Databac

Le journaliste P. Lepape écrivait en 1982 dans Télérama qu'en tant que critique il était « gavé de confidences autobiographiques dont il n'[avait] que faire », faisant ainsi allusion à la masse de livres de ce type lancés sur le marché depuis quelques années, et à leur qualité souvent médiocre. En évoquant de façon précise vos réactions de lecteur d'oeuvres et de fragments d'oeuvres autobiographiques, vous direz si vous partagez la sévérité du critique.

Publié le 09/12/2021

Extrait du document

Ci-dessous un extrait traitant le sujet : Le journaliste P. Lepape écrivait en 1982 dans Télérama qu'en tant que critique il était « gavé de confidences autobiographiques dont il n'[avait] que faire », faisant ainsi allusion à la masse de livres de ce type lancés sur le marché depuis quelques années, et à leur qualité souvent médiocre. En évoquant de façon précise vos réactions de lecteur d'oeuvres et de fragments d'oeuvres autobiographiques, vous direz si vous partagez la sévérité du critique.. Ce document contient 2108 mots. Pour le télécharger en entier, envoyez-nous un de vos documents grâce à notre système d’échange gratuit de ressources numériques ou achetez-le pour la modique somme d’un euro symbolique. Cette aide totalement rédigée en format pdf sera utile aux lycéens ou étudiants ayant un devoir à réaliser ou une leçon à approfondir en : Littérature
Se peindre revient alors à se maquiller, à arranger sa vérité sous des couleurs aussi favorables que fausses. Ce danger est d'autant plus redoutable que le lecteur ignorant tout des faits et des circonstances rapportés par l'autobiographie n'a aucun moyen d'en vérifier l'authenticité. Le récit de soi peut donc se prêter à toutes les manipulations, à toutes les surenchères. Il incite parfois à faire de son existence une sorte de fiction et à pallier sa propre insignifiance par l'excès de son aveu. C'est essentiellement ce que Pierre Lepape reprochait, dans Télérama, aux confidences autobiographiques : lorsqu'un être de peu de poids se croit autorisé, parce qu'il passe un instant sous les projecteurs fugitifs de l'actualité, à raconter sa vie comme une suite d'instants historiques, on est dans le grotesque. Et il faut malheureusement constater que ces succès d'un jour, succès de presse plus que succès d'estime, succès de scandale ou de mélodrame, fleurissent aujourd'hui en flattant la curiosité d'un public en mal d'émotions. L'indiscrétion de ce genre d'écrits ne serait pas indécente si elle révélait des destins remarquables. Hélas, le temps est cruel pour les étoiles d'un jour renvoyées à l'anonymat aussi vite qu'elles en sont sorties. Le plus souvent, aucun véritable talent littéraire ne vient sauver ces chroniques qui ne réussissent même pas à suggérer l'épaisseur d'une existence. On est loin des Essais de Montaigne ! L'autobiographie paraît donc, par essence, un genre périlleux puisque son auteur s'y risque à parler de soi.

« Raconter sa vie était jadis réservé à quelques « grands hommes » qui, ayant marqué de leur empreinte la viepolitique ou littéraire, voulaient en laisser une trace durable dans un livre.

Mais on constate aujourd'hui que lephénomène s'est élargi.

C'est ainsi que le journaliste Pierre Lepape pouvait écrire, en 1982 dans Télérama, qu'entant que critique, il était « gavé de confidences autobiographiques dont il n'avait que faire », faisant ainsi allusion àla masse de livres de ce type lancés sur le marché depuis quelques années et à leur qualité souvent médiocre.

Cejugement sévère souligne quelques-unes des contraintes et des difficultés de l'autobiographie.

Parler de soi enintéressant des lecteurs à sa propre existence n'est pas si simple.

On pourra dès lors se demander ce qui pousse àdévoiler sa vie, quels risques on court dans cette entreprise et enfin ce qu'elle peut apporter au lecteur.L'intérêt d'une autobiographie dépend beaucoup des motivations de son auteur.

Celles-ci peuvent être très diverseset il n'est pas douteux qu'elles donneront une forme et un sens particuliers au récit de soi.Un des genres autobiographiques les plus anciens est celui des Mémoires.

Il s'agit pour l'auteur de ce type de récitsde rapporter les événements de sa vie, en général selon une perspective chronologique et en insistant sur les faitshistoriques qui l'ont jalonnée.

Le dessein de l'écrivain est alors de présenter sa vie comme celle d'un témoin del'histoire devant laquelle il s'efface parfois.

Les Mémoires de Saint-Simon ou les Mémoires d'outre-tombe deChateaubriand ont été ainsi rédigés par des hommesmêlés à la vie publique, des témoins et des acteurs qui souhaitaient en retracer les grandes évolutions tout enévoquant leur itinéraire particulier.Aujourd'hui encore, des personnalités du spectacle ou du monde politique rédigent leurs Mémoires ou leursSouvenirs, en général à un âge qui leur donne un certain recul par rapport aux événements et aux activités danslesquels elles se sont illustrées.

On sent souvent dans leur témoignage le souci d'informer, d'expliquer desévénements qui avaient pu jusque-là rester secrets, le désir de se justifier.

