de la nuit et de la lumière. De son goût pour la multiplicité, l’artifice, le déguisement, il extrait une poésie du monde et de la vie dont les résonances et les insolences, longtemps méprisées, savent toucher les publics contemporains.

Exemple

Il semble en leurs discours hautains et généreux Que le cheval volant n'ait pissé que pour eux, Que Phébus à leur ton accorde sa vielle, Que la mouche du Grec leurs lèvres emmielle, Qu’ils ont seuls ici-bas trouvé la pie au nid, Et que des hauts esprits le leur est le zénith ; Que seuls des grands secrets ils aient la connaissance... Qu’eux tous seuls du bien dire aient trouvé la méthode Et que rien n’est parfait s'il n’est fait à leur mode. (Mathurin Régnier, Satire IX.)

Citation

Si le baroque se définit essentiellement par l’union du mouvement et du décor, on ne saurait concevoir la métamorphose sans le déguisement. [...] Pour produire l’effet recherché de mouvement et d’expansion, d’action toujours commençante et toujours inachevée, de perpétuelle mutation au sein de l’œuvre, l’artiste baroque aura recours à divers moyens stylistiques : formes complexes et ouvertes, effacement des articulations, constructions sur plusieurs plans, équilibres instables dus à la multiplication des perspectives, des centres organisateurs, des registres de pensées et d’images. (Jean Rousset, Anthologie de la poésie baroque, tome I.)