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UNIVERS / UNIVERS DU DISCOURS / UNIVERSALISATION / UNIVERSALISME / UNIVERSALITÉ / UNIVERSEL / UNIVERSEL CONCRET

UNIVERS, n.m. (lat. universum « le monde entier »). ♦ 1° L'ensemble de tout ce qui existe, dans le temps et dans l’espace. Terme plus vaste que le monde, qui ne désigne que le monde connu. D’où « pluralité des mondes » (FONTENELLE). Pascal a employé univers comme synonyme de « monde connu » dans le célèbre passage sur les Deux infinis : « Je lui (à l’homme) veux peindre, non seulement l'univers visible, mais l'immensité qu'on peut concevoir de la nature dans l’enceinte de ce raccourci d'atome. Qu'il y voie une infinité d'univers, dont chacun a son firmament, ses planètes, sa terre, en la même proportion que le monde visible » (Pensées, Br. 72). Leibniz a employé « monde » et « univers » comme synonymes (Théodicée). ♦ 2° Par analogie, le monde que chacun se constitue, le milieu dans lequel on vit (son village est son univers). — Milieu intellectuel ou social défini par une préoccupation dominante (univers politique, univers de la musique, univers des valeurs).
UNIVERS DU DISCOURS. Pour le logicien Morgan {Logique formelle, 1847) ensemble et contenu des concepts qui fondent la cohérence de ce que l'on dit quand on parle ou quand on écrit. Nous admettons que les animaux parlent quand nous lisons La Fontaine, nous ne l’admettons pas dans un Traité de zoologie. Depuis, la notion s'est étendue : il s'agit d'analyser tous les présupposés qu'implique un discours. La question est de savoir si l'on peut énoncer des choses vraies dans n'importe quel univers de discours. Elle a été étudiée par les logiciens modernes qui se sont occupés de logique modale, par exemple Lewis.
UNIVERSALISATION, n.f. ♦ 1° Action d'étendre à l'univers entier, ou au monde entier. ♦ 2° Processus mental consistant à passer du particulier à l'universel. Il est caractéristique de la réflexion morale. Je trouve juste que ma propriété soit respectée. J'en arrive à trouver juste que toute propriété soit respectée. Passer du particulier à l'universel consiste à fonder en raison, car la raison est universelle. On dit souvent généralisation pour désigner ce processus. Mais le général n'est pas l'universel. Ce peut être le majoritaire (opinion générale, volonté générale).
UNIVERSALISME. n.m. ♦ 1° Le sens le plus courant est religieux. Doctrine suivant laquelle tous les hommes sont appelés au salut, c'est-à-dire à la réalisation de leur finalité essentielle et au bonheur. C'est la caractéristique du christianisme, en deux sens, a) La «Bonne Nouvelle» du salut, c'est-à-dire l'Évangile, doit être annoncée à toutes les nations, parce qu'elle est destinée à tous les hommes, et à chacun d'eux, sans exception ; b) Elle correspond à toutes les aspirations fondamentales de la « nature » humaine, elle-même universelle (aspirations à la vie, au bonheur, au bien, à la justice, à l'amour). Historiquement, le christianisme s'est également montré universel. C'est lui qui a touché le plus grand nombre d'hommes, et qui a le plus profondément marqué les cultures, les mœurs et la civilisation. S'il connaît actuellement un fléchissement dans certains pays, c'est pour des raisons socio-culturelles qui ont aussi agi à d'autres moments de l'histoire, et qui n'indiquent pas qu'il est destiné à la décadence. ♦ 2° Caractéristique d'une religion qui n'est pas nationale, qui ne s'adresse pas à un peuple particulier et qui se propose à tous les hommes. ♦ 3° Certains souhaitent donner au mot une signification philosophique et non religieuse. L'universalisme consiste alors : a) S'il s'agit de concevoir la réalité, à considérer celle-ci comme un tout unique duquel l'individu ne peut s'isoler que par abstraction ; b) S'il s'agit de concevoir l'individu, à ne pas le considérer comme une fin mais comme un moyen et un élément du tout. De telles vues trouvent leur place dans des philosophies comme celle de Hegel ou d'Auguste Comte.
UNIVERSALISME, n. m. Doctrine religieuse selon laquelle tous les hommes sont appelés au salut et qui, par conséquent, s’adresse à tous sans distinction. Le christianisme est un universalisme. Se dit aussi de philosophies à visée «universaliste», considérant la réalité du monde comme une totalité à penser globalement.
UNIVERSALITÉ, n.f. ♦ 1° Caractère de ce qui est universel, ou de celui qui est universel. C'est la caractéristique de la raison. ♦ 2° Ensemble, totalité (universalité de tous les êtres). ♦ 3° L'œcuménisme signifie l'universalité (et non l'unité). Oikoumenè gê désigne l'ensemble de la terre habitée. L'universalité caractérise la mission de l'Église. L'unité en est une condition. UNIVERSAUX. n.m.pl. (lat. universalia, pluriel neutre d'uuniversalis). Forme ancienne et plurielle d'« universel ». Les cinq termes, les quinque voces, que Porphyre (IIIe siècle) énumère dans son Introduction à la Logique d'Aristote (Isagoge), et qui représentent les termes les plus généraux dont on fait usage en logique. Ce sont le genre, l'espèce, la différence, le propre et l'accident. Aristote (Topiques) énumérait simplement quatre universaux (la définition, le genre, le propre et l'accident), à partir desquels on pouvait développer quatre sortes de propositions et de questions. — Querelle des universaux. Pendant trois siècles, au Moyen-Âge, philosophes et théologiens se sont affrontés sur le problème des universaux. La question est la suivante : À quoi correspond un terme général comme homme, que nous pouvons attribuer à différents sujets ? Est-ce un simple mot ? Est-ce une réalité qui existe en dehors de l’esprit ? Est-ce une réalité qui n’existe que dans un esprit ? Qu’est-ce qui fait son universalité ? Ce débat se trouve repris en termes nouveaux en linguistique.



