Databac

Supplément au Voyage de Bougainville ou Dialogue entre A. et B. Denis DIDEROT, 1796 (posthume)

• Le périple de Bougainville autour du monde (1766-1769, récit publié en 1771) ayant attiré l'attention sur un nouveau bon sauvage, le Tahitien, Diderot, malgré son peu de sympathie pour les thèses de Rousseau (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes), s'est amusé à exploiter la fable de Tahiti en imaginant ce Supplément. • Dans la première partie, en face de A., qui est sceptique, B., porte-parole de l'auteur, fait l'éloge du Tahitien qui n'entend rien à nos usages, à nos lois, mais en qui le sentiment de la liberté est le plus profond des sentiments. • Dans le deuxième, Les Adieux du vieillard, un sage Tahitien dénonce la corruption introduite dans l'île par les Européens, et dresse le procès de la colonisation. • La troisième, L'Entretien de l'aumônier et d'Orou, et la quatrième, qui la complète, confrontent plaisamment, à l'occasion de l'hospitalité que reçoit un aumônier, la liberté sexuelle tahitienne avec les principes européens. Cependant Diderot ne prêche pas la libération des instincts, et, posant le problème du choix entre la nature et les lois, fait dire à B. : Nous parlerons contre les lois insensées jusqu'à ce qu'on les réforme; et, en attendant, nous nous y soumettrons. Celui qui, de son autorité privée, enfreint une loi mauvaise, autorise tout autre à enfreindre les bonnes (5e partie). • Ce texte a été publié pour la première fois en 1796 par un adversaire de Diderot qui en fait le modèle de la pensée philosophique dissolvante. Pour nous, il illustre seulement les oscillations de Diderot entre les spéculations théoriques et la morale pratique.

Liens utiles