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Aristote: qu’est-ce qu’un « législateur » ?

« Que le législateur doive s’occuper avant tout de l’éducation de la jeunesse, nul ne saurait le contester. Effectivement, les États qui se désintéressent de ce devoir en éprouvent un grave dommage pour leurs constitutions, puisqu’il faut que l’éducation reçue soit adaptée à chaque forme particulière de constitution ; car chaque sorte de constitution a ses mœurs propres qui assurent d’ordinaire la conservation de l’Etat, de même qu’elles président à son établissement à l’origine : par exemple, des mœurs démocratiques engendrent une démocratie et des mœurs oligarchiques une oligarchie et une constitution est toujours d’autant meilleure qu’elle procède d’un esprit lui-même excellent... Et puisqu’il y a une fin unique pour l’État tout entier, il est manifeste également que l’éducation doit nécessairement être une et identique pour tous, et que le soin de l’assurer relève de la communauté et non de l’initiative privée, contrairement à ce qui se passe à notre époque où chacun veille à l’éducation de ses propres enfants en particulier et leur dispense un enseignement d’après ses idées personnelles, comme il l’entend. Mais il est bon que les choses qui intéressent la communauté tout entière fassent aussi l’objet d’un exercice en commun. Et en même temps, il n’est même pas exact de penser qu’un citoyen s’appartient à lui-même : en réalité, tous appartiennent -à l’Etat, car chaque citoyen est une partie de l’Etat, et le soin de chaque partie est naturellement orienté vers le soin du tout. »

QUESTIONNEMENT INDICATIF

• Qu’est-ce qu’un « législateur » ? • Que signifie exactement ici « constitution » ? • Pourquoi, selon Aristote, faut-il « que l’éducation reçue soit adaptée à chaque forme particulière de constitution » ? • Qu’est-ce qu’une « oligarchie » ? • En quoi apparaît-il à Aristote qu’ « il, y a une fin unique pour l’Etat tout entier » ? Importance de cette notation dans l’argumentation d’Aristote ? • Pourquoi selon Aristote, « le soin d’assurer (l’éducation) relève de la communauté et non de l’initiative privée » ? • Que signifie ici « en particulier » ? • Que signifie ici « aussi » ? Est-ce qu’Aristote « veut dire» que l’éducation doit faire l’objet d’un exercice en commun en plus de sa mise en oeuvre par les « particuliers », ou veut-il signifier que dans la mesure où des choses (dont l’éducation) intéressent la communauté toute entière elles doivent faire « également » l’objet d’un exercice en commun ? • A quelle objection éventuelle répond la dernière phrase du texte ? • Que signifie exactement ici « naturellement » ? • Quel est l’« enjeu » de ce texte ? Que pensez-vous de la thèse et de l'argumentation d'Aristote ? Sur quoi, en dernière analyse est-elle fondée ? Que pensez-vous de ces « fondements » ? En quoi ce texte présente-t-il un intérêt philosophique ?

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