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SAGESSE / SAGACITÉ / SAGE

SAGACITÉ, n.f. (lat. sagacitas « finesse », « délicatesse des sens ou de l’esprit »). Qualité de l’esprit qui, grâce à des indices légers, trouve rapidement le chemin de la vérité.

SAGACITÉ, n.f. Pénétration d’esprit, perspicacité. La sagacité est une forme de clairvoyance par laquelle, à l’aide de simples indices, on devine l’essentiel des choses. La sagacité de son jugement. Une critique sagace.

SAGE. n.m. et adj. (lat. sapere « avoir du goût », « avoir de la raison », « savoir».) Un très grand mot, cher au philosophe, dont il est l’idéal. ♦ 1° À l’origine, le sage est celui qui sait, le savant, l’homme qui a de grandes connaissances, mais aussi l'homme habile. Les premiers philosophes ont ambitionné le savoir total. ♦ 2° Celui qui trouve, dans la connaissance, une lumière pour la conduite de sa vie, une estimation exacte des biens et des maux, une conception du bonheur. — La philosophie ancienne s'est donné des modèles de sages. Le sage stoïcien, parfaitement maître de lui, de ses affections, de ses passions, est l’un des plus connus. Le vrai sage est, d’ailleurs, chez les stoïciens, un être rare, exceptionnel, qui domine l’humanité moyenne et peut la surprendre par ses jugements. Cette grande conception du sage qui sait et qui, par son savoir, éclaire son action, se trouve exprimée par saint Thomas d’Aquin {Somme théologique Ia q. 1, a.6) : « S’il s’agit de construction, l’homme de l’art qui à disposé les plans de la maison mérite le titre de sage (...). S’il s’agit de la vie humaine dans son ensemble, l’homme prudent sera appelé sage du fait qu'il ordonne les actes humains vers la fin qu’ils doivent atteindre (...). Celui-là donc qui considère purement et simplement la cause suprême de l’univers, qui est Dieu, mérite, par excellence, le nom de sage. » Pour Hegel, le sage est celui qui parvient au discours philosophique achevé, ce qu’il espère avoir fait. ♦ 3° Aujourd'hui, le sage est un homme qui fait preuve, dans ses jugements, de discernement, de rectitude et d'expérience, dans ses actions de mesure et de prudence. ♦ 4° Utilisé comme adjectif, « sage » s'applique : a) À la personne qui a les qualités ci-dessus énoncées ; b) Aux jugements et aux avis marqués par la réflexion, l’expérience, la mesure ; c) Aux enfants dociles dont le comportement satisfait les parents et les maîtres. Le sens très fort de « sage » tend à s’affaiblir. Il ne peut rester riche que dans la mesure où reste riche, vivante et aimée la notion de sagesse.

SAGESSE, n.f. ♦ 1° C’est l'objet même du travail du philosophe, qui la cherche et l'aime sans prétendre pouvoir l'atteindre absolument. C'est, d'une part, la connaissance totale, théorique et pratique, d’autre part, le savoir éclairant la vie et permettant d'atteindre le bonheur. Telle était la conception des Anciens. Les stoïciens, surtout les Romains, ont fait prévaloir l’idée de vertu sur celle de science dans leur conception de la sagesse. Cicéron la définit : « Divinarum humanarumque rerum scientia (la science des choses divines et humaines) » (De finibus). On lit, dans les Principes de la philosophie de Descartes : « Par la sagesse, on n’entend pas seulement la prudence dans les affaires, mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l'homme peut savoir, tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et l'invention de tous les arts. » « Afin que cette connaissance soit telle, il est nécessaire qu’elle soit déduite des premières causes en sorte que, pour étudier à l'acquérir, ce qui se nomme proprement philosopher, il faut commencer par la recherche de ces premières causes, c'est-à-dire des principes. » ♦ 2° Dans la Bible, l'idée de sagesse tient une immense place. C’est le Seigneur qui fait don de la Sagesse. À mesure qu’on avance, la Sagesse apparaît de plus en plus non comme une qualité de l’homme ou un don du Seigneur, mais comme Quelqu’un qui a précédé l'œuvre créatrice et y a participé. Dans le livre de la Sagesse, elle est assimilée à l'esprit du Seigneur qui remplit l’univers. Dans l’Évangile de saint Jean, le prologue attribue au Verbe les traits de la Sagesse identifiée à la Parole créatrice. (V. « Logos ».) Dans la théologie catholique, la sagesse est un don du Saint-Esprit qui permet de comprendre et de goûter les vérités de la foi. ♦ 3° Cet enseignement est présent dans la pensée de philosophes comme saint Augustin et Malebranche. Pour saint Augustin, c'est le « Maître intérieur » qui l’éclaire. Pour Malebranche (Traité de la nature et de la grâce), les hommes sont raisonnables parce qu'ils sont éclairés par la Sagesse éternelle. ♦ 4° On dévalue la sagesse, dans le vocabulaire contemporain, quand on en fait simplement un discernement fondé sur la réflexion et l'expérience, la mesure et la prudence dans l'action, le gouvernement de la sensibilité par la raison ou le bon sens. Louis Lavelle lui a conservé un sens riche et la valeur d'une vertu : « Science de la vie spirituelle », « vertu de l'intelligence et de la volonté » (l'Erreur de Narcisse).

SAGESSE, n. f. Sens philosophique (ou religieux) : idéal supérieur de vie fondé sur la connaissance et la recherche de la Vérité. Voir les mots Philosophie («amour de la sagesse») et Platonisme. La Sagesse est aussi la sagesse que donne l’Esprit, dans la tradition judéo-chrétienne. Selon Confucius, la sagesse, profondément vécue par un homme juste, répand l’ordre et la paix autour de lui. Sens moral (courant) : jugement équilibré et conduite faite de modération. Sens du discernement et mesure qui s’ensuit. Dans le mot sagesse, il y a toujours une association entre la capacité de l’esprit et la maîtrise de soi. L'enfant atteint la sagesse quand il a «l'âge de raison ». La morale traditionnelle distingue le héros, le sage et le saint. Ils sont censés illustrer trois degrés de la vie morale. Le héros a le courage, le sage a la vérité, le saint a l’amour (de Dieu). Certains personnages, dans l’Occident chrétien, sont censés illustrer ces trois vertus, le roi saint Louis par exemple. Un héros du récit de Camus, La Peste, a pour idéal de devenir un «saint sans Dieu».

SAGESSE (n. f.) 1. — (Ant., class.) Syn. savoir, science, philosophie : « Le propre du sage est de pouvoir fournir une démonstration sur certaines questions » (Aristote). 2. — Caractère du sage stoïcien : d’où, par ext. (sens vulg.), modération dans les désirs, dans la conduite. 3. — Syn. prudence : d’où, par ext. (sens vulg.), habileté, aptitude à bien mener sa vie. 4. — Sage : a) Syn. philosophe ; cf. sens 1. b) Pour les stoïciens : modèle du philosophe qui, par sa connaissance du monde, domine ses désirs et accepte le monde tel qu’il est ; d’où (sens vulg.) celui qui domine ses désirs, modéré, c) Syn. prudent, c.-à-d. celui qui, par une longue expérience a appris à bien se conduire en toutes circonstances. d) Caractère de ce qui provient de la sagesse : une sage décision.

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