AFFAIRE DES POISONS

AFFAIRE DES POISONS Durant le règne de Louis XIV, une scandaleuse affaire défraya la chronique et tint en haleine les gens de la Cour. Il s’agissait de faits de la plus haute gravité, tels qu’empoisonnements, avortements, sacrifices d’enfants, messes noires et sorcellerie. L’ampleur des révélations fut telle que le. roi ordonna le recours à une juridiction exceptionnelle. En conséquence, une Cour de Justice, appelée pour la circonstance Chambre Ardente fut instituée et dirigée par La Reynie, Premier Lieutenant de Policé du royaume. Réunie pour la première fois en janvier 1680, elle eut à statuer sur le sort de plus de trois cents inculpés! Pour bien comprendre ce procès historique, il faut évoquer le nom de la marquise de Brinvilliers qui est à l’origine de tous ces remous. «La Brinvilliers», comme on disait alors, avait empoisonné toute sa famille: son père à qui elle reprochait d’avoir fait incarcérer son amant à la prison de la Bastille, et ses frères, plus concrètement, afin de disposer seule du patrimoine familial. Découverte puis arrêtée dans un couvent où elle s’était réfugiée, elle termina sa triste vie décapitée et brûlée en place de Grève le 17 juillet 1676. Mais avant de subir son supplice, la marquise avait été soumise «à la question», c’est-à-dire torturée selon les coutumes de l’époque. Les renseignements recueillis suscitèrent de nombreuses enquêtes et mirent à jour toute une faune occulte de sorciers et d’empoisonneuses. Parmi ces inculpés, le personnage d’une sage-femme, Catherine Deshayes, se distingua bien vite. «La Voisin», comme on la surnommait, pratiquait de nombreux avortements et se livrait à des pratiques de sorcellerie en compagnie d’un prêtre défroqué, l’abbé Guibourg. On apprit avec horreur qu’au cours de messes noires, près de deux mille enfants auraient été sacrifiés! Les aveux des accuses. commençant à mettre en cause de hauts dignitaires du royaume et surtout Madame de Mon-tespan, maîtresse du roi (elle lui donnera huit enfants dont six légitimés), le souverain décida l’arrêt de l’instruction. Devant ces. révélations qui compromettaient le trône, puisqu’on avait même insinué qu’un philtre d’amour, confectionné par La Voisin à la demande de la Marquise de Montespan, avait été absorbé par le roi, afin qu’il se détache de Mademoiselle de La Vallière et retrouve sa passion pour son ancienne favorite, on comprend que le Roi Soleil ait jugé bon de mettre un terme à cette affaire qui éclaboussait noblesse et couronne.