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SUGER

SUGER (1081-1151). D’humble extraction, il est élevé à l’abbaye de Saint-Denis auprès du Dauphin, le futur Louis VI. Il en est élu abbé en 1122 et va la doter de la basilique, future nécropole des Capétiens, avant de tenir un rôle de plus en plus notable dans le Conseil du roi, le suivant dans ses expéditions militaires et accomplissant en son nom diverses missions diplomatiques. Son rayonnement sera par la suite considérable dans les domaines les plus divers (philosophie, politique, esthétique, etc.). A la mort de Louis VI, Suger garde son rôle de conseiller auprès de Louis VII, qui s’avère être un souverain plus conforme encore à ses souhaits. En 1147, alors que le souverain embarque avec la reine, Aliénor d’Aquitaine, pour la deuxième croisade, Suger se voit confier la régence (jusqu’en 1149). Mais la croisade sera un échec, et le roi, revenu brouillé avec son épouse, fera invalider le mariage - une des causes de la guerre de Cent Ans -, le royaume ayant été fort bien géré en son absence. A la mort de l’abbé Suger (13 janvier 1151 ), la monarchie, grâce à lui, a gagné en prestige. Ses Chroniques en deux tomes, dont le premier est dédié à Louis VI, tracent une vision assez juste de la monarchie.

Religieux et homme politique né à Saint-Omer vers 1081, mort à Saint-Denis en 1151. Il fut conseiller du roi Louis VI avec qui il avait été élevé. Supérieur de l’abbaye de Saint-Denis (1122), il devint ensuite l’homme de confiance de Louis VII et assura la régence lorsque celui-ci partit pour la croisade (1147-1149). N’hésitant pas à puiser dans le trésor de son monastère ou dans sa fortune personnelle, il parvint à couvrir les dépenses du royaume et celles de la croisade. Créant de nouvelles communes libérées du pouvoir des seigneurs, il affaiblit le pouvoir de ces derniers à l’avantage de celui du roi. Il veilla aussi à faire respecter la justice et mérita le nom de Père de la patrie. Il mourut alors qu’il s’apprêtait, à ses frais, à mettre sur pied une nouvelle croisade. On lui doit une Vie de Louis VI et une Vie de Louis VII.

SUGER. Historien français écrivant en latin. Né probablement à Saint-Denis ou à Argenteuil, en 1081; mort le 13 janvier 1151. Suger était — il le déclare lui-même — de très humble origine. Dès 1091, il est placé par son père, Helinand, à l’abbaye de Saint-Denis, puis fréquente pendant dix ans, peut-être de 1094 à 1104, l’école du prieuré de l’Estrée. C’est là, semble-t-il, qu’il fit la connaissance du prince Louis, fils de Philippe Ier roi de France, né la même année que Suger et qui devait être associé dès 1098 au trône avec le titre de défenseur du royaume. En 1104, Suger se trouve déjà au côté du prince Louis venu prendre possession du château de Montlhéry. Cependant Suger poursuivait ses études, probablement au monastère de Marmoutier, assistait au concile de Poitiers (1106) et devant le pape Pascal II défendait les privilèges de l’abbaye de Saint-Denis. Attaché à cette abbaye, en qualité d’adjoint de l’abbé Adam (1107), Suger s’initia au maniement des affaires. Louis, devenu roi sous le nom de Louis VI, utilisa bientôt les talents de son ami. Chargé d’affaires du roi au concile de Latran (mars 1122), il fut envoyé pour saluer le pape Gélase II à Maguelonne en 1118, puis à Rome auprès de Calixte II, et participa au concile général de Latran (1123), enfin à la diète de Mayence qui élut comme empereur Lothaire. Suger n’était point encore prêtre, il fut cependant choisi en mars 1122 par les moines de Saint-Denis à la place de l’abbé Adam qui venait de mourir. Cette élection n’alla pas sans difficultés, Louis VI n’ayant pas été consulté. Il n’en voulut naturellement pas à son ami et vint en personne l’accueillir à Saint-Denis lors de son retour de Rome. Le 11 mars 1122, Suger est ordonné prêtre et le lendemain intronisé comme abbé. D’abord tout occupé des affaires de l’État, Suger négligea quelque peu cette abbaye, qui était alors en pleine décadence, matérielle et morale, au point de s’attirer de véhéments reproches de la part de saint Bernard. Néanmoins, dès 1127, Suger commença à entreprendre les réformes nécessaires et ne parut plus à la cour qu’à l’occasion des grands événements qui se produisaient dans la famille royale. Son influence fut vive dans les débuts du règne de Louis VII, pendant lesquels il s’opposa au parti groupé autour de la reine mère Adélaïde et de Raoul de Vermandois, mais, ce dernier étant rentré en grâce, Suger se tint à l’écart et s’occupa activement de la réorganisation de son abbaye — c’est à cette époque qu’il fît entreprendre les travaux qui devaient faire de la basilique de Saint-Denis une des plus belles églises de France dans le nouveau style ogival. Quand Louis VII partit en croisade, on se tourna tout naturellement vers l’abbé de Saint-Denis pour lui confier la régence; il fallut cependant l’intervention du pape pour le forcer à accepter cette charge périlleuse qu’il exerça pendant deux ans, de 1147 à 1149. Nommé, par Louis VII, Père de la patrie, Suger, malgré une campagne de calomnies, se maintint au premier plan; il réussit à réconcilier Louis VII et Geoffroy Plantagenêt et dissuada le roi de rompre avec Êleonore d’Aquitaine. Suger n’avait pas été partisan de la croisade menée par Louis VII et dont les résultats furent d’ailleurs si infructueux, mais ému par la situation des Chrétiens en Orient et par le Siège d’Antioche, il leva des troupes à ses frais et allait conduire cette expédition en Terre Sainte lorsqu’il mourut. Outre la Vie du roi Louis VI, document irremplaçable sur la personnalité et le règne de ce roi qu’il connut de si près, Suger laissait les premières pages d’une Vie de Louis VII, un mémoire sur la consécration de l’église abbatiale de Saint-Denis, un autre sur son administration, des leçons tirées de la Vie de Louis VI, une importante correspondance politique dont il ne nous reste que des fragments, enfin son testament, daté de juin 1137. « Maigre et chétif, mais d’un esprit ferme et d’une âme ardente », Suger fut un homme d’action, l’un des plus remarquables de son temps. Très érudit, mais médiocre styliste, il rédigeait vite et sans soin. Outre la renaissance de Saint-Denis, on lui doit d’avoir créé là un véritable foyer de l’histoire de France. Il fit choisir dans les bibliothèques conventuelles des textes historiques et des documents appartenant à toutes les époques de la monarchie française, et les fit transcrire sur des cahiers de parchemin. C’est ce recueil — le premier en date — qui fut à l’origine des Chroniques royales, dites de Saint-Denis, en latin, elles-mêmes origine des Grandes chroniques de France, écrites plus tard en français. Nous possédons une Vie de Suger, écrite peu après sa mort par son collègue, le moine Guillaume, et une encyclique sur le même sujet, qui fut envoyée de Saint-Denis pour notifier la mort de l’abbé.

