SOLON
Homme politique athénien. Après avoir réussi à reprendre Salamine aux Mégariens (vers 612), Solon fut élu archonte en 594 et investi, sans doute, des pouvoirs exceptionnels d'un législateur. Il entreprit une vaste réforme sociale et, selon les théoriciens du IVe s. av. J.-C., politique : suppression du servage pour dettes, abolition des dettes et arrachage des bornes hypothécaires pour faire cesser la dépendance des paysans à l'égard de l'aristocratie des grands propriétaires (Eupatrides), comme salarié (thète) ou « sizenier » (hectémore, métayer qui ne conservait qu'une partie de la récolte), et de l'esclavage. Dans le domaine politique, on lui attribue la répartition du peuple athénien en quatre classes censitaires, toutes ayant cependant le droit de vote et l'accès au tribunal de l'héliée, qu'il avait institué. Il aurait réformé également le système monétaire et engagé Athènes dans le grand commerce maritime. Pisistrate, dont Solon se méfiait, continua cependant son oeuvre. Solon fut mis au nombre des Sept Sages de la Grèce.
Solon (v. 640-v. 560 av. J.-C.); homme d’État et législateur athénien.
Si Lycurgue, le législateur de Sparte, appartient plutôt à la légende, S., lui, un des Sept Sages de la Grèce, est un personnage historique, même s’il est difficile de « dégager sa figure réelle de l’image que les Athéniens de la fin du Ve et du IVe siècle ont forgée à partir d’un ensemble de traditions, mais aussi de leurs préoccupations du moment ». Dans ses Élégies, S., voyageur et commerçant, issu de parents aristocrates mais à la fortune modeste, chargé en 594/593, en qualité d’archonte, de refondre les lois et la Constitution, décrit les menaces et les risques de discorde et de guerre civile - la stasis -qui pèsent sur la cité. En effet, à la fin du viie siècle, Athènes, comme les autres cités, Égine, Mégare et Corinthe, doit faire face à des troubles internes. Des groupes sociaux s’affrontent : aristocrates contre dèmos devenu puissant grâce à la révolution hoplitique ; endettement des petits cultivateurs et développement des antiques commerçants. Mais à la différence de ce qui se passait dans les cités voisines, aucun tyran à Athènes ne s’est posé en défenseur des opprimés. La première réforme, mal connue dans ses détails, entreprise par S. est la sei-sachtheia, « la levée du fardeau ». Il s’agit d’un ensemble de dispositions qui visent à libérer de la servitude pour dettes ceux qui, en Attique, étaient devenus dépendants (les bornes qui affichaient sur la terre la marque de cette dépendance sont arrachées) et à rapatrier ceux qui avaient été vendus à l’extérieur comme esclaves. Désormais sont interdites la contrainte par corps et la servitude pour dettes. Cette remise de dettes étant faite, S. se refuse de céder à ceux qui demandent un partage égalitaire des terres ou qui réclament une aide particulière aux paysans. Peut-être - cela est discuté - a-t-il engagé des réformes économiques destinées à favoriser l’artisanat, le commerce et l’agriculture, et à réformer les poids et mesures. D’autres lois lui sont également attribuées qui auraient constitué une sorte de code que tous pouvaient connaître : lois sur le luxe, la moralité, l’adoption, confirmation des lois criminelles de Dracon (fin VIIe), fixation des dépenses pour les sacrifices. Enfin des réformes institutionnelles auraient été engagées par S., réformes dont la réalité est contestée par certains historiens pour qui elles sont plus tardives. Ce serait la création de la Boulé, un conseil de quatre cents membres choisis par tirage au sort (plutôt une invention de la fin du Ve siècle), la répartition du corps des citoyens en quatre classes censitaires dont les trois premières (Pentacosiomédimnes, Hippeis, Zeugites) ont accès aux magistratures tandis que la quatrième (celle des Thètes) a seulement le droit de participer à l’assemblée et aux tribunaux, la création d’un tribunal populaire, l'Héliée, ouvert à tous et la possibilité donnée à chacun d’intervenir en justice. « J’ai rédigé, lui fait dire Aristote, des lois égales pour le bon et pour le méchant, composant pour chacun une droite justice. » Les réformes de S. déçoivent une partie du dèmos et mécontentent l’aristocratie. Dès 590/589, les troubles reprennent. Mais S. avait rendu possible, en affirmant l’égalité de tous devant la loi, la démocratie athénienne.
