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Démocrite

Démocrite. Philosophe grec, fondateur avec Leucippe de l’atomisme grec. Né à Abdère (en Thrace) en 460 av. J.-C., il aurait vécu jusqu’à un âge avancé et serait mort vers 357. On disait qu’il avait beaucoup voyagé dans sa jeunesse, notamment en Asie. Platon ne le cite jamais nommément mais Aristote le mentionne fréquemment à propos de diverses questions et toujours avec respect. Il écrivit beaucoup sur un grand nombre de sujets, dont les sciences naturelles, les mathématiques, la mécanique, la grammaire, la musique et la philosophie, mais on n’a conservé que peu de ses œuvres, sous forme de citations. Ces quelques fragments concernent principalement l’éthique. Étant donné que les œuvres de Leucippe, son professeur présumé, ont également disparu, il est impossible de faire la part de ce qui revient à chacun dans l’atomisme. Les raisonnements des atomistes visaient à donner une explication du monde sensible tel qu’il apparaît aux sens, de sa multiplicité, de sa diversité, ainsi que du mouvement et du. changement. Des philosophes plus anciens, les Éléates avaient affirmé que « ce qui existe » (c.-à-d. le cosmos et tout ce qu’il renferme) est un, indivisible et immuable, malgré les apparences contraires : selon leur raisonnement, le contraire de « ce qui existe », à savoir « ce qui est non existant» ne peut pas être saisi par la pensée et donc n’existe pas. Les atomistes répondaient que le «non quelque chose» existe, qu’il est aussi réel que le «quelque chose», et qu’il peut séparer entre elles différentes parties de «ce qui existe». «Ce qui existe» est bien un, indivisible et immuable, mais il se présente sous la forme de particules, de petits solides indivisibles, les atomes (atoma, « choses qu’on ne peut couper»), qui ne se différencient les uns des autres que par la forme et les dimensions, et qui se meuvent au hasard, éternellement, dans un «néant» illimité, c’est-à-dire le vide. Tous les mondes (le nôtre n’est pas le seul) sont venus à l’être par une collision d’atomes due au hasard, provocant un mouvement de tourbillon où les atomes s’attachent les uns aux autres ; différents arrangements d’atomes forment différents amas, d’où la diversité du monde que nous percevons. Notre monde, comme tous les autres, est venu à l’existence par accident et s’est développé par nécessité; son intelligibilité ne dépend pas de sa création par quelque forme d’intelligence divine. Les dieux, s’ils existent, bien que supérieurs aux humains, n’en sont pas moins des créatures qui sont venues à l’être et qui finiront par disparaître. La conscience et la perception de l’homme sont entièrement physiques et doivent être expliquées par les arrangements des atomes qui ne sont pas capables de conscience par eux-mêmes. La conscience réside dans l’âme (qui est aussi la cause de la vie) parce que l’âme est constituée d’atomes particulièrement subtils, bien qu’elle soit aussi périssable que le corps. La perception peut se produire grâce aux traces laissées (par l’intermédiaire des sens) sur l’âme par les émanations provenant des objets perçus. Dans son traité Péri euthymiêsSur la sérénité»), Démocrite dit que pour parvenir à la tranquillité de l’âme, les atomes qui la constituent doivent être protégés des troubles violents. Il exprime ainsi l’idée (développée plus tard par Épicure) que les hommes doivent viser le bonheur qui découle de la tranquillité de l’esprit, elle-même fondée sur la connaissance des fondements physiques de la vie. Les philosophes grecs postérieurs ne reprirent pas la théorie atomique de la matière; les successeurs de Démocrite les plus influents furent Épicure et Lucrèce. Une tradition littéraire latine représente Démocrite comme le « philosophe rieur» incapable de réprimer son hilarité devant le spectacle de la vie humaine (par opposition à Héraclite le mélancolique).

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