Databac

suspension

La suspension est une figure microstructurale (de construction). Elle consiste en effet en une manipulation opérée sur la distribution habituelle des syntagmes : avec la suspension, ceux-ci ne se suivent plus dans l’ordre ordinaire des contiguïtés de dépendance, mais voient leur succession morcelée entre les groupes fonctionnels (et non à l'intérieur des groupes fonctionnels, comme dans la tmèse). Des éléments adventices viennent segmenter les contiguïtés attendues. Ex. :
Voir, ô merveille, voir! ma bouche nuancée (Valéry, Fragments du Narcisse)
On a dans ce vers un double fait de suspension, puisque le complément essentiel de voir (ici un complément d’objet : ma bouche nuancée), qui occupe cependant sa distribution normale, est deux fois différé à la suite de l’insertion inattendue d’éléments extérieurs : ô merveille et le point d’exclamation. C’est d’ailleurs ce second élément, graphiquement le plus ténu, qui produit le plus fort effet de suspension dans la phrase, même si l’exclamation nominale précédente crée la première le retardement décisif. La suspension définit toujours une marque très forte dans le texte.
=> Figure, microstructurale, construction ; tmèse, trajection, parembole, synchyse; aposiopèse, réticence.

Suspension. Figure de pensée qui consiste à faire attendre, en vue d’un effet, un élément de la phrase. L’accumulation, une parenthèse peuvent par exemple être utilisés pour cela : Je veux bien encore, malgré mon extrême lassitude, malgré mon écœurement de tout ce qui se passe en ce moment, malgré mille déceptions de toutes sortes, je veux bien vous dire un conte de Noël. (Alphonse Allais, Black Christmas)

Liens utiles