Solon (v. 640-après 561 av. J.-C.). Homme d'État et poète athénien. Né à Athènes dans une famille eupatride, il écrivit des poèmes élégiaques et iambiques pour faire connaître et justifier les mesures politiques qu'il avait prises. Pour les historiens grecs postérieurs, ses poèmes étaient la principale source d'informations sur la crise économique et sociale à laquelle il tenta de remédier. Ayant acquis à Athènes la réputation de bon conseiller lors de la guerre contre Mégare pour la possession de Salamine, il fut élu archonte en 594-593. Athènes était alors au bord de la guerre civile, en grande partie en raison d'un système agraire qui enrichissait les propriétaires fonciers et réduisait les pauvres à la misère, et parfois même à l'esclavage. Les réformes de Solon, pleines de sagesse et d'humanité, n'empêchèrent pas l'introduction d'une tyrannie, mais elles la retardèrent, et l'on peut penser qu'elles ont produit le cadre constitutionnel qui facilita plus tard le passage à la démocratie. Dans beaucoup de sociétés archaïques, et notamment à Athènes, vendre un homme comme esclave si la vente de ses biens n'avait pas suffi à couvrir ses dettes (voir esclavage) était une pratique admise. De nombreux Athéniens, incapables de rembourser leurs dettes, avaient de la sorte été vendus comme esclaves en dehors des frontières de l'Attique, ou avaient été contraints de s'enfuir pour éviter ce sort ; ou encore ils étaient demeurés en Attique asservis à leurs créanciers : ces gens sont peut-être ceux qu'on appelle « hectémores », «sizeniers», mot difficile à interpréter, et qui signifie peut-être qu'ils devaient livrer à leur créancier le sixième de leur production (hektos signifie « sixième»). Les deux principales mesures prises par Solon pour soulager la misère des paysans sont la suppression de toutes les dettes garanties sur la terre ou la liberté; c'est ce qu'on appelle la seisachtheia, «libération des dettes» (de seiô, secouer, et achthos, «fardeau»); et l'interdiction, à l'avenir, de toute créance garantie sur la personne du débiteur. Cependant il ne procéda pas à une redistribution des terres, comme l'avaient espéré certains des citoyens les plus pauvres, et on le lui reprocha. On lui attribue, peut-être à tort, d'autres réformes économiques : l'introduction d'un système proprement attique de monnaies, de poids et de mesures (voir monnaie), l'interdiction d'exporter aucune production agricole excepté les olives (il obligeait ainsi les riches propriétaires à réserver à la consommation intérieure de l'Attique le surplus de leur production de blé, qu'auparavant ils vendaient à l'étranger), et l'octroi du droit de cité à des artisans étrangers, afin de renforcer l'artisanat. Solon introduisit aussi un code de lois moins sévère : il abolit toutes les lois de Dra-con, excepté les lois sur l'homicide. Sa grande réforme institutionnelle consista à établir, pour la participation à la vie politique, une hiérarchie fondée non plus sur la naissance mais sur la richesse : il brisait ainsi le monopole héréditaire du pouvoir que détenaient les Eupatrides (le nombre des hommes en droit de briguer les plus hautes magistratures fut considérablement augmenté, peut-être doublé). Désormais les neuf archontes seraient élus parmi les citoyens les plus riches, qu'ils soient ou non de naissance noble ; les citoyens appartenant aux classes intermédiaires détiendraient des charges moins importantes ; les citoyens de la dernière classe, les plus pauvres, se borneraient à voter à Rassemblée (voir ekklêsia), dont il faisait aussi une cour d'appel pour les décisions des magistrats. Les membres des quatre classes soloniennes sont appelés (en ordre descendant) pentakosiomedim-noi, « pentacosiomédimnes », ceux dont le revenu annuel, en mesures de blé, n'est pas inférieur à 500 médimnes (voir poids et mesures) ; les hippeis, « cavaliers » (voir chevaux) ; les zeu-gitai, «zeugites», assez riches pour entretenir un attelage (zugon, «joug») de boeufs, classe qui est celle des hoplites; enfin les thêtes, «thètes», ouvriers agricoles libres mais dépourvus de terres. Après leur année de charge, les archontes entraient à l'Aréopage ; en sorte que la composition de ce conseil, jusque-là exclusivement eupa-tride, allait peu à peu $e modifier. Solon institua un second conseil, une boulé de 400 membres, 100 pour chacune des quatre tribus, tous élus annuellement. Selon Plutarque, la boulé du temps de Solon était une assemblée délibérative qui examinait les questions en cours avant qu'elles fussent soumises à l'assemblée du peuple qui en décidait (voir Clisthène). Enfin Solon modifia les fonctions de l'assemblée, mais la portée du changement nous échappe. Certains écrivains postérieurs racontent qu'après avoir institué ces réformes Solon voyagea pendant dix ans à l'étranger, notamment à Chypre et en Égypte (mais il est chronologiquement à peu près impossible qu'il ait rencontré Crésus en Lydie, comme le veut la légende). À son retour à Athènes, il trouva la cité déchirée par les luttes civiles et il vécut assez pour voir Pisis-trate se faire voter une garde du corps, premier pas vers la tyrannie. C'est en vers que Solon exprime ses idées et les raisons qui fondent ses réformes — en fait, sa philosophie morale. Son éloge poétique de l'Eunomia, du «bon ordre», concerne l'idée de justice tout autant que ses applications pratiques. Dans une réponse célèbre au poète Mimnerme, qui voulait mourir à l'âge de soixante ans, Solon déclara qu'il valait mieux, pour le poète, mourir à quatre-vingts ans. Il faut sans doute, pour comprendre cette réponse, évoquer un autre vers célèbre, par lequel Solon affirme que, même en vieillissant, il continue d'apprendre, gêraskô d'aieipolla didaskomenos.
SOLON (v. 640-v. 558 av. J.-C.). Célèbre législateur athénien. Ses réformes marquèrent une étape importante vers la démocratie athénienne. Il fit abolir les dettes des paysans et libéra ceux que leur endettement avait réduits en esclavage. Il répartit les citoyens en quatre classes selon leur fortune mais donna à tous les citoyens le droit de vote à l'Ecclésia et autorisa leur participation au tribunal de l'Héliée. Ses décisions ont affaibli les pouvoirs de l'aristocratie mais, en réservant aux deux premières classes les hautes fonctions de la cité, il a remplacé le privilège de la naissance par celui de la fortune. La politique de Solon fut suivie et respectée par le tyran Pisitrate. Mais ce fut Clisthène qui établit la démocratie. Voir Dracon, Eupatrides, Périclès.