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ABYSSINIE (guerre d')

Entamée en 1935, la conquête de l’Éthiopie, seul pays d’Afrique resté indépendant avec le Libéria, est pour Mussolini le moyen de réussir ce que l’Italie libérale a manqué en 1896 à Adoua et de convertir les Italiens aux idéaux guerriers. L’énorme supériorité matérielle, l’usage du gaz de combat, les bombardements de civils assurent la victoire italienne en mai 1936. Si à Paris, Laval laisse les mains libres au « duce », si Moscou peut désirer se le concilier face à Hitler, Londres ne tolère pas cette conquête. En effet, celle-ci prépare un empire continu depuis la Libye et menace donc le Soudan. Accepter la destruction d’un de ses membres serait un suicide pour la SDN (Société des Nations), qui vote des sanctions pour isoler l’agresseur. Mais États-Unis et Allemagne en sont absents. D’autres, dont l’URSS, continuent un commerce à peine clandestin jusqu’à l’été 1936 et décident la levée des sanctions qui ont surtout resserré les rangs des Italiens autour du régime. Tandis que l’Italie se heurte à la France et à l’Angleterre en Afrique, elle met fin à sa concurrence avec l’Allemagne par l’abandon de l’Europe centrale et se rapproche du régime hitlérien. Enfin, si la conquête a débuté avec l’idée d’assimiler les Abyssins au nom d’un mythique colonialisme latin métissant, leur résistance amène des mesures discriminatoires et un discours raciste. Ce dernier, renforcé par le rapprochement avec Berlin et une stratégie anti-anglaise (appui sur l’islam, dénonciation du foyer national juif de Palestine), mène, en 1938, du colonialisme au racisme d’État.

ÉTHIOPIE (Guerre d', 1935-1936). Guerre menée par l'Italie fasciste de Mussolini contre l'Éthiopie d'Hailé Sélassié afin de faire de ce pays une colonie italienne. La victoire italienne marqua l'impuissance de la Société des Nations (SDN) et l'effondrement du front de Stresa contre l'Allemagne. Depuis la fin du XIXe siècle, l'Italie, qui avait peu de colonies du fait de son unité tardive, souhaitait une expansion vers la Méditerranée et l'Afrique. Après la conquête de la Somalie et de l'Érythrée, elle échoua lors d'une première expédition en Éthiopie (désastre d'Adoua, mars 1896), seul État d'Afrique, avec le Libéria, à avoir échappé à la colonisation européenne. En 1935, des incidents ayant opposé les Éthiopiens aux Italiens de Somalie, Mussolini en prit prétexte pour attaquer l'Éthiopie dans laquelle il vit un triple intérêt : l'établissement d'une colonie de peuplement, l'avantage stratégique du contrôle de l'axe reliant l'océan Indien à la Méditerranée et la gloire personnelle. L'armée italienne, commandée par Badoglio, battit les armées mal équipées du « roi des rois » qui dut s'exiler, plaidant vainement sa cause à la tribune de la SDN. L'Éthiopie fut réunie à l'Érythrée et à la Somalie pour former l'Afrique orientale italienne et le roi Victor-Emmanuel III prit le titre d'empereur d'Éthiopie (1936). La SDN condamna l'agression, décida des sanctions économiques, sans grand effet, et l'Italie se rapprocha de l'Allemagne. Voir Axe Rome-Berlin, Badoglio, Mussolini (Benito).

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