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TROIE

Ancienne cité d'Asie Mineure, appelée également par les Grecs Ilion (en latin Ilium). Elle jouissait d'une position exceptionnelle, sur la côte méridionale de l'Hellespont (détroit des Dardanelles), au carrefour de la route maritime mer Égéemer Noire et de la route terrestre Europe-Asie, empruntée notamment par plusieurs peuples qui, venus de la Thrace et du Danube, franchirent à cet endroit l'Hellespont en direction de l'Anatolie et du Proche-Orient. La ville n'était pas située sur le bord même de la mer, mais sur une colline, entre le Scamandre et le Simoïs.
• Les données légendaires • Troie jusqu'aux découvertes du XIXe s. • Les fouilles de Schliemann et les données archéologiques
Les données légendaires
D'après la tradition grecque, plusieurs villes se sont succédé en Troade (pays de Troie), jusqu'à la fondation de Troie et d'Ilion. Sous le règne de Laomédon, père de Priam, le dieu Poséidon bâtit les murs de Troie. Priam épousa Hécabé (Hécube) dont il eut cinquante fils et douze filles, et étendit la domination de Troie depuis les côtes méridionales, en face de Lesbos, jusqu'à l'Hellespont. Pâris, l'un des fils de Priam, enleva Hélène, femme du roi de Sparte Ménélas. Pour venger cet affront, tous les « Achéens » (les Grecs) s'armèrent, sous la conduite d'Agamemnon. Après un siège de dix ans, au cours duquel se distinguèrent les Grecs : Achille, Agamemnon, Ménélas, Nestor, Ulysse, les deux Ajax..., et le Troyen Hector, fils de Priam, la ville fut prise grâce au stratagème du « cheval de Troie », dans lequel s'étaient cachés des guerriers grecs et que les Troyens firent entrer imprudemment dans leurs murs.
Troie jusqu'aux découvertes du XIXe s.
Après la ruine de Troie, une petite bourgade se reconstitua sur le site présumé de la puissante cité de Priam. Alexandre y fit un pèlerinage à l'aube de sa campagne en Asie et lui conféra des privilèges, et Lysimaque, suivant cette politique, l'entoura de fortifications d'environ 8 km de circonférence. Après les Grecs de l'époque alexandrine, les Romains, qui s'enorgueillissaient de descendre d'Énée, se rendirent en pèlerinage à Troie. Sylla et César firent beaucoup pour la ville, où les habitants se livraient à un fructueux trafic de prétendus souvenirs du siège fameux. Avant de fonder Constantinople (330), Constantin songea même, un moment, à établir sa nouvelle capitale en Troade.
Les fouilles de Schliemann et les données archéologiques
Avant même ses sept campagnes de fouilles menées de 1870 à 1890, le grand pionnier allemand de l'archéologie, Heinrich Schliemann, affirma l'identification du site de Troie avec la colline d'Hissarlik. En collaboration avec W. Dörpfeld, qui, après la mort de Schliemann, poursuivit les fouilles de 1890 à 1894, il mit au jour dans la colline d'Hissarlik neuf cités successives superposées, qu'on numérote, à partir de la plus ancienne, de I à IX. Schliemann vit d'abord dans le niveau II la Troie homérique, ce qui explique que les objets précieux et les vases qu'il y découvrit aient été désignés comme le « Trésor de Priam », une expression encore employée aujourd'hui. Schliemann lui-même pressentit par la suite que les premiers établissements troyens remontaient au IIIe millénaire av. J.-C. La guerre de Troie était située par les Anciens entre 1280 environ et 1184 av. J.-C., date donnée par Ératosthène ; elle correspondrait au niveau VIIa d'Hissarlik, détruit au milieu du XIIIe s. av. J.-C., selon l'archéologue K. Blegen, comme l'attestent des traces d'incendie et des restes humains marqués par des violences. Mais dans les ruines de la ville de Priam (Troie VIIa) continua d'habiter une petite population (Troie VIIb) ; Troie VIII correspond à la ville hellénistique ; Troie IX, à la ville romaine. Depuis la première moitié des années 1980, de nouvelles fouilles ont permis d'établir que le site était occupé dès le IVe millénaire, mais que Troie I ne remonte pas au-delà de 2500 av. J.-C. Il semble aujourd'hui que la colline d'Hissarlik a été occupée par la citadelle de Troie antique, et que des quartiers d'habitation s'étendaient alentour.
TROIE. Ancienne cité d'Asie Mineure (appelée Ilion par les Grecs) située sur une colline proche de la côte sud de la mer Noire. Elle bénéficiait d'une position géographique exceptionnelle car elle contrôlait le détroit des Dardanelles conduisant à cette mer. Ville assiégée par les Achéens dans les récits d'Homère, son site fut découvert et exploré par Schliemann à partir de 1871. Les fouilles archéologiques poursuivies jusqu'en 1938 ont mis au jour neuf cités successives superposées, dont les plus anciennes (niveau I à IV) remontent au IIIe millénaire av. J.-C. C'est l'une d'elles (Troie VII) qui fut le théâtre de la guerre de Troie à la fin du XIIIe siècle ou au début du XIIe siècle av. J.-C. Certains historiens pensent que l'expédition des Achéens s'explique par leur désir de conquérir le contrôle des détroits (détroit des Dardanelles et détroit du Bosphore aujourd'hui) pour développer leur commerce en mer Noire. Voir Iliade.


