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textes, critique des

textes, critique des. Les manuscrits ayant assuré la transmission des oeuvres de la littérature grecque et latine datent pour la plupart du Moyen Âge (ixe-xve s.). Il s'agit donc de copies très éloignées dans le temps des textes originaux. Le but de la critique des textes est de restaurer, dans la mesure du possible, le texte original à partir de manuscrits qui, en raison des nombreuses transcriptions effectuées au cours des siècles, ont subi des modifications, erreurs de transcription ou adjonctions volontaires (interpolations), ainsi que les outrages du temps (usure, déchirures). La première étape consiste à comparer différentes copies d'un même texte, afin de remonter à travers les copies successives à la version la plus proche du texte dont elles dérivent toutes, l'archétype. Ainsi placé en amont des manuscrits connus, l'archétype correspond généralement à une copie plus ancienne perdue, mais elle-même effectuée plusieurs siècles après le texte original. Cette étape porte le nom de recension (de recensio révision) et les résultats en sont présentés, si possible, sous forme d'un stemma codicum (arbre généalogique des manuscrits) qui répertorie les manuscrits en leur attribuant une lettre de l'alphabet. Lorsqu'un scribe a introduit des variantes tirée de plusieurs sources, son manuscrit est jugé « contaminé » et trouve difficilement place dans le stemma. À ce stade, les manuscrits s'avérant être des copies directes d'autres manuscrits connus sont éliminés comme n'apportant rien de neuf. L'étape suivante consiste à effectuer l'examen critique des manuscrits répertoriés dans le stemma. Le but de l'érudit est d'identifier le texte authentique dans les passages qui diffèrent et de déceler les passages où tous les manuscrits semblent erronés; il procède alors, lorsque c'est possible, aux rectifications (« émendations ») ; dans le cas contraire, il isole l'erreur en encadrant le mot ou le passage corrompu par une «obèle» (croix verticale dans l'édition critique moderne, tandis que l'obelos des érudits alexandrins était un trait horizontal). Il est parfois difficile de juger, parmi différentes variantes ayant toutes un air d'authenticité, quelle est la bonne. Aujourd'hui ces variantes, ainsi que les rectifications précédentes, sont insérées en bas de page. Cette partie du texte, généralement rédigée en latin et comportant de nombreuses abréviations, est appelée apparatus criticus (apparat critique) et permet au lecteur de s'assurer par lui-même de l'authenticité du texte. L'un des grands noms de la critique de textes est celui de Karl Lachmann (1793-1851). Il introduisit le principe de la recensio, qui permet de remonter à l'archétype, dans son ouvrage sur les poètes latins et surtout dans son édition de Lucrèce (1850). Son examen des manuscrits du Nouveau Testament le poussa à remettre en question les «textes établis» et à en reprendre l'étude sur de meilleures bases.

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