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spleen

spleen

Angoisse et mélancolie baudelairiennes.

Commentaire Emprunté à l'anglais, le mot « spleen », introduit dans la langue française par Baudelaire, traduit bien le désespoir mêlé de fatigue qui transparaît dans certains poèmes des Fleurs du mal. Si le « mal du siècle » des contemporains de Musset avait une origine historique (la défaite de Napoléon qui privait d'idéal la jeune génération), le spleen est une angoisse beaucoup plus moderne, une dépression sans cause clairement identifiable et, surtout, sans remède. Mal indéfinissable, il ne peut être évoqué qu'indirectement, à travers métaphores ou comparaisons.

Exemple Esprit vaincu, fourbu ! Pour toi, vieux maraudeur, L’amour n’a plus de goût, non plus que la dispute ; Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte ! Plaisirs, ne tentez plus un cœur sombre et boudeur ! (Charles Baudelaire, les Fleurs du mal, « Spleen et Idéal », LXXX.)

SPLEEN, n. m. (mot anglais qui signifie «rate», lieu où l’on situait jadis les «humeurs noires»). Mélancolie, vague à l’âme, ennui profond, neurasthénie. J’ai le spleen. Avec Baudelaire, qui oppose les élans de l'Idéal aux désillusions qu’apporte le monde réel, le mot spleen prend un sens profond, quasi pathologique, de «mal de vivre», dégoût de tout, désespoir, angoisse atroce.

SPLEEN nom masc. - Forme de mélancolie caractéristique de l’univers de Baudelaire. ÉTYM. : de spleen, mot qui, en anglais, désigne la « rate ». Pour l’ancienne médecine, notre tempérament était déterminé par un certain nombre de liquides circulant dans l’organisme. Ces liquides étaient appelés des humeurs. Le mélancolique était celui chez qui prédominait l’« humeur noire » (sécrétée par la rate). On est donc passé de « rate » à « humeur noire », puis à « chagrin », « mélancolie ». Le spleen est le mal du siècle façon Baudelaire ; il se caractérise par l’angoisse métaphysique (le sentiment du gouffre) et ne peut être envisagé séparément du postulat opposé : l’Idéal. Baudelaire s’est véritablement approprié ce terme si bien qu’il n’est pas possible de l’évoquer sans se référer à son oeuvre. Il a été cependant utilisé avant et après lui. Voltaire et Diderot l’emploient (en l’orthographiant parfois splene ou splin). À la fin du XIXe siècle, Jules Laforgue, comme Baudelaire l’avait fait à plusieurs reprises, écrit un poème intitulé « Spleen ».

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