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André du Bouchet

Poète né en 1924. Outre ses recueils, il a publié dans diverses revues et notamment dans l’Ephémère, revue publiée jusqu ’en 1972 par la Fondation Maeght et dont il était membre du comité de rédaction aux côtés de Jacques Dupin, Yves Bonnefoy, Louis-René des Forêts et Michel Leiris. On lui doit aussi des traductions de Hölderlin, Shakespeare et Joyce (Finnegan’s Wake). Pour André du Bouchet, la poésie est un projet inaccessible, un lieu nul, mythique, d’où l’on s’élance vers le « rien ». Et entre les deux, « sur un coin éclaté », des mots, « des coups de butin » qui luttent avec le blanc de la page pour s’immiscer dans l’interstice, des coups de faux sur les marges vides, des éclats de soc de charrue qui pénètrent la « terre friable au souffle ». Le poème impossible est un acte toujours recommencé « ...jusqu’à ce qu’en moi le souffle muet s’ajuste ». Le recueil Qui n'est pas tourné vers nous, dialogue d’une parole à un autre, du poète avec le sculpteur et ami Alberto Giacometti, est révélateur de cette démarche incessante pour atteindre l’inaccessible qui s’efface au fur et à mesure que l’on s’approche de lui. Comme chez l’artiste, le trait se reprend toujours, gravitant autour du hiatus qui le sépare de la surface, qui le fait balancer entre la profondeur et l’apparence, entre l’objet et le sujet. Quelques fragments, plus ou moins inachevés, comme en suspens, sur un vide, scintillent de toute la lumière de l’instant saisi malgré l’écart qui le sépare du poète. « J’écris aussi loin que possible de moi. » Car la poésie est nulle part, et ce néant est sa perte et sa justification tout ensemble. Jean Paris écrit très justement à ce propos : « C’est en somme une poésie de famine, qui s’amenuise, dépérit à mesure qu’elle se développe. Et de fait, sur cette page les vagues sentences qui s’y inscrivent ne semblent naître du néant que pour y retourner. »


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