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allusion

L’allusion est une figure macrostructurale. Elle consiste en ce que, dans un segment de discours s’étendant en général sur plusieurs phrases, un terme a un sens à l’égard d’un autre terme de la phrase, et un sens différent par rapport à la situation d’énonciation ou à l’univers de culture : c’est ce dernier point, par essence macrostructural, qui fait la différence spécifique entre l’allusion et la syllepse. La manipulation sémantique que l’on vient de sommairement décrire correspond au mécanisme d’ensemble des jeux de mots : celui-là est, comme on voit, fort délicat, et ceux-ci sont donc rarement bons. Voici un exemple :
Je viens de recevoir La Question et j’en ai été ravi.
Cette phrase a été prononcée, de confrère à consœur, par un auteur à l’adresse d’un autre auteur pour la remercier de l’aimable envoi de son dernier livre, sur le sujet linguistique de la question : ce terme-là désigne bien le titre d’un ouvrage en sciences du langage, par rapport auquel le locuteur se dit ravi de la chose. Simple marque de courtoisie et d’estime. Mais, pour les deux participants de l’interaction verbale, la question, surtout dans l’expression recevoir la question, rappelle l’usage de l’ancienne justice, selon lequel la question désigne la torture, évocation sémantique absolument extérieure au segment du discours occurrent, et ne jouant que dans le grand macrocontexte de leurs connaissances encyclopédiques, d’ailleurs supposé commun : tout cela est typiquement macrostructural. Cette seconde articulation sémantique permet alors une antithèse implicite avec ravi, qui garde pourtant son unique sens normal. Le remerciement devient ainsi agrémenté de sel, uniquement par le jeu allusif.
=> Figure, macrostructurale; syllepse.


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