ACTION

ACTION, n. f. Réalisation d'un acte, au sens psychologique ; le fait d'agir ; l'action est suivie du plaisir. ♦ 1° L'une des dix catégories d'Aristote (V. aussi «Accident»). ♦ 2° Descartes. L'action du corps est une passion de l’âme, et, inversement, l’action de l’âme est une passion du corps. ♦ 3° Spinoza. La passion du corps est passion de l'âme, et l'action du corps est action de l'âme. ♦ 4° Sens particulier, chez Maurice Blondel. Activité humaine intégrale (intellectuelle, volontaire et effectivement réalisée) : «J'entends par action ce qui enveloppe l’intelligence, la précédant et la préparant, la suivant et la dépassant ; ce qui, par conséquent, dans la pensée, est synthèse interne plutôt que représentation objective» (Communication à la Société française de philosophie, 1902).

action, manifestation d'une force matérielle ou d'une idée : /'action d'une personnalité. — La morale traite de l'ensemble des problèmes que l'homme se pose, depuis toujours, au sujet de son action. Elle répond à la question : Que dois-je faire? Quelle est la destination de l'homme dans le monde? Il existe deux réponses principales; selon l'une (« eudémonisme » d'Epicure), la fin dernière de l'homme est le bonheur; selon la seconde (« rigorisme » de Kant), cette fin dernière est la vertu. La philosophie étudie le problème de la valeur de l'action; l'essence de l'homme est-elle d'agir (Kant; première philosophie de Fichte : « agir, agir, voilà notre raison d'être ici-bas » ; marxisme : « la philosophie a pensé le monde; il s'agit maintenant de le faire » ; existentialisme) ou est-elle de penser (Platon, Aristote, Hegel; Heidegger : « Le philosophe est l'oiseau de Minerve qui, fatigué des passions du jour, se retire dans la spéculation »)? On distingue donc, à ce sujet, les philosophies « engagées », qui, aujourd'hui, se réclament toutes plus ou moins du marxisme, et les philosophies « spéculatives », qui se réclament volontiers de Platon ou de Hegel. — La psychosociologie peut étudier les conditions de l'action efficace (action sur les masses, éducation des peuples et des foules, démagogie, publicité). Du point de vue psychologique, on distingue deux formes fondamentales de l'action : 1° le jeu ou l'art; 2° le travail. Les deux premiers sont une action libre, le second une action contrainte et réglée.

---

actives (méthodes), méthodes pédagogiques visant à développer l'initiative des élèves et leur travail personnel. — L'esprit de ces méthodes, qui, en France, préside à la réforme de l'enseignement, vise à faire droit à la diversité des formes d'intelligence. Elles consistent pratiquement : 1° à faire parler l'élève pour juger de sa « personnalité » au lieu de juger anonymement son érudition en fonction de son « écrit » ; 2° dans l'utilisation de procédés pédagogiques vivants, tels les films, la télévision scolaire, etc., avec débats oraux. Ces méthodes, qui visent . à former des têtes « bien faites » plutôt que « bien pleines » (Montaigne), ont été étudiées et pratiquées systématiquement d'abord par Pestalozzi (Zurich, 1746-1827) ; elles sont appliquées en France au lycée pilote de Sèvres, qui constitue un laboratoire d'essai pour la réforme de l'enseignement.

---

ACTION Opération propre à un être ou agent, sans intervention d’une cause extérieure et qui s’oppose autant à l’inertie qu’à la passivité, l’action peut désigner en particulier les actes volontaires. Elle implique alors l’intervention d’une conscience, et c’est pourquoi le terme a fréquemment une connotation morale : on parle de bonnes ou mauvaises actions. ♦ L’opposition traditionnelle entre l’action et la théorie paraît, au moins depuis Hegel, particulièrement schématique : mieux vaut concevoir que la pratique et la réflexion entretiennent des relations dialectiques.