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VILLIERS DE L'ISLE-ADAM Auguste 1838-1 889

VILLIERS DE L'ISLE-ADAM Auguste 1838-1 889
Conteur, romancier et poète dramatique, né à Saint-Brieuc. Très jeune, il écrit des vers, des drames sombres ou féeriques ; et sa famille (de très vieille et authentique noblesse, mais ruinée par la Révolution) l'encourage. Elle va même jusqu'à tout vendre, biens meubles et immeubles, pour lui permettre d'aller tenter la gloire à Paris. Dès l'âge de vingt et un ans, il a publié un premier volume de Poésies. Suivent trois œuvres aux titres déjà très caractéristiques de sa mythologie personnelle : Isis, roman philosophique (1862), puis Ellen (1865) et Morgane (1866), deux drames dont le second n'est tiré qu'à vingt-cinq exemplaires (une version plus tardive, intitulée Le Prétendant, a été rééditée récemment chez José Corti; voir la bibliographie ci-après). Mais aucune de ses œuvres n'a encore trouvé le moindre écho lorsqu'il s'avise de délaisser les grands genres pour les œuvres brèves : nouvelles et, surtout, contes. Il fonde une revue (1867) pour les héberger. Quinze ans plus tard il va commencer à les réunir en volumes : Contes cruels (1883, son meilleur livre), Nouveaux Contes cruels, Histoires insolites, etc. À la veille de sa mort, il donne au public Tribulat Bonhomet (1889) ; c'est en fait une série de contes qui tournent tous autour du même personnage, l'anti-héros de notre temps: un physiologiste, dit-il, c’est-à-dire un homme « positif» selon le cœur de ses contemporains.
En fait l'idée de la Science, en ce siècle du scientisme triomphant, l’a hanté toute sa vie : tour à tour repoussante, quand il l'envisage dans sa réalité contemporaine; puis fascinante, au contraire, dès lors qu’il lui confie son rêve d'un monde de l'Absolu, soumis à des forces incompréhensibles, mais « illimitées». D’où le caractère paradoxal d’un roman comme L'Ève future, un de ses derniers livres (1886) : la belle « andréïde » Hadaly, en tant que créature artificielle inspire à Villiers, toujours à la recherche de l’âme, une immédiate répulsion; mais du même coup cette créature affranchie des misères humaines lui apparaît comme l'au-delà de la nature auquel il ne cesse d’aspirer. Villiers serait-il adepte, avant la lettre, d’une littérature de science-fiction? Oui, dans la mesure où concevoir la science comme une « fiction » est pour lui, au fond, un exorcisme contre la science, qu’il trouve en elle-même révoltante et inquiétante. C'est ce que révèle par exemple un de ses Contes cruels : L'Appareil pour l'analyse chimique du dernier soupir.


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