Suger (v. 1081-1151) ; abbé de Saint-Denis [1122-1151].

Né dans une famille modeste de la région de Saint-Denis, S. est voué à l’abbaye dès 1091. Il va à l’école du prieuré de l’Estrée à Saint-Denis où il a comme condisciple le prince Louis, fils de Philippe Ier. Il est envoyé ensuite dans une abbaye du centre de la France pour finir ses études. Rentré en 1106, il fréquente les maîtres parisiens et bientôt la cour royale. Il accompagne alors l’abbé de Saint-Denis dans diverses missions ; il assiste à l’entrevue entre le pape et les envoyés de l’Empereur (1107). Il est envoyé ensuite rétablir l’ordre dans les prieurés de Berneval en Normandie puis de Toury où il a maille à partir avec les sires du Puiset. Quand Louis VI devient roi, S. devient naturellement son conseiller, l’accompagne dans ses expéditions militaires et est chargé des missions délicates. Il est élu abbé de Saint-Denis le 12 mars 1122. Très occupé par ailleurs au service du roi, c’est en 1127 qu’il commence la réforme de son abbaye, réorganise les domaines de celle-ci et commence les premiers travaux d’architecture. À partir de 1130, il fait reconstruire l’église. À la mort de Louis VI (1137), S. devient conseiller du jeune Louis VII dont il avait négocié le mariage avec Aliénor d’Aquitaine. Quand le roi part en croisade, S. exerce la régence (1146). Au retour du roi, S. reste son conseiller jusqu’à sa mort. S. nous a laissé plusieurs ouvrages qui nous font connaître, non sans complaisance ni vanité, sa vie et son action dans les détails. Il écrit entre 1137 et 1144 une Vie de Louis le Gros, qui idéalise Louis VI (présenté comme modèle à son fils) et grossit son propre rôle, renvoyant dans l’ombre le clan de ses rivaux Garlande. Dans le Liber de rebus in administratione sua gestis, il expose les résultats de l’administration du monastère sous sa férule. Déjà évoqué dans le Liber de rebus, la construction de l’abbatiale est le sujet du De consecratione ecclesie sancti Dionisii. On a aussi conservé vingt-six lettres et treize chartes de S., dont son testament.

Bibliographie : Michel Bur, Suger, abbé de Saint-Denis, régent de France, 1991.




Moine français. De famille pauvre, placé à l'abbaye de Saint-Denis comme oblat vers l'âge de dix ans, il fut élevé par les moines en compagnie du futur roi Louis VI, dont il resta le conseiller. Il devint ainsi le familier du palais royal, accomplit pour Louis VI une importante mission auprès des papes Gélase II et Calixte II, puis fut élu abbé de Saint-Denis en 1122. Il veilla sur l'éducation du futur Louis VII, et, quand celui-ci, devenu roi, partit pour la deuxième croisade, Suger se vit confier la régence du royaume (1147/49). Il travailla au renforcement de l'autorité royale, à l'amélioration de la justice, et poussa les deux souverains dont il fut l'ami à encourager le mouvement communal, pour peu qu'il ne se développât pas dans les villes de leur domaine. Il fit reconstruire la basilique carolingienne de Saint-Denis, consacrée en 1144, dont le chevet est considéré comme le premier chef-d'oeuvre de l'architecture gothique.


SUGER (Saint-Denis ou Argenteuil, v. 1081-Saint-Denis, 1151). Moine français. Conseiller des rois de France Louis VI et Louis VII et abbé de Saint-Denis, il fut un grand défenseur de l'autorité monarchique. Elevé par les moines de l'abbaye de Saint-Denis en compagnie du futur Louis VI, il assura la régence lors du départ de Louis VII pour la deuxième croisade (1147-1149). Il fit reconstruire l'abbaye de Saint-Denis (1144), premier grand monument de l'art gothique et écrivit en latin plusieurs ouvrages, notamment une Histoire de Louis le Gros.

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