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Clisthène

1. Tyran de Sicyone vers 600-570 av. J.-C., de la famille d’Or-thagoras, qui avait fondé la tyrannie vers 665 av. J.-C. Il mena toujours une politique antidorienne et antiargienne (Sicyone avait été occupée à l’origine par des Doriens d’Argos et sa population était en grande partie composée de Doriens), comme les Orthagorades précédents. Il interdit aux rhapsodes de réciter les poèmes homériques à cause de leurs fréquentes références aux Argiens et fit exhumer les ossements du héros Adraste, dont la tombe se trouvait à Sicyone. Ce geste, associé au fait qu’il a remplacé les noms traditionnels des tribus doriennes par des noms injurieux, semble avoir provoqué la guerre avec Argos. Auparavant, Clisthène avait joué un rôle prépondérant dans la guerre sacrée vers 590, en soutenant Delphes contre Crisa. Sa fille Agaristé, qui épousa Mégaclès, un Alcméonide, était la mère de Clisthène l’Athénien. Sur le mariage d’Agaristé, voir hippocléidès.

2. Archonte en 525 (peut-être) et mort après 507 av. J.-C., il fut le fondateur de la démocratie athénienne. Son père était Mégaclès, un Alcméonide, et sa mère Agaristé, la fille du tyran de Sicyone, Clisthène. On rapportait que c’est en promettant que sa famille participerait à la reconstruction du sanctuaire de Delphes qu’il persuada la Pythie de dire à tous les Spartiates venus la consulter qu’ils devaient d’abord renverser la tyrannie des Pisistratides à Athènes. Lorsque le roi de Sparte Cléomène Ier chassa le tyran Hippias (fils de Pisistrate), en 510, et que les exilés revinrent à Athènes, Isagoras et l’aristocratie tentèrent d’établir une oligarchie avec l’aide de Cléomène. Clisthène se posa alors en champion de la démocratie et renversa les aristocrates. Il entreprit ensuite de faire voter des réformes politiques qui furent déterminantes pour la démocratie athénienne. Il élimina les derniers vestiges de l’organisation politique fondée sur les groupes familiaux, et en particulier sur les quatre tribus ioniennes, pour les remplacer par un nouveau système fondé sur la répartition géographique. Il divisa le territoire de l’Attique, y compris Athènes, en dèmes (dêmoi) peut-être à partir des dèmes existants. Tous les citoyens étaient inscrits dans un dème, et un grand nombre de métèques et d’affranchis accédèrent à la citoyenneté. Clisthène regroupa ensuite tous les dèmes dans dix nouvelles tribus, de telle sorte qu’aucune tribu n’eût un territoire d’un seul tenant ou ne représentât une force locale; au contraire, chacune comprenait des groupements de dèmes (trittyes) de la région urbaine, de la côte et de l’intérieur. Grâce à cette répartition, des groupes de gens venus des différentes parties de l’Attique furent obligés d’agir en commun, et les anciens partis motivés uniquement par les intérêts locaux disparurent. L’organisation de l’armée dépendait des tribus, chacune fournissant un régiment d’hoplites et un escadron de cavalerie. Les phratries originelles survécurent dans l’organisation politique comme une sorte de communauté religieuse responsable de certains cultes. Clisthène les obligea vraisemblablement à admettre les habitants qu’il avait affranchis afin que nul citoyen ne fut exclu. Chaque tribu fournissait chaque année à la boulé («conseil») cinquante citoyens, tirés au sorts dans les dèmes de chaque tribu, proportionnellement à leur population. Ces groupes de cinquante citoyens formaient chacun à leur tour le comité exécutif de la boulé, chaque groupe occupant ses fonctions pendant un dixième de l’année. Clisthène soumit la boulé et l’Aréopage à l’autorité de l'ekklêsia, l’assemblée de tous les citoyens, qui se réunissait régulièrement et pouvait administrer toutes les affaires publiques importantes. Clisthène fut conservateur sur un point: il semble qu’il ait conservé les limites fixées par Solon pour l’éligibilité aux magistratures supérieures. Les archontes ne pouvaient être choisis que dans les deux classes les plus riches, et les Eupatrides conservèrent le monopole des magistratures sacerdotales. L’ostracisme fut peut-être institué par Clisthène pour protéger sa constitution, qui devait rester la base de la démocratie athénienne. À sa mort, Clisthène eut droit à des funérailles publiques dans le Céramique.

Clisthène, législateur (Athènes, fin du vie s. av. J.-C.). Il était le fils de Mégaclès et d’Agarista, fille de Clisthène, tyran de Sicyône, et il était le chef de la famille des Alcméonides. Après l’expulsion des fils de Pisistrate, il devint le chef du parti démocratique constitué par les Paraliens —► Paralie enrichis dans le commerce, et s’opposa à Isagoras, chef du parti oligarchique, qui espérait restaurer les pouvoirs de la noblesse, abolis à la suite des réformes de Solon. Isagoras ayant été nommé archonte (508), il entreprit de réviser la liste des citoyens ; Clisthène forma contre lui une coalition des Para-liens, des divers mécontents, et des paysans de la Diacrie, et fit voter un programme de réformes démocratiques. Isagoras appela son hôte Cléomène, roi de Sparte, qui entra dans Athènes avec une petite troupe, fit décréter l'exil perpétuel des Alcméonides et voulut dissoudre la boulé établie par Solon, au profit d’un conseil aristocratique de trois cents membres. Le peuple prit les armes et contraignit Cléomène, Isagoras et leurs partisans à s’enfermer dans l’Acropole. On négocia, les Spartiates rentrèrent chez eux, Isagoras s’enfuit, quelques-uns de ses partisans furent mis à mort, et Clisthène, qui avait dû partir, fut rappelé afin de réaliser son programme de réformes. Il supprima les quatre tribus de Solon et institua les dix tribus classiques, puis, afin de briser l’ancien particularisme, il attribua à chaque tribu dix dèmes, formés de l’union d’anciennes bourgades ou de la scission de certaines localités. Cette réforme communale est à la base de la constitution de Clisthène. Sa conséquence fut la réforme de la boulé, portée à cinq cents membres, et l’augmentation du nombre des héliastes —> héliée. Il est possible que ce soit à lui qu’on doive la réforme de l’archontat, à la suite de laquelle, afin de déjouer les intrigues et d’en faire une institution parfaitement démocratique, cette magistrature fut accessible par la voie du sort et non plus par l’élection. Sa dernière innovation fut l’invention de l’ostracisme. La démocratie athénienne parvint avec Clisthène à son achèvement dans ses institutions. On ne sait ni quand il naquit ni quand il mourut.