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STOÏCIEN / STOÏCISME




L'ancien stoïcisme s'est surtout appliqué à définir la vie spirituelle à son degré le plus haut, chez le sage. Il était plus enclin à poser des principes qu'à en déduire des applications. Il n'est pas entré dans les détails de la vie pratique. Le seul texte que nous possédions des anciens stoïciens est l'Hymne à Zeus, de Cléanthe, monument de la religiosité païenne. L'ensemble de leurs œuvres s'est perdu. Mais nous en connaissons quelque chose par Cicéron, Plutarque et Diogène Laërce. Le stoïcisme originel est une philosophie totale. Il définit la philosophie comme «la science des choses divines et humaines». Il se présente comme un système dont l'unité a été traduite par des images célèbres, celle de l'œuf, par exemple, dont la coquille est la Logique, le blanc l'Éthique et le jaune la Physique. La Logique fait une grande place au Logos, à la fois langage et raison. Elle est sensualiste et nominaliste au départ. Mais elle fait la part de l'activité de l'esprit qui va élaborer les premières données. En accordant son assentiment à la sensation, il saisit l'existence de l'objet, puis, avec la «représentation compréhensive», il forme des idées générales. Enfin, il élabore la science, qui est un savoir systématique. La philosophie de la nature des stoïciens présente le monde et Dieu comme deux aspects d'une même réalité. L'univers a une unité profonde. Il est dominé et organisé par un principe matériel et intelligent, partout présent, toujours actif. Le monde a une armature rationnelle, le destin, enchaînement inflexible des causes. Dans le monde, se manifeste la volonté d'un être intelligent et bon : une providence anime le monde. Les stoïciens sont très fortement finalistes : pour eux, le monde est vivant. Ils croient à l'Éternel Retour. Dans ce monde, l'homme, seul être raisonnable, a une place d'honneur et de responsabilité. En morale, le stoïcisme a souvent été représenté comme une doctrine de l'acceptation et de la résignation. En réalité, les stoïciens ont lutté contre l'argument paresseux, qui fonde sur la fatalité du futur une attitude de démission et d'irresponsabilité. Par l'assentiment, qui est en son pouvoir, l'homme peut coopérer à l'ordre rationnel du monde, identifier son vouloir à l'ordre des choses. La sagesse est dans l'accord avec la nature. Pour l'homme, la fin suprême est l'accord de soi avec soi, l'unification de la vie et de la personne sous la règle de la raison. La vertu suffit au bonheur. Vie et mort, santé et maladie, pauvreté et richesse sont indifférentes. La passion est une maladie de l'âme ; elle la trouble. La vertu repose sur l'absence de passion (l'apathie). Elle implique la maîtrise de la volonté et du jugement pour accepter le destin. L'idéal du sage est difficile à atteindre, et peut-être inaccessible. C'est pourtant dans cette voie qu'il faut marcher. Le maître est, à cet égard, un guide, un directeur de conscience. Chez Panetius, le stoïcisme s'est développé comme une morale pratique ; et Posidonius lui a donné une vive impulsion vers la religion et vers la science. Au IIe siècle après Jésus-Christ, les consciences étaient désemparées et inquiètes. Le scepticisme prévalait. Le problème qui s'imposait était celui d'éclairer les consciences et de fournir un aliment à la vie morale. Les stoïciens de cette époque se sont moins intéressés aux problèmes théoriques ; ils ont surtout insisté sur l'existence de Dieu et de la Providence et ils ont cherché par leurs conseils à nourrir la vie spirituelle. La vertu romaine et la vertu stoïcienne ont, alors, formé un amalgame. Le stoïcisme est devenu de plus en plus une règle de vie, une direction de conscience. Il a donné des œuvres comme les Lettres à Lucilius de Sénèque, les diatribes d'Épictète et les examens de conscience de Marc Aurèle.


