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Tony Duvert

Né en 1945, Tony Duvert a contre lui les apparences. On le prend pour l'écrivain du mal (sa littérature serait « perverse ») et, comme bien d’autres, pour un écrivain trop moderne (donc difficile). Son œuvre dit pourtant quelque chose d’autre. Le travail de Tony Duvert est d’ores et déjà « un événement littéraire », comme l’a écrit Madeleine Chapsal qui ajoutait, dans l’Express, « c’est-à-dire quelque chose de très rare et de particulièrement scandaleux. » Le scandale, c’est toujours la langue. Mais il est ailleurs aussi. Dans le fond des thèmes abordés par Duvert-le-pornographe, par Duvert-le-pédophile. Nous disons bien « pornographe », parce que l’on sait que l’érotisme est une espèce de politesse de classe de la pornographie. Oui, Duvert déambule dans la ville quand le soir clandestine ses rendez-vous avec l’univers de l’homosexualité. Mais cet univers est, chez lui, celui de l’innocence et non celui des déviants. Il nous fait vivre l’extrême marginalité de ses expériences en faisant percevoir que c’est aussi l’humaine condition. Si l’on dépasse son propre racisme sexuel, on constate que Duvert parle de choses que l’hétérosexuel, le non pédéraste vit de la même façon. Il nous parle presque au nom des sentiments. Ça tend à l’universalité dans cette singularité qui a tout pour elle (la violence sexuelle, l’amour des petits garçons, etc ). Ça tend à une lecture qui ne banalise pas, non, mais qui provoque notre conscience des différences en disant le lot commun. C’est là, dans cette réconciliation, que Tony Duvert est un grand écrivain, un écrivain « classique ». Son écriture, dira-t-on, ne l’est pas du tout. Mais ce n’est pas une écriture tapageuse, ce n’est pas une écriture qui trafique les signifiants, qui se prend pour de la théorie. C’est, là aussi, l’innocence qui commande. Tony Duvert écrit pour pouvoir faire l’amour et non pas pour faire l’amour à l’écriture selon l’ambition des esthètes et des mondains.

► Bibliographie

Récidive, éditions de Minuit, 1967, nouvelle version en 1976 ; Portrait d'homme-couteau, éditions de Minuit, 1969, nouvelle version à paraître en 1977-78 ; interdit de séjour, éditions de Minuit, 1969, nouvelle version en 1971 ; Le Voyageur, éditions de Minuit, 1970; Paysage de fantaisie, prix Médicis, éd. de Minuit, 1976; Le bon Sexe Illustré, pamphlet en réponse à l'encyclopédie Hachette de la sexualité, éditions de Minuit, 1974 ; Revues, numéros 1,4, 19 et 24 de Minuit ; Texte sur Robert Pinget dans le numéro 252 de Critique.

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