Databac

Turcaret d'Alain-René LESAGE, 1709

• Comédie de moeurs et d'intrigue en cinq actes. L'action se passe à Paris à l'époque de la première représentation. • Turcaret est un ancien laquais, enrichi dans la ferme des impôts et dans l'usure, comme le Sosie de La Bruyère (Les Caractères VI, 15). Il est à son tour exploité par une jeune veuve coquette qui se dit baronne, laquelle est plumée par un jeune chevalier sans scrupules, servi par un valet ambitieux et cynique, Frontin, qui songe surtout à ses propres affaires. La Baronne paie les prétendues dettes de jeu du Chevalier et, malgré les remontrances de sa suivante, Marine, remet encore pour lui à Frontin un diamant offert par Turcaret. Cette perte est comblée par un nouveau présent du financier qui fait sa cour à la Baronne en lui envoyant des vers et un billet au porteur de 10000 écus. Le Chevalier est cause du départ de Marine mais obtient de se charger de négocier le billet. On décide de placer Frontin chez Turcaret pour mieux le manoeuvrer (Acte I). Frontin installe son amie Lisette comme suivante auprès de la Baronne. Turcaret, instruit par Marine, vient faire des reproches à l'infidèle, mais la scène tourne à sa confusion. Il accepte de donner un emploi de commis à Flamand, son laquais, et d'engager Frontin à sa place. Celui-ci se charge à son tour de changer le billet de la Baronne (Acte II). Frontin et Lisette poussent la Baronne vers le Chevalier et préparent un souper pour le soir. Turcaret lui offre des meubles, fait face à un jeune marquis dont il a servi le père et qui révèle ses procédés d'usurier. Puis il règle des affaires avec un commis, M. Rafle. Il promet enfin à la Baronne un carrosse que Frontin doit acheter (Acte III). Le Chevalier et le Marquis parlent d'une certaine comtesse arrivée de province. Frontin soutire 10000 livres à Turcaret au moyen d'une fausse reconnaissance de dette qu'il fait présenter à la Baronne par un faux huissier, M. Furet. Une marchande à la toilette, Mme Jacob, révèle qu'elle est la soeur de Turcaret et que celui-ci n'est pas veuf. C'est une grosse déception pour la Baronne. Lisette l'engage du moins à le ruiner (Acte IV). Sa chute est proche et survient au moment du souper prévu : il se heurte à sa femme venue à Paris en fausse comtesse, à sa soeur, Mme Jacob, et surtout à ses associés qui le font arrêter pour des engagements non tenus. Frontin en profite pour s'approprier le billet qu'il détient et triomphe : Voilà le règne de Turcaret fini; le mien va commencer. • Les figures de Turcaret et de Frontin dominent ce jeu satirique qui, les reprises modernes l'ont montré, est d'une grande efficacité théâtrale.


♦ «Le Sage avait bien de l'esprit, mais il met tant de talent à le cacher, il aime tant à se cacher derrière ses personnages, il s'occupe si peu de lui qu'il faut avoir de bons yeux pour voir l'auteur dans l'ouvrage et apprécier à la fois l'un et l'autre. » La Harpe. ♦ « Il écrivait au jour le jour, volume par volume; il prenait ses sujets où il pouvait, et partout où il s'en offrait à sa convenance; il faisait du métier. Mais il le faisait avec naturel, avec facilité, avec un don de récit et de mise en scène qui était son talent propre, avec une veine de raillerie et de comique qui se répandait sur tout, avec une morale vive enjouée, courante, qui était sa manière même de sentir et de penser. » Sainte-Beuve.

Liens utiles