UNIVERSEL, adj. et qqf. n.m. ♦ 1° Adjectif, a) Qui s’étend à l'ensemble de l'univers : {déterminisme universel) ; b) Qui s'étend à un ensemble considéré {pays à suffrage universel) ; c) Qui est considéré comme commun à tous les hommes {la raison est universelle). — Qui pourrait convenir à tous les hommes {langue universelle) ; d) En logique, un sujet est universel quand il est pris dans toute son extension. Une proposition est universelle lorsqu'elle s'étend à tous les individus, sans exception, de la classe considérée : « Tous les hommes sont mortels. » ♦ 2° Substantif, a) Ce qui est tenu pour vrai ou pour bien par toutes les intelligences {penser l'universel) ; b) Un universel est un concept universel, qui peut être le prédicat d'un grand nombre de sujets. L'emploi au singulier est beaucoup plus rare que le pluriel universaux.
UNIVERSEL CONCRET. ♦ 1° L'idée de l'universel concret se trouve d'abord dans la Logique de Hegel. Il y oppose l'« universel abstrait», qui est la notion de l'Etre pur, la plus générale et la plus pauvre de toutes, et 1' « universel concret », qui est le principe dont dépend toute chose et qui embrasse tout en lui, « forme infinie dans laquelle se trouve enveloppé tout contenu, et par laquelle tout contenu est engendré ». ♦ 2° La notion d'universel concret a été utilisée ultérieurement dans la philosophie moderne, surtout en dehors de la France, avec des sens variés : soit qu'on voie en lui le type idéal dont les choses tirent leur existence (l’universel ante rem des scolastiques), soit qu’il désigne un contenu conceptuel que l'on pourrait trouver pour ainsi dire incarné dans une unité organisée existante, ou enfin un personnage historique qui réaliserait éminemment un idéal conceptuel.

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