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VIGNY Alfred de 1797-1863

VIGNY Alfred de 1797-1863

Poète, né à Loches, sur l’Indre. Le comte de Vigny est dès l’âge de seize ans promis à la carrière militaire, qu’il abandonnera à trente ans (1827). À cette date il a déjà publié, coup sur coup, un roman plein de feu, Cinq-Mars (1826; du «Dumas-père», avant la lettre) et les Poèmes antiques et modernes (1826), qui contiennent Éloa, son chef-d’œuvre. Un amour malheureux (et orageux) va, six années durant, l’occuper, et, dit-il, le déchirer. Il s’agit de l’actrice Marie Dorval, qui, par sa perfidie, suffirait à rendre compte de l’indéracinable misogynie du poète : La femme, enfant malade et douze fois impur. Ou encore (extrait du même poème, La Colère de Samson) : Et, plus ou moins, la femme est toujours Dalila. Mais la correspondance publiée par C. Gaudier établit que c’est l’actrice qui a aimé vraiment, et qui, vraiment, fut bafouée.
Cette période de sa vie est, au surplus, la plus féconde sur le plan littéraire. Stello (1832), sera suivi cinq ans plus tard de Daphné; ce sont deux séries de récits sur le thème de la solitude et de l’incompréhension dont le poète (ou le penseur) est en tout temps victime. Ce thème est repris d’ailleurs dans le drame Chatterton (1835). La même année, 1835, sa rancune à l’égard de l'armée se donnera libre cours dans Servitude et grandeur militaires, suite de nouvelles (L’existence du soldat est, après la peine de mort, la trace la plus douloureuse de barbarie qui subsiste parmi les hommes. Et encore : L’armée est une nation dans la nation: c’est un vice de nos temps). Bizarrement, le poète va maintenant rester silencieux, bien que certaines des plus belles pièces du futur recueil lyrique, Les Destinées (en particulier La Mort du loup), soient composées déjà. À la vérité, le comte de Vigny va désormais, de Daphné (1837) jusqu’à sa mort (1863), bouder ses contemporains qui ne l’ont pas accueilli. Il se retirera en son domaine du Maine-Giraud, en Charente, sa tour d'ivoire (la formule, qui est de Sainte-Beuve, s’appliquait à merveille au poète Vigny en effet), d’où il ne descendra que pour aller poser a l’Académie sa candidature. (Il y est enfin reçu en 1845.) « Personne, écrit Jules Sandeau, n’a vécu dans l’intimité de M. de Vigny. » Non pas qu’il se soit éloigné des hommes par indifférence, mais au contraire pour mieux les aimer. Il se détourne de son voisin pour mieux songer à son prochain. Les deux chefs-d’œuvre qu’il termine sans les donner au public, dans la seconde moitié de sa vie, débordent de confiance en l’homme; si ce n’est (chez ce « désabusé ») : d'illusion, de chimérique espoir en l’avenir pacifique et serein de l’humanité. Ce sont, 1° le recueil des Destinées, onze « poèmes philosophiques » (publiés au lendemain de sa mort), et 2° le Journal d'un poète, recueil de notes et de pensées, rassemblées par son exécuteur testamentaire (1867).



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