stoïcisme

Doctrine philosophique enseignée vers 300 av. J.-C. à Athènes par Zénon et appelée « école du Portique ».
Commentaire
Le stoïcisme tire son nom du portique Poecile (stoa poikilé) de l'Agora, où se tenaient les enseignements du maître. Il préconise le calme en toute circonstance, F homme ne devant se laisser troubler par rien. Tout ce qui ne dépend pas de lui, la maladie ou la santé par exemple, il doit F admettre sans un mot, comme un fait naturel et banal. Son « devoir » consiste à s'intégrer au monde, à en accepter la Providence divine. D'où l'image de la dignité stoïcienne face à une adversité inscrite dans le cours naturel des choses. Cette philosophie compte parmi ses adeptes Sénèque, Épictète et Marc-Aurèle.
Citations
Philaminte. La morale a des traits dont mon cœur est épris, Et c'était autrefois l’amour des grands esprits ; Mais aux stoïciens je donne l’avantage, Et ne trouve rien de si beau que leur sage. (Molière, les Femmes savantes, acte III, sc. 2.) Il faut devenir stoïque quand on vit dans les tristes époques où nous sommes. (Gustave Flaubert, Correspondance, « lettre à Louise Colet », 26 avril 1853.)
Du grec stoa, « portique » (préau d'Athènes sous lequel Zénon de Cittium, fondateur du stoïcisme, dispensait son enseignement). Doctrine philosophique qui s’appuie sur une vision panthéiste et strictement déterministe de la nature : mûs par une raison souveraine (le logos divin), les êtres et les choses y sont en étroite sympathie. Aussi la morale stoïcienne commande-t-elle aux hommes de « vivre conformément à la nature ». C’est en réglant leurs désirs sur l’ordre du monde qu’ils atteindront la liberté et la paix de l’âme (l'ataraxie).
• On distingue trois périodes dans le stoïcisme : l'ancien stoïcisme, représenté par Zénon de Cittium, qui fonda l'école du Portique vers 300 avant J.-C., le moyen stoïcisme (IIe - ler siècles avant J.-C.) et le stoïcisme impérial (ler - lle siècles après J.-C.), dont les figures majeures sont Épictète, Sénèque et Marc Aurèle.


Stoïcisme
Doctrine du philosophe grec Zénon de Citium (336-264 av. J.-C.) et de ses disciples. C’est un système philosophique complet dont la partie la plus connue est la morale. Celle-ci place la sagesse dans le respect de la nature (cf. Nature, 1) avec lequel se confond la raison, et valorise la lucidité et la maîtrise de soi. Le stoïcisme a été «essayé» par Montaigne (Essais), critiqué par Pascal (Pensées) et loué par Vigny (Les Destinées).


STOÏCIEN (n. et adj.) 1. — (Sens propre) Philosophe de l’Ant. appartenant à l’école stoïcienne. 2. — (Par ext.) Se dit de tout homme qui ressemble au sage stoïcien, et (en part.) qui est indifférent à la douleur et aux malheurs. STOÏCISME. Doctrine philosophique créée par un philosophe grec, Zénon, vers 300 av. J.-C. Le stoïcisme enseignait qu'on ne pouvait atteindre le bonheur que dans la vertu et que celle-ci ne s'obtenait qu'en dominant les passions qui font de l'homme un esclave. La vertu consistait donc à accepter l'ordre des choses. Aujourd'hui, l'on dit d'une personne qu'elle est stoïque lorsqu'elle manifeste une grande fermeté d'âme devant la souffrance ou les malheurs. Voir Épicurisme, Marc-Aurèle, Sénèque.


STOÏCISME - STOÏCIENS - STOÏQUE 1. Ecole philosophique de la Grèce antique (Zénon, IVe siècle av. J.-C.) qui s’est propagée à Rome (Sénèque, Marc Aurèle, Ier et IIe siècle ap. J.-C.). Doctrine centrée sur la thèse que le sage atteint la paix de l’âme en se rendant impassible devant la douleur, et les maux de la vie. (Les stoïciens furent parfois héroïques dans leur comportement). 2. L’adjectif stoïque évoque l’attitude des stoïciens puisqu’il définit une attitude courageuse dans le malheur (il a été stoïque dans la douleur).


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