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VAUVENARGUES Luc de Clapiers, marquis de 1715-1747

VAUVENARGUES Luc de Clapiers, marquis de 1715-1747
Moraliste, né à Aix-en-Provence. Un des plus personnels et sans conteste le plus injustement méconnu de tous les grands hommes du « siècle des philosophes ». Bien né, et, de plus, bien doué sur le double. plan de l'intelligence et de l'énergie, lecteur enthousiaste de Plutarque, il rêve d'être un grand capitaine, guerroie en Italie et en Bohême (où il a les jambes gelées), s'ennuie dans de mornes garnisons (Arras, Verdun, Metz) et démissionne en 1744. Il a trente ans; il lui reste trois années à vivre. Un nouvel échec, dans la carrière diplomatique, dû à sa mauvaise santé (la petite vérole le défigure; fi perd presque entièrement la vue), et il ne songe plus désormais qu'à la gloire littéraire. Pourtant ce sera sans nom d'auteur que son premier et dernier ouvrage, Introduction à la connaissance de l'esprit humain (dont font partie les Maximes), va paraître en 1746. Au surplus, il n'a pas de succès. Seuls quelques amis généreux, Voltaire, Marmontel, ainsi que le marquis de Mirabeau, philosophe, économiste (et père de l'orateur), lui écrivent et le louent en public. L'année suivante, il meurt (de phtisie). Cette destinée tragique, ainsi que l'allure très personnelle de ses « œuvres morales», leur chaleur, leur ton passionné, pétulant (toutes vertus inhabituelles chez un philosophe), enfin deux ou trois de ses formules, isolées et soulignées non sans lourdeur, dans les manuels de littérature d'hier (les grandes pensées viennent du cœur..., par exemple) ont gauchi le personnage de Vauvenargues dans une direction qui n'est guère la sienne. Déformation louable en soi, puisqu'il s'agissait de hisser cet homme du ^WIIe siècle jusqu'au titre de « précurseur du romantisme ». En réalité, bien davantage qu'une mise en cause de l'intelligence au profit de la passion, c'est l'idée toute nouvelle de leur complémentarité qui est posée par Vauvenargues; et d'une façon tellement téméraire, tellement en avance sur son temps qu'elle l'est encore sur le nôtre. L'idée de passion, notons-le tout d'abord, n'implique pas chez lui quelque abandon, complaisant et mou(« le vague des passions», cher au siècle suivant). Ni surtout la propension un peu suspecte à l'attendrissement de ces personnes convenables qui se sentent généreuses parce qu'elles ont pleuré (attitude très profitable, dit-il, de celui qui promet beaucoup pour se dispenser de donner un peu). Lorsqu'il parle des passions, des passions très hautes, mais vraies, il s'agit beaucoup plus crûment de l'appétit de bonheur, de cette impétuosité irrépressible de...



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