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SILÉSIE, en allemand Schlesien, en polonais

Région d'Europe centrale, située à l'E. des monts de Bohême et baignée par l'Oder. Elle doit son nom aux Silingae, peuple germanique de la famille des Vandales qui était établi dans ce pays avant les Grandes Invasions. Après leur départ vers l'Ouest, la Silésie fut occupée par des Slaves (vers 500), fit partie de la Grande-Moravie, puis, à partir des dernières années du Xe s., de la Pologne. Grâce à la protection de l'empereur Frédéric Ier Barberousse, diverses principautés, gouvernées par des membres de la famille polonaise des Piast, se constituèrent en Silésie (1163), mais les discordes entre les Piast silésiens favorisèrent les ambitions de la Bohême, dont la suzeraineté fut étendue sur la Silésie presque tout entière dès 1327. Après l'accession des Habsbourg au trône de Bohême (1526), la Silésie devint en fait une province autrichienne, bien que diverses principautés Piast (Liegnitz, Brieg, Wohlau) eussent subsisté jusqu'en 1675. La Réforme fit en Silésie de nombreuses conversions, et le problème religieux fut une source de difficultés avec les Habsbourg catholiques. La Prusse devait profiter de cette situation : à la mort de l'empereur Charles VI, le roi de Prusse Frédéric II fit valoir les droits que les Hohenzollern prétendaient tenir sur la Silésie d'une donation faite en 1537 à l'Électeur de Brandebourg par le duc de Liegnitz, en cas d'extinction de sa dynastie. Envahissant brusquement la Silésie (déc. 1740), Frédéric, allié de la France, bouscula les Autrichiens à Mollwitz (10 avr. 1741) et Chotusitz (17 mai 1742) : cette première guerre de Silésie (1740/42) se termina par le traité de Berlin (28 juill. 1742), qui donnait à la Prusse toute la Silésie jusqu'à l'Oppa, ainsi que le comté de Glatz. Après la deuxième guerre de Silésie (1744/45), la possession de cette province fut confirmée à Frédéric par la paix de Dresde (25 déc. 1745), mais l'Autriche ne pouvait se résoudre définitivement à sa perte. La troisième guerre de Silésie (1756/63), qui s'insère dans le cadre général de la guerre de Sept Ans, se termina par l'annexion définitive de la Silésie à la Prusse, l'Autriche ne gardant que la Silésie autrichienne (les régions de Troppau et de Teschen). Agrandie en 1815 de la plus grande partie de la Haute-Lusace saxonne, la Silésie devint, à la fin du XIXe s., une des plus importantes régions industrielles de l'Europe. À la suite des traités de Versailles et de Saint-Germain (1919/20), la plus grande partie de l'ancienne Silésie autrichienne, avec Troppau, fut attribuée à la Tchécoslovaquie. Par ailleurs, la Pologne revendiquait la Haute-Silésie, autour de Katowice, à laquelle son bassin houiller et ses industries lourdes et chimiques donnaient un grand prix. Malgré le plébiscite du 20 mars 1921 qui fut favorable à l'Allemagne à une majorité de 60 % contre 40 % à la Pologne, celle-ci obtint un partage de la Haute-Silésie (oct. 1921) et reçut la partie la plus riche, avec Katowice. À la suite des accords de Munich (sept. 1938), la Silésie tchécoslovaque fut rattachée à l'Allemagne, en même temps que le pays des Sudètes. En 1939, après sa victoire en Pologne, le Reich réannexa toute la Haute-Silésie. Conquise par l'Armée rouge de janv. à avr. 1945, la Silésie fut attribuée à la Pologne par la conférence de Potsdam (juill./août 1945).

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