Troie (Troia). Ancienne ville d'Asie Mineure, également connue sous le nom d'Ilion, célèbre pour le légendaire siège de Troie, sujet de L Iliade d'Homère. Le site de Troie, au nord-ouest de l'Asie Mineure, à environ 6 km de la mer Égée, légèrement au sud de l'Hellespont, a été identifié avec la ville moderne de Hissarlick, grâce aux fouilles effectuées entre 1870 et 1890 par H. Schliemann. La poursuite des fouilles a révélé la présence de neuf villes successives, dont les plus anciennes (niveau I-IV) remontent au bronze ancien (IIIe millénaire av. J.-C.). Dès le début, Troie fut une place forte, occupée par une même population ayant sa culture propre pendant toute cette période. Le niveau VI témoigne de l'arrivée v. 1900 av. J.-C. d'une population nouvelle porteuse de la culture du bronze moyen, à l'origine de l'introduction du cheval et de la céramique minyenne, probablement apparentée aux peuples de langue grecque qui s'implantent au même moment en Grèce continentale (v. 2000-1900 av. J.-C.). Leur ville, Troie VI (v. 1900-1300) fut construite selon un plan radicalement différent, ne tenant aucun compte des rues et maisons antérieures. Elle prospéra, fut fortifiée et finit par ressembler à une forteresse mycénienne, protégée par des remparts massifs (plus de 3 m d'épaisseur et pouvant atteindre 6 m de hauteur), pourvus de portes et de tours carrées pour assurer la défense, la citadelle se trouvant au centre. En 1300, Troie jouissait d'une grande prospérité depuis six cents ans. L'origine de sa richesse a fait l'objet de nombreuses hypothèses. D'une part, sa situation lui donnait le contrôle d'une grande partie du commerce est-ouest, d'autre part elle possédait des terres riches ; elle était célèbre, d'après Homère, pour ses chevaux et devait être en outre, à en juger par les nombreuses fusaïoles retrouvées, un centre florissant de confection de textiles. Cette ville fut détruite par un violent tremblement de terre v. 1300 av. J.-C. ; mais les survivants entreprirent aussitôt la reconstruction de la ville (Troie Vila). Les fouilles ont montré qu'un plus grand nombre d'habitants s'installèrent alors à l'intérieur des murs. Mais en 1250 av. J.-C. Troie VII a fut à nouveau anéantie par un violent incendie, accompagné, semble-t-il, du sac de la ville. Si la guerre de Troie possède une réalité historique, on doit la faire remonter à 1250 au plus tard, puisque à partir de cette date la Grèce continentale fut elle-même touchée par la crise générale qui plongea alors toute la Méditerranée orientale dans l'instabilité. Les auteurs antiques fournissent différentes dates pour la guerre de Troie, allant de 1280 environ à 1184 ou au-delà ; 1184 est la date retenue par Ératosthène et qui sembla s'imposer par la suite. Le grand érudit partit de la date incontestable des premiers jeux Olympiques, 776 av. J.-C., remonta la généalogie des rois Spartiates et fixa l'invasion dorienne à 1104. Or, selon la tradition celle-ci aurait eu lieu deux générations, c'est-à-dire quatre-vingts ans, après la guerre de Troie. L'arbre généalogique légendaire des rois de Troie est le suivant: Dardanos, fils de Zeus; fonda la Dardanie (selon Homère) au nord-est de Troie et épousa la fille du roi indigène Teucros (1). Il eut pour descendants Tros (qui donna son nom à la Troade et aux Troyens) et Ilos qui fonda la ville de Troie (d'où le nom d'Ilion). Ilos eut deux fils : Laomédon (père de Priam) et Tithônos, ainsi qu'une fille, Hésioné qui épousa Télamon et eut pour fils Teucros (2), demi-frère d'Ajax.