Tableaux historiques, portraits de gensconnus, révélations, plaidoyers sont quelques-unes des formes particulières qu'adopte ce genre d'écrits.On notera que parfois le simple goût de l'anecdote et même du scandale conduisent à l'écriture mémorialiste dont lesmotivations publicitaires et commerciales n'apparaissent que trop évidentes.

Il s'agit alors de « vendre sa vie » parpetits récits en suscitant un intérêt assez trouble chez les amateurs de secrets d'État ou de secrets d'alcôve.Mais d'autres événements peuvent présider à l'écriture autobiographique.

Ainsi les Confessions et les journauxintimes nous dévoilent-ils les sentiments les plus personnels de leur auteur.

Il s'agit pour lui, qu'il écrive sesimpressions au jour le jour (journal intime) ou qu'il revienne sur sa vie pour l'expliquer (confession), de conserver unetrace de ce qu'il a senti et vécu.

Et l'on rejoint alors l'écriture des Mémoires : la différence est qu'il s'agit ici d'unehistoire intime comme celle que rapportent Anne Frank ou André Gide dans leur JournalLa succession des fragments ou des chapitres des journaux et confessions permet a posteriori de comparer leprésent et le passé et de mieux mesurer l'évolution de sa propre personnalité.

C'est à quoi s'emploie Jean-JacquesRousseau dans les Confessions.

Mais son but est aussi de se justifier aux yeux du monde, de se livrer aux regardstout en tâchant d'échapper à son propre sentiment de culpabilité, en dégageant sa responsabilité.

« Ma naissancefut le premier de mes malheurs », dit-il comme pour expliquer la fatalité de ses erreurs futures.L'écriture autobiographique sert ainsi à gagner la tranquillité de la conscience, une sorte de soulagement en seracontant.

Communiquer à autrui ce qu'on a de plus intime, de plus secret, ses désirs, ses actions, permet d'ouvrirun espace de communication qui libère, apaise ou suscite la compassion d'autrui.

Cette confidence peut revêtir,comme chez les écrivains romantiques, la forme du lyrisme poétique.Il existe enfin un « écrit de soi » qui, sans négliger la confidence personnelle, en fait l'objet d'une méditation, d'uneanalyse introspective.

Pour Montaigne, écrire les Essais, c'est se donner le moyen de se connaître, de secomprendre, de mieux se situer par rapport aux autres, de mieux réaliser sa personnalité ; c'est ouvrir une sorte dedialogue qui permet de prendre la mesure de soi, de prendre conscience et confiance : on pourra ainsi, en mettantde l'ordre dans son désordre intérieur, éviter des erreurs et tirer des leçons de l'expérience la plus proche de soi,celle de sa propre vie.

Mais vouloir se peindre tout entier ne conduit-il pas à s'embellir, à rendre clair ce qui dansl'existence est confus et ainsi à travestir la vérité?Il est vrai que l'entreprise autobiographique n'est pas sans risques.

Comme le souligne André Gide dans 5/ le grain nemeurt : « Les Mémoires ne sont jamais qu'à demi sincères, si grand que soit le souci de vérité : tout est toujoursplus compliqué qu'on ne le dit.

Peut-être approche-t-on de plus près la vérité dans le roman.

»L'auteur peut en effet tromper les autres, et pourquoi pas, lui-même, par de prétendus aveux.

Rousseau, tout eninsistant dans les Confessions sur sa volonté de se montrer « dans toute la vérité de sa nature », reconnaît parailleurs qu'il est menacé dans son entreprise par « des omissions dans les faits, des transpositions, des erreurs dedates » ; et Stendhal dans la Vie de Henry Brulard ajoute : « Mais combien ne faut-il pas de précautions pour nepas mentir.

» II précise même avec ironie que le fait d'avoir été soldat sous Napoléon est « un mensonge tout à faitdigne d'être écrit ».Ainsi, la confidence autobiographique peut conduire hors de l'exigence de sincérité, sur les voies de la dissimulation,voire de l'hypocrisie.

Se peindre revient alors à se maquiller, à arranger sa vérité sous des couleurs aussi favorablesque fausses.Ce danger est d'autant plus redoutable que le lecteur ignorant tout des faits et des circonstances rapportés parl'autobiographie n'a aucun moyen d'en vérifier l'authenticité.

Le récit de soi peut donc se prêter à toutes lesmanipulations, à toutes les surenchères.

Il incite parfois à faire de son existence une sorte de fiction et à pallier sapropre insignifiance par l'excès de son aveu.

C'est essentiellement ce que Pierre Lepape reprochait, dans Télérama,aux confidences autobiographiques : lorsqu'un être de peu de poids se croit autorisé, parce qu'il passe un instantsous les projecteurs fugitifs de l'actualité, à raconter sa vie comme une suite d'instants historiques, on est dans legrotesque.

Et il faut malheureusement constater que ces succès d'un jour, succès de presse plus que succèsd'estime, succès de scandale ou de mélodrame, fleurissent aujourd'hui en flattant la curiosité d'un public en mald'émotions.

L'indiscrétion de ce genre d'écrits ne serait pas indécente si elle révélait des destins remarquables.Hélas, le temps est cruel pour les étoiles d'un jour renvoyées à l'anonymat aussi vite qu'elles en sont sorties.

Le plus. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles