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THOMAS D'AQUIN saint (1225-1274)

THOMAS D'AQUIN saint (1225-1274)

Né à Rocca Secca en Italie, près de Naples, dans une famille noble, il devint moine dominicain (ordre des Prédicateurs) en 1243 contre la volonté de ses parents (qui le firent enlever et séquestrer avant de céder). Il fut envoyé à Paris et à Cologne, pour étudier la théologie et la philosophie. Élève d'Albert le Grand, novateur qui introduisit l'aristotélisme dans la réflexion chrétienne, il devint maître en théologie en 1256. Enseignant très brillant, il développa l'étude d'Aristote, dont il commenta toutes les œuvres, et soutint de nombreuses polémiques avec les Franciscains, hostiles à l'aristotélisme. Certaines de ses Idées furent condamnées par la Sorbonne en 1277. Travailleur infatigable, il dictait plusieurs ouvrages en même temps à cinq secrétaires particuliers. Il produisit une œuvre monumentale, dont deux Sommes. Dans les derniers mois de sa vie, malade, il délaissa quelque peu son travail, et s'absorba dans une vie mystique qui lui fit paraître son œuvre « comme un fétu de paille » à côté des vérités révélées dans la contemplation. Il fut canonisé en 1323 et devint docteur de l’Église en 1567.

Théologien et philosophe italien de langue latine (1225-1274).

• Parce qu’il s’est délibérément rangé sous la bannière d’Aristote en un temps où dominait le néoplatonisme, Thomas d’Aquin a vu ses thèses condamnées par l’évêque de Paris, avant d’être unanimement reconnu comme le philosophe officiel de l’Église catholique. • Le premier dessein de saint Thomas est de distinguer clairement les domaines respectifs de la foi et de la raison, la première s’attachant à la révélation des mystères divins (inaccessibles à la raison), la seconde à la démonstration des vérités philosophiques. • Mais comme la vérité est une, philosophie et théologie se soutiennent mutuellement. Il est ainsi possible de prouver rationnellement l’existence de Dieu, en recourant notamment à l’argument selon lequel on ne peut remonter à l’infini dans la chaîne des causes efficientes (Dieu comme cause première). • Contre la tradition platonicienne, saint Thomas fait de l’homme une substance psychosomatique dans laquelle la forme (l’âme) et la matière (le corps) sont unies.

Principales œuvres : De l’Être et de l'essence, Somme contre les Gentils, Commentaires sur Aristote, Somme théologique (1266-1274).

Thomas d’Aquin, saint (1225-1274) ; théologien. Si aujourd’hui l’image que nous avons de T. est celle d’un maître incontestable, érigé par l’Église en théologien officiel, il est sain de se rappeler à quel point certains, et certaines autorités, se sont opposés à l’enseignement de T. Né dans une famille noble d’Italie méridionale, étudiant à l’abbaye du Mont-Cassin, T. quitte son monde féodal pour aller étudier à l’université de Naples, et entre à dix-neuf ans chez les dominicains. La rupture est profonde, et sa famille s’y oppose d’ailleurs en l’enlevant un temps. Face à une Église qui, pour avoir cherché à christianiser la société féodale, avait fait siens bien de ses traits, T. opte pour le renouveau évangélique incarné par les jeunes ordres mendiants, et pour une Église tournée avant tout vers le spirituel et non vers les questions temporelles. Comme tout dominicain, il se consacre d’abord à sa formation intellectuelle, et va étudier à l’université de Paris où il suit l’enseignement du plus grand maître de l’époque, le dominicain Albert le Grand, qui cherche à faire la synthèse des connaissances de son temps. Il accompagne son maître à Cologne de 1248 à 1252, puis revient à Paris ; maître en théologie en 1256, il enseigne au collège Saint-Jacques et son enseignement frappe ses auditeurs par sa qualité et sa nouveauté radicale ; il rentre ensuite en Italie avant de revenir à Paris de 1268 à 1272. À sa mort, les étudiants parisiens réclament son corps, conscients que T., leur maître, était un théologien d’exception. Ses oeuvres essentielles sont la Somme contre les gentils, critique des philosophies et théologies antérieures, et la grande Somme théologique. Au moment où la raison triomphe, que ce soit à travers les progrès économiques, politiques (notamment le mouvement communal de type démocratique), ou bien dans le domaine philosophique et universitaire avec la divulgation de l’aristotélisme, la foi semble condamnée tant la raison maîtrise le monde ; les réalités terrestres se vengent du mépris dans lequel le discours de l’Église les a tenues. Or le grand effort de T. consiste à réconcilier la foi et la raison ; il fonde sa théologie sur la contemplation, où intervient tout son désir intellectuel, et affirme que la raison éclaire la foi et que chaque domaine de la connaissance obéit de manière autonome à la raison. Il donne ainsi droit de cité à un aristotélisme lu avec le regard chrétien. Par ailleurs l’autonomie qu’il accorde au politique est particulièrement importante aux yeux de ceux qui veulent libérer l’Église de ses compromissions temporelles. T. est impliqué dans les attaques portées par Guillaume de Saint-Amour contre les ordres mendiants ; il défend alors la juridiction universelle du pape, dont les ordres mendiants sont les premiers serviteurs. Son esprit est bien résumé par une boutade célèbre : à Bonaventure qui lui reproche de mêler l’eau de la raison au vin de la sagesse divine, il répond que comme à Cana l’eau se trouve changée en vin. Bibliographie : M.-D. Chenu, Thomas d’Aquin, 1959.

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