Troie, cheval de (ou cheval de bois). Stratagème utilisé par les Grecs pour s'emparer de Troie, après la mort d'Achille. Homère connaissait cet épisode, puisqu'il l'évoque dans L'Odyssée; il figure aussi dans les cycles épiques relatifs à Troie; L Iliade toutefois se termine avant cet épisode. Un habile artisan, Épéios, fut chargé de construire un énorme cheval de bois à l'intérieur duquel se cachèrent les plus valeureux guerriers grecs : Ulysse, Ménélas, Démophon et bien d'autres. Il fut abandonné sur la plage, avant que les Grecs ne lèvent le siège, laissant Sinon derrière eux. Celui-ci affirma avoir déserté et expliqua aux Troyens que le cheval de bois était une offrande à Athéna qui rendrait la ville imprenable si on l'y faisait pénétrer. Les Troyens hésitaient sur la décision à prendre. Laocoon (prêtre d'Apollon) affirma que c'était une ruse et qu'il fallait se défier des «cadeaux des Grecs». Mais il fut alors étouffé avec ses fils par deux serpents et les Troyens, y voyant une punition pour le sacrilège qu'il avait commis, firent entrer le cheval de bois dans la ville. Cassandre, elle aussi, avait prophétisé le désastre, mais personne ne l'avait crue. Pendant la nuit, les guerriers grecs sortirent du cheval et prirent la ville. Dans L'Odyssée d'Homère (liv. IV), Ménélas rappelle à Hélène que, après l'introduction du cheval à l'intérieur des murs de Troie, elle avait tourné autour, appelant les hommes qu'elle pensait être à l'intérieur et que c'était Ulysse qui avait empêché les hommes de répondre. Au livre VIII, Ulysse, à la cour du roi Alcinoos, prie le barde de chanter l'histoire du cheval de bois. Virgile raconte également (Énéidé, II) l'entrée du cheval dans Troie et le sac de la ville.

TROIE (Guerre de). Guerre qui opposa les Achéens et les habitants de la ville de Troie au XIIIe siècle av. J.-C. Elle a été racontée dans l'Iliade, poème légendaire attribué à Homère.

Cheval de Troie (Le) Comment une trahison peut-elle devenir une action, sinon admirable, du moins admirée depuis des millénaires, symbole incontesté de l’ingéniosité des Achéens et véritable titre de gloire de cet Ulysse « aux mille ruses » qui semble préfigurer l’homme moderne ? Ni le désir d’en finir coûte que coûte au prix sonnant de l’héroïsme, ni la mort d’Achille qui ne participa donc jamais à pareille infamie, ni le sentiment nouveau qu’il est désormais vain d’attendre de la guerre gloire et immortalité, ne justifient le procédé : tromper l’adversaire, se glisser derrière ses murs et ses défenses, profiter de son ivresse et de son sommeil pour le massacrer sans qu’il puisse même se défendre. La leçon vaut pourtant en politique ; elle a pour nom « entrisme ». Théorisée par Lénine dans L'Etat et la Révolution, elle conduisit quelques étudiants brillants dans les années 1960 à intégrer, pour le compte de groupuscules trotskistes, l’École nationale d’administration dans le but d’infiltrer l’appareil d’État afin, le grand soir venu, d’en prendre les commandes et de le retourner contre les bourgeois.


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