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Alain CORNEAU

Né le 7 août 1943 à Meung-sur-Loire (Loiret). France, société anonyme (1973), Police Python 357 (1976), La Menace (1977), Série noire (1979), Le Choix des armes (1981), Fort Saganne (1984), Le Môme (1986), Docteur Angoyard chez les Afghans (TV, série «Médecins du monde», 1986). Élève de l’IDHEC d’où il sort diplômé de montage et de réalisation, passionné de jazz (il fut batteur dans un orchestre militaire américain basé en France), Alain Corneau fut un habitué de la Cinémathèque, féru de grand cinéma américain (Hawks notamment). Parti aux États-Unis pour tourner un film sur le free-jazz, il dut y renoncer mais à son retour en France il travaille comme réalisateur seconde équipe d’Un homme de trop sous la direction de Costa-Gavras et Bernard Paul. Il devient ensuite premier assistant de Roger Cor-man, Marcel Camus, Costa-Gavras, José Giovanni et Michel Drach. Après un projet non abouti inspiré du livre de Jim Thompson 1275 âmes en collaboration avec Jacques Perrin, il réalise son premier long métrage. Mais France, société anonyme, malgré une réelle originalité, est un échec. Grand lecteur, Alain Corneau a une prédilection pour le polar parce qu’à travers sa violence celui-ci constitue un témoignage documentaire sur une époque. Ses scénarios, qu’il écrit souvent avec son compère Daniel Boulanger, sont d’une précision méticuleuse, les ressorts de l’intrigue agencés au millimètre n’étant pas sans évoquer ceux de Jean-Pierre Melville. Cette mécanique parfaite explique probablement le succès public de son œuvre, si l ’on excepte l’échec de son premier film et le demi-succès de Fort Saganne. Chez Corneau, le ressort de l’intrigue repose généralement sur une relation dans laquelle l’élément dynamique finit par être victime d’un manipulateur, souvent immobile ou apparemment passif (Police Python 357, Série noire) à moins qu’il ne tombe lui-même dans son propre piège (La Menace, Série noire). On retrouve ce procédé dans la grande machine historico-saharienne qu’est Fort Saganne. Tous les héros de Corneau sont des hommes issus de milieux modestes qui ont réussi à s’élever plus ou moins aisément dans l’échelle sociale. Mais ils ne sont pas véritablement intégrés dans la classe à laquelle ils ont cru accéder grâce à une relative réussite. Ils restent isolés dans leur vaine recherche d’une identité, et leur solitude facilite leur rejet ou leur élimination dans des circonstances qui les amènent à agir en dehors des règles admises. Il faut sans doute faire une place à part à Série Noire, inspiré du roman de Jim Thompson Des cliques et des cloaques (Georges Pérec participa au scénario), et qui établit un équilibre quasi parfait entre le dépouillement narratif, la fragilité du personnage central (extraordinaire Patrick Dewaere) et l’authenticité sordide d’un cadre de banlieue urbaine. Le Môme est à nouveau le portrait d’un exclu à la recherche a une identité sociale qu’il a cru trouver dans les forces de l’ordre, où son immaturité va se traduire en violence aveugle et vengeresse. Mais on ne refait pas à tout coup Série noire.

— Dossier Police Python 357 par Frantz Gevaudan et Mireille Armel, Cinéma, n° 209, mai 1976. — Dossier Fort Saganne par Alain Garel et Pascal Mérigeau, La Revue du cinéma, n° 395, juin 1984. — Entretiens par Michel Ciment, Positif, n° 160,juin 1974; par Michel Sineux, Positif n° 219, juin 1979. — Série noire, L'Avant-Scène cinéma, n° 233, octobre 1979.

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