agora
agora, place où se tenaient les marchés et où les citoyens se réunissaient pour traiter des affaires publiques lorsqu’un lieu n’était pas réservé à cet effet. On trouve, dans la Grèce préhellénique, des agoras qui préfigurent l’agora grecque. En Crète, les remaniements de la villa royale de Haghia Triada incluent une place bordée de portiques sur lesquels s’ouvraient des boutiques. Elle est datée du Minoen Récent III, c’est-à-dire de l’époque de l’occupation mycénienne. Néanmoins, il est possible que cette place ait existé dès l’édification du palais, au Minoen Récent I, au xvie s. av. J.-C. Plus ancien encore serait même le complexe voisin du palais de Mallia, où une salle hypostyle est aménagée près d’une place dans laquelle on peut reconnaître une place publique. L’édifice souterrain serait une salle où se serait réuni le conseil des anciens. Dans le monde mycénien lui-même, on trouve, dans l’île de Glâ, en Béotie, identifiée avec l’homérique Arnè, une agora fermée par une enceinte et bordée d’un portique s’ouvrant sur des ateliers et des magasins. On découvre ainsi déjà, dans ces places, les deux fonctions de l’agora classique : marché et lieu de réunion des citoyens. Ce dernier aspect ressort de l’étymologie même du terme d’« agora », nom d’action du verbe ageiro, « rassembler ». L’agora serait, d’abord, le lieu où s’assemble le peuple. Ainsi, dans l'Odyssée, on voit les Phéaciens se rassembler sur l’agora pour rencontrer Ulysse, l’hôte du roi Alcinoos. Dans la cité -État grecque, l’agora est, avant tout, le lieu où se réunit le peuple pour délibérer. Elle s’impose comme le centre administratif, entouré d'édifices publics abritant les divers services : bouleuterion —► Boulé, prytanée, métrôon (à Athènes), tribunaux, etc. L’agora était aussi un centre religieux et revêtait un caractère sacré au point qu’une personnen censée souillée, un homicide, voire simplement un accusé, ne pouvaient y pénétrer. Lors de certaines fêtes on disposait dans ses voies d’accès des vases remplis d’eau lustrale afin que chacun put s’y purifier avant de s’avancer dans l’espace sacré. Les dieux et les héros protecteurs de la cité y avaient leur chapelle (Hérôon), leurs temples et leurs autels. À Athènes, la « voie sacrée » que suivaient les processions (en particulier lors des Panathénées) jusqu’à l’Acropole et au Parthénon, traversait l’agora. Certaines fêtes religieuses se déroulaient sur cette place, comme les fêtes de Dionysos à Athènes. L’agora revêtait, parallèlement, une fonction économique. On s’y retrouvait pour traiter d’affaires diverses, pour se rencontrer librement, mais aussi pour vendre et acheter aussi bien les produits venus de la campagne et servant à la subsistance quotidienne, que les produits importés ou manufacturés. Ces marchés se tenaient en plein air, mais on bâtissait souvent, autour des édifices formant des halles, des stoa (portiques) et des temples. Dans certaines villes d’Asie, on trouvait près des agoras de véritables bazars. Les places étaient surtout animées le matin, mais l’après-midi on y rencontrait les oisifs, qui se retrouvaient chez les barbiers ou les parfumeurs pour converser. Il arrivait, d'ailleurs, que ces marchés fussent installés aux portes des villes, mais, en général, ils partageaient l’agora avec les dieux et les administrateurs de la cité. Platon en était choqué et préconisait l’installation des marchés aux portes des villes afin que les citoyens ne soient pas détournés de leurs nobles occupations par les attraits du négoce. Aristote, de son côté, suggère la création d’agoras marchandes, réservées aux artisans, aux agriculteurs et aux négociants, faciles d’accès, loin de l’agora « pure », où se réunissent les hommes libres ; tel était le cas, selon lui, des villes de Thessalie. Par ailleurs, dans certaines cités, comme Priène ou Corinthe, il existait déjà des marchés spécialisés, préfigurant les « rues » aux poissons ou aux viandes des villes d’Orient. (Ainsi en fut-il aussi de la Rome impériale avec ses divers fora).
AGORA (d’Athènes). Place publique. À Athènes, elle était grossièrement quadrangulaire limitée au sud par les collines de l’Acropole, de l'Aréopage et de la Pnyx, au nord par le quartier du Céramique. On y trouve à l’époque classique (Ve-IVe siècle av. J.-C.) principalement le Bouleutêrion (salle où se réunit la Boulé), la Tholos (édifice circulaire où se réunit la commission permanente des prytanes), le tribunal de l’Héliée, des temples, des portiques et l’enceinte des héros éponymes (qui ont donné leur nom aux tribus clisthéniennes) où l’on affichait les documents publics. Voir Clisthène, Forum romain.
Dans la Grèce antique, le terme désignait la place publique qui était le centre de la vie de la cité et l'assemblée des citoyens qui s'y rendaient. L'agora servait de place aussi bien pour les réunions politiques que pour les marchés et les séances de certains tribunaux. Dans beaucoup de cités, à Athènes notamment, l'agora était entourée de portiques et divers bâtiments nécessaires à la vie publique s'y dressaient.
Liens utiles
- L'imagination est pour la mentalité magique « l'intermédiaire entre la perception et la pensée » (p. 44). L\'Encyclopédie de L\'Agora
- Mais, même lorsque le diagnostic et le traitement sont corrects, ils exercent des effets secondaires nuisibles. L\'Encyclopédie de L\'Agora
- Fiche et questionnaire sur le film Agora, Alejandro Amenabar, 2009